Double Jeu Chapitre 11

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- Je pensais vous avoir suffisamment expliqué les choses la fois dernière. Reprenons dans l'ordre : je veux tuer quelqu'un. Néanmoins, je ne sais pas « Où ». Je ne sais pas « Comment ». Je ne sais pas « Qui ». Et surtout : je ne sais pas « Pourquoi ». Lors de notre dernière séance, vous m'avez aidé à trouver le « Quand ».

- Je serai donc complice de votre crime ?

- Et alors ?

- On ne tue pas sans raisons.

- Je vais en trouver une, faites-moi confiance.

- Comment le pourrai-je ? Vous êtes mythomane. Vous avez un comportement déviant. Vous avez des tendances à la cleptomanie. Tout porte à croire que la souffrance des autres vous fait rire. Vous êtes sadique. Dans ses conditions je ne peux pas me résoudre à vous faire confiance.

- En résumé ? Dîtes-le. Mes autres psychologues n'ont pas hésité à le dire. Dîtes moi que je suis folle.

- C'est ce que vous voulez entendre ? Ce n'est pas ce que je crois.

- Vous titillez ma curiosité, Docteur.

- Vous êtes n'êtes pas folle, car vous êtes pourvu de raison. Vous êtes simplement spéciale. Étrange. Effrayante. Manipulatrice. Vous planifiez tout. Vous aimez prévoir. Une perfectionniste. Vous ne vous en remettez jamais au hasard. Je mettrais ma main au feu que vous vous levez tous les jours à la même heure.

- Correct.

- La routine vous rassure. Vous pouvez ainsi contrôler chacune des minutes qui composent votre journée. Vous faîtes partis de ceux qui doivent s'assoir à la même table pour déjeuner, sous peine de piquer une colère noire.

- Faux. C'est que me différencie des fous, en plus du fait que je sais faire preuve de discernement. Je sais m'adapter à mon environnement. Le changement soudain ne me fait pas peur. Au contraire, c'est assez excitant. J'y vois là comme un défi. J'aime me surpasser presque autant que j'aime gagner.

Silence.

- Vous semblez désemparé, Docteur. C'est adorable.

- Vous m'agacez. Rien de tout ça ne semble logique ! Vous avez un discours décousu, certes, mais il n'est pas confus, ce qui me laisse assez perplexe, pour ne rien vous cacher. Je n'arrive pas à expliquer la cause de vos troubles. Je ne réussis pas à vous analyser, votre attitude ne correspond en rien avec d'autres cas de bipolarité, de trouble dissociatif de l'identité, ou de dépression. Vous avez pourtant bon nombre de symptômes ; mais je ne parviens pas à saisir la nuance et mettre le doigt sur votre pathologie, si ce n'est que vous avez une putain de surdouée !

- Gardez votre sang froid. Perdre vos moyens n'est pas digne de vous. De plus il convient de remplacer le terme « surdouée » par « Haut Potentiel Intellectuel ».

- J'ai la désagréable impression que vous jouez avec moi.

- Bien sûr. Tout ceci n'est un jeu, et c'est moi qui mène.

- Ne vous réjouissez pas trop vite, je suis plein de surprise. Je finirai par vous percer à jour. Je m'y engage !

- Vous êtes l'homme le plus prévisible que j'ai rencontré.

- Mais encore ?

- Vous êtes prévoyant, sérieux, réfléchi, pragmatique. Nous avons énormément de points communs.

- Continuez.

- Vous aimez les polars.

- Oui, beaucoup.

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