Chapitre 23 - Un colis pour Hazel

12.8K 707 365
                                    

BELLAMY

NDA : Nathan Wagner - Stay with you

Le souffle régulier d'Hazel perce le silence de sa chambre. Endormie, la tête sur mon épaule, son corps lové contre le mien. Une main sous son menton, l'autre repose sur mon torse, sur mon cœur, comme pour mémoriser son rythme inconsciemment.

Elle est descendue à la cave, putain.

Cet après-midi nous avons réussi à mettre la main sur l'un des dealers qui bossait au labo qui a pris feu. Le labo de Moriarty. Ce type devait nous donner des informations sur cet enfoiré, mais M. est beaucoup trop secret pour dévoiler son identité.

Je n'ai jamais vu son visage.

Toujours caché par un masque blanc aux yeux sombres, mais sa voix, elle, est imprimée dans mon cerveau jusqu'à la fin de ma vie.

"Pleure petit garçon, nourris mon âme de ton innocence que je vais anéantir pour la remplacer par la haine."

Mon cœur s'affole, la peur s'immisce sous ma peau me poussant à resserrer mon étreinte autour du corps menu d'Hazel. Son odeur douce, fraîche, aux arômes du printemps envahit mes narines, me faisant fermer les yeux. Mon nez dans ses cheveux, je profite du bienfait de son âme qui apaise mon orage. Cette chose hideuse qu'il a mise en moi et qu'elle a vue. Ce monstre que je ne voulais pas qu'elle découvre.

Les Héritiers, mes frères, ma famille, connaissent cette part de moi. Ils connaissent mon histoire, ce qui m'est arrivé. Nous faisons partie du même monde et je n'ai pas besoin d'enfermer l'obscurité avec eux.

Mais Hazel est différente.

Pure et innocente, elle ne doit pas être entachée par le monstre créé par Moriarty. Je voulais pervertir son âme, dévergonder son innocence, la lui voler pour qu'elle arrête d'être invisible.

Pas pour l'abîmer ou la rendre aussi affreuse que la mienne.

Je baisse la tête et observe son visage serein, ses longs cils ombragent ses pommettes, son nez en trompette et ses lèvres charnues entrouvertes.

Mon cœur s'apaise en sentant son corps contre le mien, sa chaleur qui se diffuse sur ma peau et son rythme cardiaque, lent et précieux. De mes doigts, j'effleure les contours de son visage, je les dessine pour enlever toute trace d'angoisse. De frayeur.

Elle a eu peur de moi.

Elle voulait me fuir parce qu'elle l'a vue. Son don lui permet de voir la nature profonde des gens.

Et j'ai eu peur, moi aussi.

Cette constatation me fait froncer les sourcils, parce que j'étais angoissé que son regard change. Qu'elle ne me regarde plus jamais de ses grands yeux de miel avec amusement et taquinerie, avec cette tendresse qui la caractérise, et même cette lueur de défi exaspérante, je ne veux pas qu'elles s'effacent quand elle me regarde.

Je prends alors conscience que l'opinion qu' Hazel a de moi m'est importante. Et c'est la première fois que je me soucie autant de ce que l'on pense de moi.

J'entends les rumeurs qui me concernent.

Bel le psychopathe.

L'enfant meurtrier.

Le monstre qui prend plaisir à torturer.

Tout ça est vrai.

J'aime la violence, elle me galvanise, fait de moi un homme plus fort, craint et efficace sur le terrain.

J'ai tué.

Un nombre incalculable de fois et la première fois que c'est arrivé, j'avais cinq ans. Je suis le monstre dont les jeunes femmes ont peur quand elles découvrent ce qui se cache derrière une belle gueule abîmée.

Ugly ContractOù les histoires vivent. Découvrez maintenant