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Deux semaines... ces mots trottaient dans l'esprit de l'adolescente, elle demeurait incapable de s'en défaire. Deux semaines, elle avait passé deux semaines prisonnière cet étrange purgatoire sans même s'en être rendue compte. À ses yeux, ces semaines défilaient en secondes. Le temps s'était écoulé d'une façon bien trop brève pour être normale. Malgré cela, Calypso s'en était sortie indemne. Et c'était pour elle, mais aussi pour chaque homme travaillant ici, un miracle.
"Alors ? Pietro interrompit le cours de ses pensées.
- Alors ? Calypso le regardait à travers la petite fenêtre qui séparait leurs deux cellules, incrédule. Alors quoi ?
- Qu'est-ce que ça a changé chez toi ? Reprit-il. Ses yeux bleus scannaient le visage encore chamboulé de la jeune femme. Il était clair qu'elle avait quelques difficultés à suivre le rythme du Sokovien.
- Tu dois bien avoir une nouvelle ... capacité, intervint Milena qui prit part à la conversation. Elle marqua une pause, puis reprit. Puisque t'es là, brunette.
- Je suis toujours normale... ça n'a pas fonctionné, c'est tout."
Pietro détaillait les traits fatigués de son visage pâle. Ses sourcils se fronçaient davantage. Il tapotait nerveusement la paroi de sa cellule afin d'occuper son esprit bien trop agité. Il s'apprêtait à dire quelque chose d'autre, mais un bruit sourd le coupa dans son élan. Calypso eut un sursaut et se rapprocha du mur qui la séparait de Pietro par instinct.
"C'était quoi ça ? Lança Wanda. D'autres bruits sourds retentirent contre les murs en pierre du bâtiment. Pietro ?
- C'est pas moi !"
Les bruits sourds se changèrent en explosions. Quelques roches tombaient du plafond, les lumières clignotaient à un rythme saccadé et une sirène retentit dans l'enceinte de la base. Pietro glissa sa main, comme il le put, au travers de l'ouverture du mur. Sa main fut rapidement rejointe par celle de Calypso qui la serra aussitôt, encore affaiblie. Les agents se bousculaient de l'autre côté des baies vitrées, ils s'écriaient en allemand.
"Nous sommes attaqués, faites sortir les optimisés, ordonna le Baron en entrant dans la pièce. Les Avengers nous rendent visite. La pression que Pietro exerçait sur la main de Caly devint légèrement plus brute à l'entente de sa dernière phrase.
- Monsieur... c'est encore trop tôt, ils seront davantage en sécurité ici. Le sujet 15 n'est même pas-, tenta vainement l'agent, celui qui s'était montré plus doux que les autres. L'étiquette sur son veston affichait le nom : Bach.
- C'est un ordre, Bach. Il retira son monocle et posait désormais son regard froid et dur sur son interlocuteur. Votre petite-amie me désobéissait souvent, et aujourd'hui elle en est morte. Je vous déconseille fortement de suivre le même chemin que Dolohov. Est-ce que c'est clair ?"
Le dénommé "Bach" restait muet sous les menaces de son patron. Il acquiesça finalement après quelques secondes et reporta son attention sur les optimisés. Principalement sur Calypso et Pietro, qui se tenaient toujours la main malgré leur séparation.
"Je suis désolé, avait-il prononcé avant de déverrouiller les quatre portes en fer simultanément. Restez ici. Vous serez en sécurité à condition que vous ne quittez pas la bâtisse, je reviens tout de suite." Il caressa la joue de Calypso, qui se tenait maintenant derrière un Pietro tendu et menaçant, puis disparut dans la pénombre sous toute cette agitation afin de guider les chars et les hommes de Strucker dans l'espoir de protéger la base un peu plus longtemps.
Wanda s'accrochait au bras de Pietro, qui lui, examinait la salle du regard. Milena, elle, s'était adossée à un mur près d'eux, dans le renfoncement de la pièce. Elle croisait les bras contre sa poitrine, la mâchoire contractée. Quant à la plus jeune, elle se tenait toujours derrière le Sokovien. Ses yeux étaient perdus dans le vide, elle fut contrainte de prendre appui contre le mur, ne tenant presque pas debout. Le regard de la blonde se posa sur elle, une once d'inquiétude traversant ses yeux gris.
"On peut pas rester ici, dit-elle, d'une voix basse, suffisamment élevée pour que les trois autres l'entendent. Son état va s'aggraver. Elle pointa Calypso du menton. Ils nous laisseront pas sortir, Maximoff. Cette dernière n'obtint qu'un long silence pour réponse. Pietro laissa échapper un soupir et posa son attention sur le Baron qui avait pris la parole. Il mobilisait ses hommes.
- Nous ne cèderons pas ! Les Américains ont envoyés leur phénomène de foire nous tester. Nous les renverrons dans des boîtes. Il marchait à travers les rangs. Pas de reddition !"
L'adolescente sentit son estomac se contracter sous la peur. Elle regardait le Baron approcher à nouveau d'un homme plus loin et lui parler à voix basse.
"Elle doit sortir en première, reprit Milena, plus bas. Prends Wanda, je vous rejoindrai."
En une fraction de seconde, Pietro passa un bras sous les genoux de Calypso, l'autre dans son dos, puis il disparut. Le vent sifflait derrière lui. Il prit soin de déposer la brune contre un arbre plus loin, afin qu'elle soit cachée par la neige. Il décala quelques mèches rebelles de son visage. Seulement celles qui cachaient ses joues rougies par le froid de son pays natal.
"Je vais revenir te chercher, tu ne bouges pas quoi qu'il arrive. Tu m'entends ? Son ton était plus dur qu'habituellement, il n'y avait pas une seule trace de moquerie dans sa voix. L'intérêt de Caly se portait sur chacune des explosions et sur chacun des bruits de tirs non loin d'eux, son cœur se serrait un peu plus au fil du combat qui se déroulait autour d'elle, combat dont elle ne voyait rien. Princessa, regarde-moi. Ses mains se posèrent sur ses joues froides, forçant la jeune femme à reporter son attention sur lui. Le Sokovien sentait sa terreur et les souvenirs douloureux qui en étaient la source. Tu ne bouges pas d'ici. Je vais chercher les autres. Il ne va rien t'arriver, я обещаю тебе (je te le promets)."
Le Sokovien disparut une fois encore. Il sciait l'air sur son passage, seule une trainée bleutée laissée derrière lui signalait son passage. L'adolescente replia ses genoux contre sa poitrine, ses mains frêles couvraient ses oreilles. Les douleurs lancinantes qui traversaient ses membres ne s'étaient pas tues. Au contraire, elles s'étaient accentuées sous la peur et par la course effrénée de son ami.
"Il va revenir... tentait-elle de se rassurer. Cette fois.. il va revenir" se répétait-elle inlassablement pour taire son angoisse. Pourtant, il n'était jamais revenu.
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Calypso Dolohov
Fanfiction[Fanfiction - Pietro Maximoff] Cette histoire se résume en un nom, son nom : Calypso Dolohov. Victime d'un passé tragique et privée de son enfance, Calypso s'était vue grandir bien plus vite qu'elle ne l'aurait dû et, en un bref instant, elle était...