Chapitre n°10

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Chanson du chapitre n°10 : Ed Sheeran - Photograph.

Chapitre n°10 :

« Tu étais ma luciole ».

1er décembre 2023 – 11h00.

« -Et qu'est-ce qui te fascine tant chez les lucioles ? me demanda-t-elle, le visage illuminé d'éclats de rire.

-Leur lumière, répondis-je en trouvant qu'ils la rendaient encore plus belle. Quand un être partage sa lumière, je trouve cela magnifique ».

                                                                                      Indigo et Axel, Sous le souffle d'un nouveau Printemps.

    -Excusez-moi, mesdemoiselles, pourriez-vous m'aider ? nous interrompit alors un homme d'une quarantaine d'années, de taille moyenne, les yeux sombres et les cheveux ébènes tout ébouriffés.

    Il se rapprocha, le regard sévère, les épaules tendues à l'extrême. Des cernes violacés tombaient sous ses paupières et des rides accentuaient le froncement de ses sourcils. Mais ce n'était pas les rides qui apparaissaient lorsque la vie était pleine de rires. Non, celles-ci témoignaient d'une profonde fatigue d'exister. D'une peinture terne qui s'effritait avec le temps. Aucune once de joie n'illuminait son visage, blême comme un fantôme. Il paraissait tout droit sorti d'une tempête terrifiante. Comme j'étais étrangement troublée à sa vue, ce fut donc Maëlia qui s'empressa de lui répondre.

    -Oui, bien-sûr, déclara-t-elle avec sa chaleur habituelle, qui contrastait tant avec la froideur qui émanait de l'homme. Que pouvons-nous faire pour vous ?

     En passant, elle me glissa un regard interrogateur, mais je l'ignorai, en transe. L'homme balaya des yeux les étagères qui nous entouraient, l'air perplexe.

     -Je cherche Le Petit Prince, répondit-il sans plus de cérémonie. Sauriez-vous où je pourrais le trouver ?

     Maë acquiesça vivement.

     -Évidemment, lança-t-elle, un sourire charmant dévorant la moitié de son visage. Il se trouve sur un présentoir exclusivement consacré à Antoine de Saint-Exupéry. Merry va vous y conduire, cela vous convient-il ?

    -Tant que j'ai le livre..., bougonna-t-il en guise d'aval et Maë sourit de plus belle.

    -Parfait ! s'exclama-t-elle avant de se pencher vers moi pour me murmurer à l'oreille. Je te laisse t'en charger, je sens que tu lui seras bien plus utile que moi.

    J'haussai un sourcil interrogateur mais l'expression de ma meilleure amie était impénétrable qu'une statue, alors je me tournai vers l'homme qui semblait s'impatienter. Ses doigts trituraient machinalement sa montre au poignet et ses sourcils se fronçaient de plus en plus. Par le pincement de ses lèvres, je descellai un sentiment d'urgence, comme si tenir entre ses mains Le Petit Prince était une chose primordiale.

    -Si vous voulez bien me suivre, lui proposai-je en me mettant en marche.

    Tout de suite, il m'emboîta le pas et se tint à mon côté dans un silence religieux. Je pris un instant pour le détailler de nouveau du coin de l'œil. Sa carrure était imposante, carrée et dégageait quelque chose d'impérieux, d'autoritaire. Comme il ne souriait pas et semblait incapable de défroncer les sourcils, je ne me serais pas étonnée si, dans la nuit noire, il lui arrivait d'effrayer sans le vouloir les personnes sur son passage. Toutefois, je n'avais pas peur de lui. Mais mon naturel curieux se demandait bien pourquoi un homme en apparence si hostile désirait se procurer une œuvre si douce et chaleureuse comme celle d'Antoine de Saint-Exupéry. Étant donné que je considérais que les lectures de quelqu'un en disaient beaucoup sur la personne, j'engageai alors la conversation :

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