Chapitre 23: La suite de la visite

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      Il la reprit par la main, comme il l'avait fait au début de la soirée pour la guider à travers le château. Contrairement à ce à quoi Victoria s'attendait, ils ne reprirent pas la porte par laquelle ils étaient entrés sur ce toit. Ils empruntèrent une porte similaire, qui donnait également sur un escalier en colimaçon. Ils descendirent pendant longtemps avant de s'arrêter devant une autre porte. Pour Victoria, cette cage d'escaliers était en tout point pareille à la précédente. Mais quand le prince l'ouvrit, elle découvrit un minuscule corridor, avec quatre portes.

« -Cette porte est la porte de mon bureau. Celle-ci est celle de ma chambre. Ici, vous trouverez, bien sûr, l'escalier d'où nous venons. Et celle-là, elle donne sur votre futur bureau. Le bureau de la princesse. »

      Le prince lui fit visiter son bureau, où Victoria s'attarda sur un détail. Sur le bureau trônait un tableau, une miniature.

« -C'est... c'est moi ?

-Je... oui, j'ai oublié de l'enlever... vous n'étiez pas supposée voir cela.

-Mais pourquoi ?! Je trouve cela absolument romantique ! J'aimerai pouvoir faire de même avec une miniature de vous.

-Je vais essayer de vous en trouver une, si cela vous fait plaisir.

-Oh merci ! Depuis combien de temps avez vous ceci ?

-Je l'ai depuis très longtemps, quand l'accord entre nos parents a été conclu. Il est sur mon bureau depuis notre première rencontre. »

         Il lui fit ensuite voir son futur bureau. Aucune décoration n'y était mais il lui précisa qu'elle pourrait le décorer comme elle le désirerait une fois qu'elle y emménagerai. Il l'emmena ensuite dans la chambre. Elle aussi était dépourvue de toute personnalité. Il lui montra qu'une porte reliait la chambre du prince à celle de la princesse :

« -Cela vous plaît-il, princesse ? lui murmura-t-il.

-Oui, c'est magnifique, mais... nous allons dormir ainsi ? Aussi proche l'un de l'autre ?

-Oh non. Une fois que vous serez ma femme nous ne dormirons pas ainsi. Nous ne ferons pas chambre à part. Nous dormirons plus proche encore. Mais je suis un homme d'honneur. Je veux que vous deveniez ma femme, ma princesse, avant de pouvoir enfin dormir avec vous. Et Dieu sait que ce n'est pourtant pas l'envie qui me manque. »

       Victoria rougit en entendant ces paroles. Elle essayait tant bien que mal de reprendre contenance, mais son futur mari enchaîna aussitôt :

« -Venez, vous n'avez pas encore tout découvert. »

       Une fois de plus, il m'entraîna dans un dédale de couloirs. Victoria se jura que la prochaine fois que le prince voudrait lui faire une surprise, elle s'assurerait avant que celle-ci n'implique pas des kilomètres à faire dans l'enceinte du palais. Cependant, heureuse de sa situation, elle lui suivit sans rien dire.

       Enfin, ils arrivèrent devant une énième porte, près de la salle à manger. Anthony l'ouvrit. Surprise, Victoria s'exclama :

« -Que faisons-nous dans le boudoir de Sa Majesté ?

-Ainsi, vous êtes déjà venue ici.

-Oui, j'y avait été invitée il y a quelques temps.

-Victoria, un jour viendra où cet endroit sera ton boudoir. J'espère que nous aurons le temps de vivre une vie de couple princier suffisamment longtemps avant que ce jour arrive. Mais nous finirons par devenir le roi et la reine de cette belle nation qu'est la notre. En attendant que vous deveniez la reine de notre peuple, vous êtes déjà la reine de mon cœur. »

     La dernière phrase fit fondre le cœur de Victoria, qui ne put s'empêcher d'éclater de rire. Comprenant l'origine de ce fou rire impromptu, Anthony la rejoignit. Une fois un peu calmée, Victoria essaya de se justifier :

« -Excusez-moi... c'est juste que... dit-elle la respiration saccadée par des éclats de rire.

-Je sais, ma phrase faisait vraiment kitch. Dans ma tête, elle sonnait mieux, je vous assure.

-Je n'en doute pas une seule seconde, fit sa jeune promise en ancrant son regard au sien. »

     Une tension magnétique s'installa alors dans la pièce. Le prince s'avança jusqu'à réduire totalement l'espace entre leurs deux corps. Il prit sa fiancée par la taille et commença à l'embrasser délicatement, quand une fois encore, on les interrompit :

« -Anthony Archibald William Edward ! Que fais-tu dans cette pièce pour l'amour de Dieu !? Ai-je oublié de mentionner durant ton éducation que le boudoir est un lieu exclusivement réservé aux femmes ? Aucune présence masculine ne serait y être tolérée ! Et encore moins s'il jamais de compromettre une jeune fille innocente à qui tu n'es pas encore marié, je le rappelle !

-Bonsoir, mère, comment vous portez-vous ? J'espère que votre promenade quotidienne a été plaisante.

-Anthony. Saches que tu ne m'auras jamais en essayant de détourner la conversation. Réponds-moi, tu sais que l'honnêteté prime sur le reste en ces murs.

-Je le sais mère. Je suis désolé d'être entré. Pour ma défense, vous n'auriez jamais dû le savoir, vous ne venez jamais ici à cette heure habituellement.

-Que faisiez-vous ici, fit la reine avec un soupire de résignation.

-Je faisais visiter les appartements royaux à Victoria. Et le boudoir, aussi.

-Comment une simple visite du boudoir peut-elle se transformer en... ce que vous étiez en train de faire... ?

-Eh bien...

-Non ! le coupa-t-elle. Je ne veux certainement pas le savoir ! Écoutez-moi attentivement tout les deux. Il ne faut en aucun cas que cette situation se reproduise. Personne ne doit vous surprendre à faire... eh bien, vous savez quoi, fit la reine Helen, embarrassée.

-Non, je ne sais pas, dit Anthony avec un sourire taquin. Quoi donc ?

-Tu le sais parfaitement. Ce que vous faisiez avant que j'entre.

-Aaaaah ceci ? lâcha le prince, faussement surpris. Vous avez le droit de prononcer le terme « s'embrasser », mère.

-Anthony, la rappela-t-elle à l'ordre. Si vous devez absolument faire ce genre de chose, faites-le dans un lieu où personne ne pourra vous trouver. Pour préserver la vertu de Lady Newcastle et l'honneur de nos deux familles. Si quelqu'un d'autre vous avait trouvé... je n'ose penser aux conséquences dramatiques que cela aurait pu avoir ! »

       Devant ce discours de réprimande de la reine, Victoria rougit jusqu'aux oreilles et se rembrunit. Anthony, qui ne l'avait pas lâché, l'attira de nouveau à lui.

« -Anthony, ramène Victoria à sa chambre et que je ne vous y reprenne plus ! Je vous rappelle tout de même que votre mariage n'a lieu que dans deux mois ! »


A Royal Love StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant