Quand la vérité explose (partie 1)

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Vue de Giyu

"Mon cher Giyu, mon cher fils,

Je t'aime et je ne t'ai jamais rien caché, tel était notre pacte. Mais je t'ai menti mon fils, et j'espère que tu me le pardonneras.

Je suis malade, mentalement, physiquement, je suis abattue, mais je me cache, pour toi et Tsukato, pour ton père, pour moi, pour avoir l'air heureuse et essayer de l'être vraiment. Je vais bientôt mourir, je le sais, je ne sais pas quand ni comment, mais bientôt. Je n'y peux pas rien, Giyu, chaque être finit par mourir. Et mon heure est bientôt venue.

Si tu lis cette lettre, c'est que je suis sur le chemin du jugement dernier, que j'ai rendu mon dernier souffle, et j'espère que tu y as assisté, j'espère que malgré tout, ce sera une belle fin.

Mon fils, je t'aime, et je voudrais juste te demander une faveur. Je veux que la date de ma mort soit inscrite en toi, et que chaque année, à cette date-là, tu sois heureux et que tu rendes chaque personne que tu croises heureuse à son tour. Tu peux pleurer, tu peux vivre normalement, mais je veux que cette date-là, je veux te voir heureux, même si je ne suis plus là. Je sais, c'est beaucoup, mais ce jour-là, je descendrai te voir et je ne serais plus heureuse que de te voir t'amuser et profiter de la vie, parce qu'elle est courte.

Je suis désolée de t'avoir menti, mais essaie de me comprendre, tu es mon petit poussin, et à l'heure où j'écris, tu n'as que onze ans, tu ne sais pas encore tout de la vie, et tu vas la découvrir sans moi, je ne pourrais pas t'aider et te soutenir dans les moments difficiles, j'en suis vraiment désolée. Sois fort, je t'aime de tout mon coeur.

Ta mère qui t'aimait, t'aime et t'aimera à jamais"

Je n'ai pas réussir à dormir, alors j'ai relu cette lettre encore et toujours, comme je le faisais chaque année.

Je n'arrive plus à me lever, faire quelque chose d'autre que de pleurer, ne pas prendre la peine de me moucher ou d'essuyer mes larmes, je ne fais que la relire, que depuis le temps, je devrais la connaître par coeur. Est-ce qu'elle me voit de là-haut ? Est-ce qu'elle m'en veut de ne pas réussir à être heureux aujourd'hui, alors que c'était son seul voeu ? De toute façon, elle était tarée, elle l'a dit elle-même, ai-je pensé en reniflant péniblement.

J'ai regardé l'heure, sept heures et demi, dix heures que je ne fais rien. Ce qui est sûrement mon programme de la journée. Je me suis allongé, les mains sur mon coeur, et j'ai contemplé le plafond. Blanc. Vide. J'ai soupiré alors que des larmes incontrôlables coulaient le long de mes joues. Comment je pourrais être heureux, maman ? Cette date me hante toute l'année... ai-je pensé. Puis j'ai fait le vide dans ma tête. J'étais fatigué, mais si je m'endormais, j'allais à coup sûr faire un cauchemar.

Cette lettre, je la cache dans une très belle boîte planquée au fin fond de mon armoire avec tous mes souvenirs et babioles et délires que j'ai eus avec ma famille ou mes amis. Chaque année, je la sors de ce sombre endroit pour la lire, c'est comme une addiction, je ne peux pas faire autrement.

Midi, rien n'a évolué. J'ai faim et soif, mais je n'ai pas la force. Mon ventre gronde bruyamment, j'ai juste envie de me donner un coup dans le bide pour le faire taire une bonne fois pour toute, et qu'il y aie ce silence qu'il y a toujours eu dans ma chambre, à part quand je dessinais avec un peu de musique ou avec la radio, mais c'était rare.

Treize heures, on frappe à ma porte comme on l'a fait à chaque heure de la journée. Je n'ai pas répondu, comme je l'avais fait les heures d'avant, je ne veux voir personne.

-C'est Kana, bouge, sors un peu, c'est la grande journée ménage, je m'occupe de ta chambre, a lancé ma nièce.

J'ai regardé la porte. Elle était derrière, elle voulait que je sorte. Je me suis retourné dans mon lit, vers le côté mur. Mon corbeau a atterri sur le balcon de ma chambre, bien que les volets et les fenêtres soient fermées.

Le Séjour à la CampagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant