𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒𝟓 | 𝐄𝐥𝐢𝐣𝐚𝐡

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Ma clope coincée entre mon index et mon majeur, je tire dessus en contractant la mâchoire, les yeux rivés sur les immenses arbres enveloppés par la noirceur de la nuit. Ça doit faire vingt bonnes minutes que nous sommes tous les quatre dans ce van, à alimenter le silence pesant qui plane au-dessus de nos têtes, accaparés par nos pensées. Sur le siège d'en face, Memphis fait tressauter sa jambe si rapidement qu'il parvient presque à communiquer son angoisse. À côté de lui, Noah fixe un point inexistant dans le vide en ne se retenant pas de lâcher des soupirs toutes les trente secondes et sur ma droite, Rose ne dit rien. Elle se contente de triturer ses doigts avec nervosité.

    Un calme chiant s'éternise depuis notre départ du domaine, on appréhende tous les événements qui vont suivre. Personne n'est sur de revenir vivant de cette mission car c'est elle qui définira notre avenir et décidera de si, oui ou non, nos cœurs battront toujours d'ici quelques heures.

  — Alors ça y est, c'est aujourd'hui que des années de travail s'achèvent, murmure Noah en observant l'entreprise délabrée depuis l'intérieur du van.

    Je suis son regard en soufflant la fumée par la fenêtre ouverte. Elle ressemble à un fil de laine qui se déroulerait pour rejoindre les bois ténébreux. D'ici, la forêt semble avoir triplé de volume. Elle est immense, sans fin. Comme si l'obscurité jouait un rôle primaire à la variation de la dimension qu'elle prend lorsque la nuit tombe. C'est passionnant, mais aussi putain de flippant.

   Des milliers de scénarios se jouent dans mon esprit pendant que je ramène ma cigarette à mes lèvres. Tous plus macabres les uns que les autres. Certains d'entre nous entreront dans cet entrepôt sans peut-être ne jamais avoir l'opportunité d'en sortir.

    Du moins, vivant.

    Ce qui me fait surtout chier, c'est que je n'arrive pas à deviner sur qui l'univers jettera son dévolu. J'ai toujours eu une longueur d'avance sur tout, je préfère mener la danse. Seulement, là, c'est au-dessus de mes capacités. Et honnêtement, j'ignore si ça me casse les couilles ou si ça me fait... peur. Les deux ? Je n'en sais trop rien.

    J'inhale la nicotine en essayant de calmer mes nerfs. Les yeux clos, je craque ma nuque dans l'espoir de détendre mes muscles crispés et tendus. Silencieusement, je me promets de ne pas laisser mes sentiments me faire perdre mon sang-froid. Je dois me maitriser, que ma rage ne me submerge pas et maintenir un contrôle total sur mon cœur, mon corps et mon âme. La vie de tous est en jeu, et un seul faux pas pourrait nous être mortel. Je dois m'en tenir au plan pour mettre un terme au règne de Carter Scott et à son influence malsaine. J'ai les cartes en main, et je n'ai aucune crainte de toutes les utiliser pour y parvenir.

    Je vérifie que mon arme est chargée en leur indiquant de faire de même.

    Les minutes restantes sont bourrées de peur, de colère, d'appréhension. Mais aussi d'excitation et de hâte. Ne me demandez pas pourquoi. Je vous répondrais que voir le corps écrabouillé de Carter est devenu l'un de mes plus grands fantasmes de la semaine.

    Je jure d'accomplir cette mission à bien pour en ressortir vivant et d'achever ce fils de pute de Scott.

    J'interdirai mon âme de s'éteindre tant que ce traitre ne sera pas mort.

    Un de mes hommes se met devant notre vitre en attirant notre attention. Noah, Memphis et Rose lui lancent un bref regard tandis que j'écrase mon mégot dans le cendrier à côté de moi sans le regarder.

  — Carter ne va pas tarder à arriver, il serait préférable de sortir d'ici, prononce-t-il d'un ton monotone.

    Je contracte la mâchoire en jetant un œil à ceux qui entourent le domaine abandonné, leurs vêtements noirs ainsi que leurs cachettes permettent une discrétion sans faille. Si bien que même moi je galère à les apercevoir.

𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant