𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒𝟏 | 𝐑𝐨𝐬𝐞

La vue embuée par les larmes qui s'agglutinent dans mes yeux, j'écoute Elijah poursuivre ses aveux, les lèvres tremblantes et le cœur prêt à lâcher sous l'intensité de ses battements.

    C'est faux. C'est forcément faux. Il... mon père ne peut pas être en vie.

    C'est impossible.

  — Tu mens, chuchoté-je en ressentant une perle humide rouler sur ma joue.

    Il secoue négativement la tête en m'observant de son regard noyé par la compassion et le regret.

  — J'aurais aimé, mais malheureusement ce n'est pas le cas, répond-il à voix basse. Ton père est toujours en vie, Rose.

    Là, j'ai la sensation de chuter de dix étages et de sentir mon corps s'écraser violemment sur le sol.

    Dix étages ? Je tombe de beaucoup plus haut.

    Même le ciel ne l'est pas assez pour décrire mon sentiment d'impuissance.

    Un sanglot s'échappe de mes lèvres tremblotantes. Je plaque ma main contre elles en fronçant les sourcils, le cœur en miettes et l'âme déchirée. J'ai l'impression d'être là, sans véritablement l'être. Comme si... j'étais allée loin. Très loin. Dans une réalité où mon père n'est pas un mafieux américain parti se réfugier dans un camp ennemi en Europe. Dans un univers où ma vie n'est pas synonyme de mensonges. Dans un endroit où... tout cela n'est que le fruit de mon imaginaire. Parce qu'à cet instant, j'ai tellement l'impression que mon existence se résume à une enveloppe charnelle vide de l'intérieur que je ne fais plus rien pour me persuader du contraire.

    Alors je pleure. Je souffre. Et j'endure. Comme je l'ai toujours fait.

  — Mais... commencé-je, pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il a simulé son décès ? ne puis-je m'empêcher de demander.

  — Pendant des années, il travaillait non seulement pour les Américains, mais il était également une taupe, celui qui balançait toutes les infos et les missions de ses collègues à mon père, m'apprend-il.

  — Ton... ton père ?

    Il acquiesce doucement :

  — Ouais, je suis le fils du leader du réseau italien, Emile  Amiratti, m'annonce-t-il dans un chuchotement presque inaudible.

    Je me lève, ne supportant plus d'être assise et fourre mes doigts dans mes cheveux en riant jaune.

  — Ce n'est pas possible, j'hallucine, prononcé-je en faisant les cent pas. Ça ne peut pas être vrai.

    Emile Amiratti. Ce type qu'Elijah souhaitait tuer de ses propres mains et qui était la cause de mon embarquement dans ses histoires. Je me demandais ce qu'il avait pu faire pour engendrer une colère et une rancœur pareille au tatoué, mais maintenant, tout prend son sens.

    Son ennemi est également son géniteur. L'homme qui l'a élevé, l'homme sans qui sa présence sur terre n'aurait jamais été possible. Il était la cible de sa propre progéniture.

  — Nos parents se sont connus bien avant que nous fassions partie de ce monde. À l'époque, mon père avait fui son pays d'origine, car son réseau était en péril et avait jeté son dévolu sur les États-Unis comme cachette. Il a donc changé son nom qui était Nicolo Amiratti pour Emile Keurton dans le seul but de faire profil bas. Puis il a rencontré le tien et ils sont rapidement devenus meilleurs amis. Tous les deux, ils ont fait les quatre cents coups, puis... il y a eu nous, finit-il en plongeant son regard dans le mien. Malgré le fait que les Américains étaient les adversaires les plus redoutables des Italiens, ils ont quand même tenu à leur complicité et ont désiré nous faire grandir ensemble.