Plus les heures passent, et plus je m'enfonce dans le trou que j'ai creusé moi-même. Je suis à la limite de toucher le fond.Ma vision se trouble crescendo tandis que mes hanches ne cessent de se balancer au rythme de la musique, tout l'espace qui m'entoure semble avoir disparu. C'est comme si j'étais seule sur la piste de danse. Seule au monde. Enfermée dans un cocon me permettant de m'isoler de la réalité, même si ce n'est que pour cinq pauvres minutes. Lorsque la situation me parait dure à supporter, je m'échappe. Je m'enfuis dans un autre univers dans lequel je me sens mieux jusqu'à mon retour dans celui-ci. Et revenir ici n'est pas ce que je préfère, c'est assez désagréable. Surtout quand ce n'est pas moi qui décide de le faire, mais que je suis contrainte d'accepter.
Je déteste ça.
Alors je vis même si je dois me contenter d'une bulle solitaire comme refuge. Les jeux de lumière m'aveuglent en m'ôtant presque la vue, mes oreilles bourdonnent, j'ai l'impression d'être loin. Très loin. Je ne saurais dire où, c'est assez complexe à décrire. Mais je ressens toutes ces sensations qui m'emportent jusqu'à l'extase. Le goût de l'alcool mélangé à la cerise anesthésie presque ma bouche à cause de mon excès de consommation. L'esprit voyageur, K. de Cigarettes After Sex berce ceux qui sont autour de moi tandis qu'elle résonne dans ma tête et fait écho jusque dans mon âme.
Soudain, je vacille et manque de m'étaler au sol devant tout le monde, mais miraculeusement, quelqu'un me rattrape de justesse. Je remercie vaguement la personne en fermant les yeux, le visage déformé par une grimace. Mon corps est très douloureux. J'ai l'impression que l'air s'alourdit et qu'elle compresse mon crâne dans le but de le faire exploser.
Je masse mes tempes, mon pouls pulse sous ma peau fine et pantelante pendant que je m'assois sur une chaise dans un coin, à l'écart. Je peine à respirer, il fait beaucoup trop chaud. Mon souffle tremblant fait vibrer ma lèvre inférieure tandis que j'enfouis mon visage dans mes paumes transpirantes.
Je ne compte plus les minutes que j'ai passé seule. Ma colocataire a disparu de la circulation en un claquement de doigts. Et malgré la pointe de culpabilité qui se mêle à la colère, je ne peux m'empêcher de lui en vouloir légèrement de m'avoir emmené ici. Je regrette tellement ma décision, et ce sentiment ne cesse de croitre. Je ne peux cependant pas la blâmer, car je suis la seule fautive. Je n'aurais pas dû accepter, je le savais. Et je l'ai quand même fait.
Plusieurs minutes plus tard, des éclairages bleus et rouges m'aveuglent presque en rendant ma rétine douloureuse. J'ai l'impression que ces foutus jeux de lumière ne s'arrêteront jamais. Soudain, la porte d'entrée s'ouvre avec violence, cela fait un tel fracas que tout le monde sursaute en se retournant d'un coup sec. La musique se coupe, et tout s'enchaine si vite que je n'ai pas le temps de réaliser ce qui se passe. Des hurlements résonnent de tous les côtés tandis que j'écarquille les yeux, ma vision troublée m'empêche de voir avec nettement, mais je suis quand même en mesure de remarquer les gyrophares bleus et rouges à travers les fenêtres de la fraternité, ainsi que les agents de police qui pénètrent à l'intérieur.
Certains étudiants se font passer les menottes, d'autres se confrontent aux forces de l'ordre – leur courage suicidaire est sûrement dû au taux d'alcool trop élevé qui circule dans leur sang -, mais la majorité se sauve en se bousculant avec violence, la précipitation, les force à devenir maladroits. Des cris de terreur se répercutent entre les murs. L'angoisse me noue la gorge, mes membres se mettent à trembler sous l'effet de la panique. Je me lève brusquement, mais la vodka que j'ai ingurgitée ne me permet pas d'être tout à fait consciente et de prendre la fuite. Tout ce que j'y gagne c'est d'être bousculée et de basculer en arrière. Tout mon poids s'écrase sur ma clavicule droite lorsque je tombe par terre.
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𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }
Lãng mạnIl n'avait plus aucun espoir, elle était sa dernière chance... Au sein de la criminalité, où le repenti est un péché, il y a lui. Elijah Keurton. Le Californien redouté de tous. Celui qui fait de l'ombre aux trafics, celui qui élimine les anomalies...