Réflexions mûres et réfléchies

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Vue de Giyu

Après Noël, il y a eu le Nouvel An, rien d'exceptionnel, un feu d'artifices en haut de la montagne où il caillait sa mère, tous serrés les uns contre les autres dans nos doudounes triple épaisseur qui ne nous réchauffaient même pas, avec entre nos doigts recouverts de gants en laine cousus par Mitsuri dans son temps libre des bols de soupes chaudes offerts par Tengen qui avait donné beaucoup d'argent pour se faire pardonner au reuf dont il avait cramé le stand quelques jours plus tôt. Donc nous sommes rentrés complètement gelés et faitugés à l'hotel, pour notre dernier jour en Allemagne, car le lendemain nous repartions pour le Japon, en avion cette fois.

J'avais passé la journée du 31 décembre avec Makomo et Sabito, parce que c'était notre dernier concert dans le petit bar irlandais de Gérard et qu'on avait un peu modifié notre programme pour ce jour spécial, car c'était le dernier, et qu'en plus c'était l'anniversaire d'Urokodaki. J'ai donc demandé à Joséphine de faire en sorte d'emmener Uroko au bar pendant notre concert qu'on puisse lui interpréter sa chanson préférée, "Zombie" de The Cranberries, en guise de cadeau d'anniversaire et de remerciement pour tout ce qu'il avait fait pour nous, même si une chanson, même magnifique, ne représenterait jamais tout ce que cet homme au masque rouge effrayant a fait pour nous.

J'ai aussi dû dire au revoir à Gérard, cet homme que j'aimais tant, et il m'a laissé son numéro pour qu'on puisse discuter en allemand de temps en temps quand je serai de retour au Temple. Ce fut un moment fort en émotions et très éprouvant pour nous deux, mais après une dernière accolade émouvante et sincère, j'ai dû me retourner et partir définitivement pour passer une dernière nuit à l'hôtel.

Turly s'est dévoué pour conduire notre avion jusqu'au Japon, et curieusement, tout le monde était sain et sauf quand l'avion s'est posé sur les pistes de l'aéroport de Tokyo. Va commencer le mois le plus déprimant de l'année à mon sens : janvier. Les familles des Piliers se sont cassées à l'aéroport, et une limousine conduite par Gyomei (oui, conduite par un aveugle... Les autres avaient manifestement confiance) où nous sommes arrivés au Temple toujours en aussi bonne santé.

J'ai balancé ma valise dans mon armoire pour faire genre que j'avais rangé mes affaires, puis j'ai pris mon téléphone pour aller scroller dans le salon et de pouvoir exposer ma dépression aux autres Piliers.

-Les gars, je peux vous poser une question ? a lancé Mitsuri quand tous les Piliers furent réunis dans le salon.

-Hum... ai-je marmonné en guise de réponse puisque tout le monde semblait fatigué et déprimé.

-Si vous n'étiez pas Piliers, vous auriez fait quoi comme métier ?

Une illumination est passée dans les yeux de certains de mes tendres collègues à la mine défigurée depuis le retour au Temple.

-Je ne sais pas vraiment... ai-je marmonné, je suis trop con pour faire des études, mais si on imagine le fait que j'ai un minimum d'intelligence, j'aurais fait ingénieur. Sinon, j'aurais enregistrer un album avec Sabito et Makomo et on serait devenus des stars mondiales avec notre groupe qui n'a même pas de nom ! ai-je imaginé (en regardant le plafond, évidemment).

-Moi, je pense que j'aurais ouvert un restaurant ! s'est lancée Mitsuri, et que mes enfants auraient eu l'obligation de suivre la lignée pour le faire persister. Un restaurant asiatique, 'fin typique du Japon, vous voyez. Notre spécialité aurait été... la dinde aux marrons, et les mochis à la fraise pour le dessert ! J'adore faire des mochis, et j'adore en manger aussi, ça n'a échappé à personne... Mais je me dis que j'ai bien fait d'accepter l'offre du chef pour devenir Pilier, même si j'avais peur au début, je n'aurais pas pu rencontrer l'amour de ma vie... a-t-elle continué en jetant un regard plein d'amour à Obanai qui s'en foutait complètement parce qu'il scrollait sur son téléphone en hochant la tête de temps à autre pour faire mine qu'il écoutait.

Le Séjour à la CampagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant