« Je veux vivre dans tes yeux, mourir dans tes bras et être enterré dans ton cœur. »
Huit coups.
Vingt heures.
Je me relevai soudain, la panique montant en moi. Où étais-je ? Ella ? Où était Ella ? Je ne la voyais plus, et tournai en rond pour essayer vainement de voir son doux visage surgir de nulle part, de n'importe où. Je savais bien que tout ce que je pouvais faire n'allait aucunement me faire voir Ella. Je commençais petit à petit à comprendre... les idées prenaient forme... ce n'était qu'un rêve, mon imagination.
Je me trouvais à nouveau dans le passage sombre, dans lequel je m'étais fait agresser il y a peu de temps. Je voyais à nouveau le pistolet sur ma hanche. Je soulevai légèrement mon t-shirt, pour voir apparaître une petite trace circulaire rouge sur le côté gauche, formant le canon qui aurait pu expulser une balle. Je frissonnai.
Ce rêve n'était pas apparu comme ça par hasard. J'en étais certain. Il voulait me faire comprendre quelque chose : je ne devais pas laisser Ella, même si ma vie en dépendait. Je l'avais compris grâce au double de la fille que j'aimais, constituée de pensées, d'imagination et particules vaporeuses. C'était fou. Jamais je n'aurais pensé qu'une personne qui résidait dans mon esprit allait me faire comprendre les choses. Mais je venais de me le prouver. Enfin, mon cerveau l'avait fait. Il venait de me faire comprendre que ma vie n'était qu'un simple jouet pour l'amour et la mort.
Il fallait que je rentre. Et très vite. Je devais voir ma mère et ma sœur, c'était urgent. D'un geste brusque, je pris les baguettes qui étaient restés sur le sol de pierre pendant tout ce temps, et je m'en allais, courant à vive allure. J'avais toujours peur de rencontrer par hasard la personne qui m'avait mis en joue il y a une heure de cela, mais ma détermination de rejoindre ma famille l'emporta. Je ne sentais presque plus mes pieds, maintenant. Je parcourrai la ville, essoufflé mais prêt à tout.
Je sentais mon front s'humidifier petit à petit. L'épuisement accompagna les gouttelettes de sueur ; j'étais fatigué de cette course. Mais je devais, avant toute chose, avant la fin, parler à Lynn et à ma mère. Je devais le faire. Sinon, j'allais les laisser dans un monde dangereux, seules, sans moi ni mon père.
La porte de la maison se trouvait enfin devant moi. J'attrapai, de mes mains moites, les clés qui reposaient dans ma poche. Le stresse montait en moi dangereusement. Dans quelques minutes j'allais devoir demander à ma sœur et à ma mère une chose qu'elles n'accepteront peut-être pas. Et cela me tracassait. Je ne pouvais pas les obliger, mais si elles n'entreprenaient pas mon plus cher désir avant ma disparition, j'appréhendais le moment qui allait suivre mon envol vers mon père. Et il était hors de question que je laisse Ella sans rien, sans moi, sans amour.
Ma mère regardait la télévision dans le salon, et ma sœur était un peu plus loin, en train de lire dans un divan en cuivre. Elles arrêtèrent tous deux leurs occupations quand elles s'aperçurent de mon apparition soudaine. Mes baguettes dans la main, j'étais horriblement tendu et je me rendais compte qu'elles l'avaient senti. Cela se voyait, j'avais couru et d'après l'heure à laquelle j'étais entré, elles allaient sûrement se posaient des questions. Mais je ne devais pas leur répondre. Il ne fallait pas qu'elles apprennent un seul mot sur ce qui s'était déroulé. Rien. Elles devaient uniquement savoir ce que j'avais à leur dire.
- Derek ! Encore une fois, tu as dépassé l'heure. Tu ne dois pas traîner dehors à cette heure-ci, grogna ma mère, qui s'était levée du canapé en s'approchant vers moi, afin de prendre le pain de mes mains.
- Je sais, maman. On pourrait aller dans la cuisine. J'aimerais vous dire quelque chose.
Elles me dévisagèrent, toutes les deux perplexes.

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Réclusionnaire
Bilim KurguDerek vit à Neal Town, ville encore inconnue jusqu'aujourd'hui en Amérique. Cette ville retient prisonniers plus de deux mille habitants, sous les ordres d'un maire manipulateur et dictateur. Personne ne peut s'échapper de cet endroit et c'est bien...