Ma prière

Chapitre 6 : But you treat me like a stranger, and that feels so rough

Le chemin de retour au bosquet fut calme. Une randonnée même. Et Ray pris le temps de ramasser des herbes et champignons qu'elle trouvait ça et là pour ses potions au grand dam de Laezel qui refusait de perdre de temps et préférait continuer le chemin vers la crèche. Gayle voulait aider mais elle dû se rendre à l'évidence : il était nul. La magie était son domaine, il en était un maître incontestable mais quand il s'agissait de reconnaître les herbes médicinales... Il était toutefois de bonne volonté alors Ray ne lui disait rien et mettait simplement de côté les mauvaises herbes des bonnes avec un sourire patient.

Les tieffelins préparaient une fête en leur honneur, Halsin désavoua Kagha et choisit une nouvelle druidesse à la tête du bosquet. La paix était enfin revenu et ils pourraient passer une soirée sans avoir le moindre problème.

C'est ce que c'était dit Ray avant de se retrouver face à un Gayle saoul. Il s'était isolé et commençait à lui parler de la voûte céleste.

– C'est le genre de spectacle que j'aimais partager avec ma compagne... sans tous les bruits de fête, bien sûr ! Elle préférait quand nous étions seuls, confortablement installés devant un bon feu de cheminée avec un ouvrage ésotérique ancien à lire.

Il ne s'arrêtait pas de parler de Tara. C'était sa compagne, celle qui l'avait aidé quand il en avait eu le plus besoin. C'était elle qui lui avait apporté des artefacts pour soulager son problème qu'il n'avait pas encore complètement expliqué à Ray. Il n'avait que survolé le sujet, esquivant toutes les autres questions plus précises.

Quelque chose agaçait à la jeune femme. Depuis leur rencontre, elle avait clairement ressentit de l'attirance pour l'homme. Par des gestes plus proches, des regards, des rires, elle avait tenté de lui montrer son intérêt. Mais peut-être que les presque vingts années d'écart était un gouffre trop grand pour lui qui ne devait voir en elle qu'une gamine.

Durant la soirée, elle avait peut-être trop bu et se sentait pousser des ailes. Elle était donc venue à lui, s'asseyant, collée à l'homme, et lui avait explicitement dit qu'elle préférait sa compagnie. Elle repensa au moment qu'ils avaient partagé lorsqu'elle avait tissé avec lui. Apparemment, cela ne voulait rien dire. Elle lui avait fait savoir quels sentiments elle commençait à avoir et il lui parlait de sa compagne. De la personne qui partageait sa vie avant le nautiloïde.

– Elle n'a eut de cesse que de me dire de trouver des amis mortels. Et c'est ce que j'essaie de faire...

Un léger sentiment de jalousie mêlé avec l'alcool acidifiait le discours de la cléresse.

– Pas de chance, je suis une nymphe déguisée, dit-elle avec un ton plus acerbe qu'elle n'aurait voulu mais le mage ne le remarqua pas tant il était dans ses pensées.

– Très drôle ! Mais nous le savons tous les deux, les nymphes ont une hygiène irréprochable. Et ça fait depuis le début de notre aventure que tu n'as pas eu un coup de savon !

– Oh.

Ça, c'est fait, se dit-elle.

Il avait dû remarquer la maladresse de sa remarque et que Ray, bien que magnanime et douce semblait sur le point de lui faire une remontrance bien cinglante.

– Note que ton odeur corporelle est loin d'être désagréable ! Bien au contraire ! Se précipita-t-il. Bref.. Je pense que c'est le moment d'arrêter de dire n'importe quoi.

– Oh mais non voyons. Continue. Qu'est-ce que tu aimes d'autres chez moi ?

Il était gêné et cette attitude arracha un sourire en coin à la tieffeline qui n'était pas d'humeur à lâcher prise. Elle voulait se venger un peu, ne sachant trop pourquoi, et voulait le mettre mal à l'aise. Voir le blesser un peu.