Chapitre 24 : Toi et moi, dans la nuit, on trouvera

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Raphaël disparu dans un nuage de fumée piqué de flammèches.

Et le silence.

Gayle et Ombrecoeur s'étaient rapprochés d'eux ; Ray n'aurait su dire depuis quand cependant. Aucun d'eux ne brisa le silence après les révélations.

Astarion n'existait que pour être sacrifié.

Un sacrifice. Un agneau envoyé à l'abattoir pour servir les sombres fantaisies de son maître.

Dans un mouvement lent, l'humain et la demi-elfe laissèrent le duo seul. Gayle avait jeté un regard attristé à la tieffeline qui ne pouvait que lui montrer un sourire compatissant.

Elle s'approcha davantage d'Astarion, debout, figé dans la même posture qu'il avait lorsque le diable les avait quittés. Le visage neutre, le regard perdu dans le vide.

– Astarion ?

Il ne répondit pas, seule sa main remonta à son menton. La jeune femme s'approcha de son ami. Elle voulut poser sa main sur son bras mais se retint ; il ne voulait sûrement pas de contacts. Ils en avaient déjà parlé, de sa réticence au toucher s'il ne le voulait pas. Elle se doutait qu'il avait besoin de s'isoler dans sa bulle mais elle n'avait pas encore assez de sagesse et de maturité pour le laisser seul.

Elle se rapprocha.

– Astarion ?

– Hum.

Il releva les yeux vers elle. Ternes, sans vie, tristes. Le cœur de la jeune femme se serra.

– On ne le laissera pas faire. Je refuse de laisser une vermine comme lui en vie.

– Parce que tu crois que c'est aussi simple ?

Il rit sans joie et fronça les sourcils.

La jeune femme sentit son ventre se nouer.

– On ne le laissera pas finir ce rituel. Qui sait quelles horreurs il pourrait commettre ?

Astarion se déplaça légèrement prenant appuie sur une jambe et retrouva son attitude théâtrale, son masque. Il parla d'une voix un peu trop calme avec des gestes moins accentués qu'habituellement et Ray devina que finalement, il n'arrivait plus à être le connard insensible qu'il était à leur rencontre et dans leurs malheurs, c'était finalement une bonne chose.

– Déjà, mettre fin à mon existence. Alors que je commençais tout juste à lui trouver un sens...

Il croisa les yeux de la tieffeline. Elle ne put se retenir et posa doucement une main sur le bras du vampire. Il ne recula pas et elle put même déceler une lueur reconnaissante dans ses yeux. Mais il était tard, elle aurait pu se tromper.

– Il ne me laissera jamais tranquille. Il va me traquer jusqu'à me récupérer. Jusqu'à me poser sur l'autel du sacrifice !

Il écarta les bras au dernier mot.

– Je suis la clé du pouvoir qu'il désire. De ce qui l'amènera à pratiquement devenir un dieu chez les vampires. Et pour ça, il a juste besoin de moi. Il a juste besoin de me tuer pendant le rituel.

Il regarda ses mains comme si elles ne lui appartenaient pas. Ray les prit dans les siennes. Les grandes mains pâles aux doigts fins dans ses petites griffues qui ne recouvraient pas grand-chose tremblaient légèrement et elle s'efforça, autant qu'elle le pouvait, d'être un réconfort et une ancre pour lui.

– Je te l'ai déjà dit. Tu n'es pas seul. Je serai là, avec toi. Même si les autres ne nous suivent pas et qu'on n'a aucune chance de gagner, je ne te laisserai pas l'affronter seul, d'accord? On fera ça ensemble.

Ma prièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant