Chapitre 2: Le roi

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     Comme elle l'avait prédit, dix minutes plus tard, des voix s'élevèrent de la maison. On la cherchait. C'est finalement Willis, le majordome qui la retrouva. Il était en poste dans cette maison depuis bien avant la naissance de Victoria. Certains disaient même qu'il y était depuis l'enfance de son père. En tout les cas, Victoria l'avait toujours considéré comme un second père. Elle n'était ainsi pas surprise que ce soit lui qui la retrouve.

     Une fois contrainte à aller voir son père dans son bureau, ce dernier put avoir l'opportunité de lui expliquer. Victoria adorait son père. C'était un homme généreux, malgré son air bourru. Il faisait toujours au mieux pour sa famille. Mais aujourd'hui, c'était différent. Jamais elle n'aurait imaginé qu'il puisse l'offrir ainsi. Sa mère était un personnage bien différent de son père. Elle était toujours souriante et joyeuse. C'est elle qui avait appris à Victoria de toujours voir le bon côté des choses. Mais elle avait aussi un tempérament volcanique, lui aussi transmit à son unique enfant. Pour la première fois depuis dix-sept ans, Victoria vit sa mère sans un sourire.

« -Victoria, commença Henry Newcastle.

-N'épuisez pas votre salive père. Je sais déjà.

-Victoria ! Combien de fois t'ai-je dis de ne pas écouter aux portes, s'écria sa mère qui comprit tout de suite.

-Je n'y peux rien, mère. C'est dans ma nature. Mais au moins, maintenant, vous n'avez plus à vous demandez ce que vous allez faire de moi. Vous m'avez déjà vendue à un inconnu.

-Victoria, soupira sa mère.

-Le roi devrait bientôt revenir. Il désire s'entretenir avec toi. »

     En effet, cinq minutes plus tard, le même homme que plus tôt, ce matin-là, entra dans la pièce. Lord et Lady Newcastle sortirent laissant leur fille seule avec lui. Sans préambule quelconque, il lui demanda :

« -Sais-tu lire, écrire et compter ?

-Évidemment. Dois-je le prouver, ou ma parole suffit ? (N'avions-nous pas établi que Victoria possédait un fort caractère? En voici donc la preuve.)

-Petite insolente ! Il faudra te dresser un peu avant ton mariage ! Tu te rends à la messe tous les dimanches, bien sur ?

-Oui.

-Bien...Sais-tu danser ?

-Oui.

-Monter à cheval ?

-Oui.

-Quelles langues étrangères maîtrises-tu ?

-Le français et l'allemand, soupira Victoria qui commençait à se lasser de cet interrogatoire interminable.

-Hum.. Des antécédents de maladies ? L'héritier ne doit pas porter de tare qu'elle quelle soit. Un médecin viendra bientôt te visiter. Je le saurai si tu ne te plis pas à l'examen demandé. Il vérifiera aussi ta virginité.

-Monsieur ! Ma parole et celle de mes parents ne suffit-elle donc pas ? Vous insultez mon honneur et celui de ma famille.

-C'est là le cadet de mes soucis. Tu feras ce qu'on te dira, ajouta-t-il en quittant la pièce. »

    Après un second entretient avec les Newcastle, il partit enfin. Victoria s'était enfermée dans sa chambre pour ne pas avoir à voir cet horrible individu. Lorsque le soir arriva, son père tenta une approche. Il lui proposa de venir dîner. Mais Victoria ne céda pas. Sa mère réussit, elle, à pouvoir la voir, en faisant valoir que c'était la décision de son père de la marier, pas le sienne. Quand elle put enfin avoir l'opportunité de parler à sa fille, elle n'avait plus les mots.

« -Écoute Victoria... je ne sais que te dire. Je ne soutiens pas la décision de ton père, mais c'est du roi dont nous parlons. Notre souverain. Nous ne pouvons pas faire machine arrière. »

     Victoria ne répondait pas. Elle ne voulait pas en parler. Pas parler de la trahison de ses propres parents.

« -Victoria... souffla Lady Newcastle. Ce n'est pas là ce que je voulais pour toi. Saches-le. Saches aussi que je répugne à t'envoyer si loin de moi dans si peu de temps. Deux semaines... c'est bien trop court pour des adieux en bonne et due forme...

-Deux... Pardon ? Deux semaines ?! Je dois partir dans deux semaines ?!

-Eh bien... oui... Je croyais que le roi te l'avait dit.

-Il ne l'a pas fait. Je dois quitter ma maison, ma chambre, ma famille, mon village et tout ce que j'ai jamais connu dans deux semaines ? C'est impossible. Non... Non ! NON !

-Je...Je te laisse... Nous en reparlerons plus tard. »


A Royal Love StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant