Ma prière

Chapitre 2 : I'm holding on, I can't fall back

Comment s'était-elle retrouvée couverte de sang ? Comment avait-elle pu faire ça ? Comment avait-elle pu arracher une vie ? Une nouvelle fois.

Le groupe s'était approché quand ils avaient entendu des cris. Et d'un coup, des gobelins étaient arrivés, prenant en chasse un groupe de mercenaires. Astarion fut le premier à bouger et se plaça en hauteur, commençant à bander son arc en direction d'une cible au loin. Ombrecoeur et Gayle réagirent aussi rapidement tandis que Ray était tétanisée.

Ses compagnons étaient efficaces et réactifs. Et elle...

Elle ne savait pas lire ce combat. Ils se battaient de partout autour d'elle. Elle voyait des flèches filer et se planter dans le sol ou les corps, des éclairs de magie traversaient la zone et elle ne parvenait à définir qui étaient les alliés des ennemis que par le simple fait que les gobelins ne ressemblaient pas à des humains. Dans le cas contraire, elle n'aurait pu faire la différence. Elle secoua la tête, essayant de chasser ses doutes. Elle voyait un humain s'effondrer en hurlant, un bras à demi arraché. De l'autre côté, un monceau de gobelins gisait, tous pris dans l'explosion d'une flèche enflammée qu'Astarion avait tiré précédemment avec une précision de maître.

L'odeur du sang, du feu, de la chair brûlée, les cris venant de partout lui faisaient tourner la tête et son estomac commençait à se tordre de douleur.

Et c'est quand un gobelin lui fonça dessus qu'elle leva sa masse et l'abattit sur l'agresseur. L'adrénaline aidant, elle broya le crâne, faisant gicler le sang sur elle et autour. Son instinct avait pris le dessus et son corps avait agit de lui-même comme contrôlé par les fils d'un marionnettiste. Elle regarda le corps défiguré, le sang s'étalait de partout autour puis ses yeux se posèrent sur elle-même. Tout ce qu'elle voyait était tâché de giclures du liquide poisseux. Ses mains refusaient de s'arrêter de trembler et son estomac se retourna. Une fois vidée, la jeune femme essuya sa bouche et se sentit un peu mieux. Le combat commençait enfin à se terminer. Les rares gobelins qui tentaient de fuir se faisaient tuer d'une flèche bien tirée.

Elle regarda à nouveau ses mains.

Rouges.

Sa masse était si lourde dans sa main qu'elle se demandait comment elle réussissait encore à la tenir.

Ombrecoeur passa et lui tendit un tissu que la tieffeline prit maladroitement puis ils suivirent les mercenaires dans le campement. Ray était silencieuse et même Gayle ne dit un mot. Elle laissa le chef des tieffelins, un dénommé Zevlor et le mercenaire à la tête de son équipe se disputer sans intervenir. Elle ne voulait prendre la défense de personne, mais les voir ainsi l'agaçait. La fatigue aidant, elle était bien plus amère qu'à l'accoutumée. Elle passa donc et entendit le bruit sourd d'un coup de poing et quelqu'un qui tombe au sol. Elle ferma les yeux et se répéta une prière.

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Ils firent rapidement le tour du bosquet. Un vendeur leur proposa quelques bricoles mais leurs poches étaient vides et ils ne purent que lui acheter quelques provisions ; leur stock de pommes pourries étant juste pour quatre personnes.

À la recherche d'aide, ils rencontrèrent tatie Ethel qui leur donna rendez-vous chez elle, un peu plus au sud. Ils croisèrent un forgeron, un dénommé Dammon qui attira le regard de Ray. Il était d'une amabilité qui lui donnait presque l'impression que quelqu'un se souciait vraiment d'elle. Il leur proposa même de faire une petite maintenance de leur armes. Astarion récupéra ses dagues parfaitement aiguisées et Ray dut lui faire la morale pour qu'il daigne montrer un signe de reconnaissance auprès de l'artisan.

Il croisèrent le chemin de Will. Lui aussi était infecté par une larve. Quelque chose dans son attitude agaçait Ray. Il était l'exemple parfait du héros gentil : courageux, toujours un mot gentil, attentionné vis à vis des enfants, protecteur d'un peuple qu'il ne connaissait que depuis un jour ou deux, cherchant à occire les démons au risque d'y laisser sa vie. Au fond d'elle, quelque chose lui chuchoter que personne n'était si parfait. Personne n'est vraiment si désintéressé. Son cœur se serra à cette pensée.