Double Jeu Chapitre 18

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- Pour vous faire patienter, je vous propose un nouveau jeu.

- Lequel ?

- Nous allons élucider le meurtre que je n'ai pas encore commis. Etes-vous partant ?

- Cela peut être intéressant pour votre thérapie : allons-y.

- Commençons par poser le cadre : un meurtre a été commis le lundi 21 juin à 22h59. Dans une rue commerçante, les gens s'amusaient. Les terrasses des restaurants étaient bondées.

- Le 21 juin était le jour de la fête de la musique. Les musiciens s'en donnaient à cœur joie, des chants s'élevaient de la foule. C'était si bruyant qu'il a été impossible de distinguer un coup de feu d'un bruit de pétard.

Elle acquiesce d'un hochement de tête.

- Et au milieu de cette foule grouillante de vie : la Mort. Elle s'est frayé un passage entre les corps, elle a glissé sur les ombres, elle a longtemps cherché sa proie.

- Elle se tenait assise en terrasse.

- Oui, c'est tout à fait ça. Elle dégustait un café latté, avec deux sucres. Le garçon qui le lui avait apporté confia plus tard à la police qu'il l'avait trouvé magnifique, élégamment habillée dans sa robe rouge. Elle regardait souvent sa montre. Elle attendait quelqu'un.

- Un amant.

- Non, son mari. Elle portait une alliance sur laquelle était gravée les initiales de son époux.

- Quelles sont-elles ?

- Le temps des révélations n'est pas encore venu. Contentons-nous de mettre le décor en place.

- C'est assez décevant.

- Tout vient à point à qui sait attendre.

Il prend note.

- Je vais finir par brûler votre calepin. Il m'agace au plus haut point.

- Je remarque que vous aimez les citations.

- Qu'en déduisez-vous ?

- Rien.

- C'est navrant... je suis honni.

- Comment me faire pardonner ?

- Décrivez plus précisément la défunte. Dîtes moi ce qui vous vient en premier à l'esprit.

Il réfléchit quelques instants. Il écrit une ligne dans son carnet.

- Elle semblait fraichement sortie de chez le coiffeur.

- Excellente idée. Elle avait abandonné ses longs cheveux blonds pour un carré court. Elle se sentait nouvelle, légère, elle était prête à festoyer.

- Un évènement important, sans doute.

- Oui, elle et son mari s'apprêtaient à fêter leur anniversaire de mariage.

Silence. Il réfléchit un instant. Il sourit.

- Vous avez un sacré talent de romancière.

- Cessez de me complimenter de la sorte.

- Il m'a pourtant semblé que tout à l'heure vous vous êtes sentie flattée.

- Je me lasse facilement. De plus, vous n'êtes pas sincère. Vous pensez encore pouvoir me mener à la baguette. Derrière votre bureau vous pensez avoir le contrôle. Vous vous trompez sur toute la ligne. Vous êtes entrez dans mon jeu. Vous pensez faire semblant d'être sous mon emprise, j'irai même jusqu'à dire que vous êtes persuadé de jouer la comédie. Bientôt, vous réaliserez que cette histoire est la plus réelle qui soit.

- Est-ce une menace ?

- Une mise en bouche.


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