La troisième Rive, tome II

22. Dissidences et chuchotements (1)

Coucou ! Le chapitre à suivre est court, mais le chapitre sera franchement long. Je coupe par là. Des bisous <3

22. DISSIDENCES ET CHUCHOTEMENT

Je suis sur les genoux de Chost, dans un salon qui n'est ni tout à fait le sien, ni tout à fait un autre. Mon rêve déforme les meubles, les couleurs, les sons...

Chost m'a assise sur ses cuisses. Mon dos contre son ventre musclé. Je porte la tenue choisie par Armande pour la Célébration. Il est en train d'embrasser ma nuque, avec lenteur et délectation. Il a placé une main sur ma hanche, et l'autre s'occupe de rabattre mes cheveux ondulés pour lui donner un meilleur accès à ma peau.

— Magnifique...murmure-t-il.

Je frissonne, mon sang battant sur le petit bouton de nerf entre mes cuisses. Je me cambre.

Il me manque quelque chose, encore. C'est délicieux, c'est la tension avant l'éclat de l'orage, mais il me manque la foudre, justement.

Elle apparaît, là, devant moi.

Araphël me fixe, sur les genoux de son frère. Ses yeux dorés observent ma façon de remuer sur les cuisses de l'Avéré.

— Tu ne trouves pas Raph, qu'elle est magnifique... ?

Mon rhéteur ne répond rien. Seulement, avec lenteur, il passe le bout de sa langue sur sa lèvre inférieure. Il dévore mon visage, ma position, mes mouvements de bascule sur les cuisses de Chost, avec les yeux.

Les dents de l'Avéré croquent la peau fine son mon oreille, et je l'entends s'en délecter dans un bruit de gorge sauvage.

— Tu veux la gouter ? propose-t-il au Rhéteur encore debout.

Araphël hoche la tête, simplement, avant de s'agenouiller devant moi. Il est tout entier à ses gestes et son regard. Il plonge dans mes iris, avec une intensité qui électrise chaque parcelle de ma peau. Chost accentue la pression de sa main sur ma hanche en m'ordonnant, d'une voix tendue :

— Ecarte les cuisses pour nous, Kahn...

Oh je le veux...Je le veux tellement.

J'obéis sans jamais perdre le contact avec ces yeux en or qui me pénètrent et qui se brisent de désir dans ma rétine. Ses mains...Il va poser ses mains sur moi. Il va découvrir mon goût, et je n'attends que cela.

J'ouvre mes jambes à sa vue. Araphël effleure d'abord mes genoux, avant de les empoigner complètement. Ses paumes sont brûlantes, comme toujours. Je suis envahie par leurs deux parfums, le bois chaud et le miel, qui m'enveloppent et entrent dans mes narines, ma gorge, toute ma poitrine insolemment.

Il fixe le triangle entre mes cuisses, il lèche encore sa lèvre, puis sa voix, si mélodieuse et si grave, demande :

— Je peux, Altesse... ?

Pour toute réponse, j'arque mon dos contre Chost et écarte plus encore les jambes. L'Observateur rit doucement derrière mon oreille, avant de promettre :

— Tu vas adorer, Kahn.

Il glisse sa main sur ma nuque pour m'obliger à la pivoter. Puis ses lèvres s'emparent de ma bouche, son baiser est profond, humide, chaleureux. Et pendant que sa langue danse sur la mienne, embrasant les terminaisons nerveuses de ma bouche entière, c'est l'humidité d'Araphël et sa brûlure, que je sens, là, en bas.

Le rhéteur vient de poser sa langue sur la petite bosse gorgée de sang. Il suffit de ça pour que le plaisir, la douleur, la tension, explosent dans mon bas ventre. Je continue d'embrasser Chost, pendant qu'Araphël approfondit son baiser sur mes lèvres du bas. Chaque coup de langue se répercute dans mes reins, des jets d'électricité m'agitent, me torturent et me comblent en même temps. J'engouffre une main, une seule, dans la tignasse dorée du Rhéteur, mes gémissements étouffées dans la bouche de Chosthovak.

— Laisse-le te faire jouir...chuchote l'Avéré contre moi.

Je suis offerte à leur plaisir. A la merci de leurs quatre mains, de leurs doigts, leurs fantasmes, et leurs ordres.

La langue d'Araphël est la meilleure sensation que la vie m'ait jamais procurée. Elle est si chaude qu'elle embrase muscle, nerfs, organes. Comme si un simple coup lui suffisait à faire hurler mon Essence au travers du temps et des Rives.

— Il te veut... continue Chost. Il te veut à en crever.

Araphël, à ces mots, éloigne son visage de mon sexe. Le manque. Le vide. L'abysse. J'ai besoin qu'il continue. Il était à sa place entre mes cuisses. Il était là où l'univers voulait qu'il soit.

Mais c'est seulement pour se redresser sur les genoux, et se placer là, entre mes cuisses écartées pour lui.

Et tout à coup...Je ne sens plus Chost dans mon dos. Je le sais encore là, mais il n'y a que le Rhéteur, ses yeux, et le geste qu'il fait. Il lève ses deux mains pour les glisser sur mes joues, ses pouces exécutent de tendres allers retours sur la peau de mon visage, et, il murmure, à l'orée de mes lèvres :

— Et toi ? Est-ce que tu me veux ?

Que nous. Que nous, soudain.

Je le fixe sans répondre. Je profite de la douceur incroyable de ses paumes sur mes joues. Je perds en souffle, en consistance, en raison.

Araphël s'approche plus encore de ma bouche ; délicatement, il y dépose un baiser, qui est la promesse de tout.

— Je te ferai l'amour, déclare-t-il à ma figure empoisonnée d'envie, de souffrance, de désir, de tension. Avec mes mains et mon Essence.

— Ton Essence... ?

Ma voix n'est plus qu'un filet d'air arythmique.

— Je te monterai ce qu'un Passeur peut faire avec ses dons, Kahn... Je t'emmènerai à la frontière de la Troisième Rive. Je te ferai mourir et renaître.

Je le crois. Je le sens. Je le sais.

— Mais j'ai besoin de savoir si tu le veux vraiment, répète-t-il tout doucement, comme un secret.

C'est là que je perçois Chost de nouveau. Sa main sur ma hanche se contracte si fort que je pousse un cri de douleur.

— Non ! supplie-t-il dans mon dos. Ne me faites pas ça ! Kahn, je t'en supplie. Non !

Et ce qui était orgie, plaisir et volupté, se transforme en horreur. Tout mon rêve bascule, dans les hurlements de l'Avéré, dans ses pleurs, aussi.

Et je me réveille dans ma chambre, le ventre noué. Les larmes aux yeux.

L'envie au ventre.

La culpabilité absolument partout.

*