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"Et si ce n'était pas Stark, là-bas ?" Avait demandé Calypso, tentant de rompre le silence. Un silence lourd, interrompu par les bruits de pas cycliques et désorganisés des quatre amis qui résonnaient en écho à travers les ruelles vides et froides de Sokovie. Aucun d'eux ne lui répondit.
Pietro marchait aux côtés de Wanda, les bras le long du corps. Ses épaules se balançaient d'avant en arrière à chaque mouvement. Il regardait de temps à autre Calypso, qui marchait derrière avec Milena, à l'écart. La jeune femme contemplait les murs de la ville. Elle demeurait plongée dans l'océan vaste de ses pensées. Une expression d'inquiétude et d'incompréhension au visage. En effet, elle se demandait ce qui pouvait bien amener l'homme de fer, une fois encore, ici. Elle se demandait si ce n'était pas un piège de la part de Strucker, ou d'un quelconque autre de ses hommes. Ses questionnements l'avaient fait ralentir, sans même qu'elle ne s'en rende compte. Ce n'était qu'au contact de la main ferme de Pietro autour de son poignet que cette dernière revint à la réalité. Tandis que le Sokovien s'adaptait au rythme de la brune, Milena calquait le sien sur celui de Wanda. Le silence subsistait, mais le contact physique qu'il lui offrait apportait à Caly un peu de réconfort - bien que ce ne fut pas l'intention première du garçon - et un rythme un peu plus rapide. Ils atteignirent le bâtiment en ruine après quelques minutes de marche, la prise de Pietro se desserra jusqu'à relâcher complètement le poignet de l'adolescente une fois arrêtés devant les grilles couvertes de fleurs. L'écart que son geste avait marqué entre les deux n'échappa guère au regard de Calypso. Elle plongea ses mains dans ses poches et suivit le groupe à l'intérieur du bâtiment presque détruit. La pièce était sombre, au vue de l'heure tardive, et la clarté de la couleur des pierres contrastaient avec l'obscurité déjà présente. Les yeux de Calypso se déposèrent machinalement sur le siège en son centre. Il avait l'air occupé par une imposante silhouette.
"Parle, et si tu nous fais perdre notre temps.
- Savez vous que cette église se trouve précisément au centre de la ville, commençait la voix lente et presque robotique de la silhouette drapée. Les Anciens en avaient décidé ainsi afin que chacun puisse être à égale distance de Dieu. Tandis que ce dernier continuait son monologue, Calypso s'était écartée du groupe afin de percevoir son visage. Tu te demandes ce que je suis, n'est-ce pas ? Pourquoi tu ne peux sentir une quelconque once de vie en moi, continuait-il, se rendant compte de la curiosité de la jeune femme. Il tourna la tête vers elle soudainement, puis quitta son siège, dévoilant son imposante carrure robotique. À cette vue, Caly pâlit et eut un mouvement de recul. Je ne suis pas celui que vous attendiez."
Milena attrapa le bras de la jeune femme pour la tirer vers eux, puis dans la continuité, Pietro passa un bras protecteur autour de sa taille pour la pousser derrière lui. Le Sokovien gardait une prise ferme sur elle, sans quitter un seul instant le robot des yeux. Ce dernier marchait autour du trône à mesure qu'il parlait.
"Vous avez laissé Stark prendre le sceptre et le caisson ?
- Si vous aviez vu la peur dans ses yeux, avait rétorqué Milena lorsqu'il s'éloignait d'eux. Nous savions que sa peur le détruirait, enfin... c'était l'idée. Quant au caisson, nous ne savions pas.
- Quel caisson ? Demanda Pietro en regardant son amie, mais ce fut au tour de Calypso de prendre la parole.
- Il était dans une pièce verrouillée et protégé par une porte blindée là-haut, je crois. Mais... qu'est-ce qu'il y avait à l'intérieur, exactement ?
- Sûrement l'une, si ce n'est l'arme la plus dangereuse d'Hydra, il laisse échapper un rire sadique. Cette arme pourrait anéantir les Avengers.
- C'est là ton but ultime ? Détruire les Avengers ? Demandait Wanda, en s'approchant d'un pas sous le regard observateur de son jumeau.
- Mon but ultime est de sauver le monde. N'était-ce pas le vôtre, il y a quelques années ? Lorsque vous vous êtes portés volontaires ?
- Nous voulions protéger la Sokovie, enchaîna Milena. Nous voulions empêcher Stark de commettre un énième génocide comme celui qui a éliminé nos familles. Sa voix était ferme, déterminée. Cependant, la douleur qui y régnait restait aisément audible.
- Sans les Avengers, sans Tony Stark. Le monde ne sera plus en danger. Vous n'aurez plus besoin de vivre dans la peur, les yeux rouges du robot se posaient sur chacun d'eux, avant de finir leur chemin sur Calypso. Sans Tony Stark, il n'y aura plus de dommages collatéraux. Pietro resserrait sa prise sur Calypso à l'évocation de son aînée qui avait sacrifié une grande partie de sa vie par la faute du milliardaire. Il est temps de rendre justice. Suivez moi."
Sur ces derniers mots d'Ultron, Milena fut la première à suivre le robot. Elle fut rapidement imitée par les jumeaux, puis Calypso. Ils marchaient d'un pas rapide vers la forêt, les pieds s'enfonçant dans les quelques centimètres de neige qu'il restait. Le cœur de la brune, soumis au le poids de ces idéaux, comprimait sa poitrine et une sensation d'étroitesse rendait sa gorge douloureuse. Calypso s'était toujours montrée méfiante. Mais malgré cette méfiance, les paroles d'Ultron résonnaient en elle. Tout comme ils résonnaient en chacun des optimisés. Si les Avengers cessaient d'exister, ils ne représenteraient plus un danger constant pour les peuples pauvres. Tony Stark était un héros pour beaucoup de Sokoviens et Calypso en faisait partie dès son plus jeune âge... jusqu'au jour où il lui avait arraché ses parents. Et avec eux, beaucoup d'innocents de tout âge.
Les craquements de branche sous les chaussures de la brune l'incitèrent à se recentrer sur leur trajectoire. Cependant, à la vue de la base d'Hydra désormais dépeuplée, son estomac se contracta à son tour. Caly remarqua seulement une fois à l'intérieur du bâtiment que Pietro tenait toujours sa main. Il faisait des mouvements circulaires sur sa peau douce du bout des doigts. Son cœur cognait à vive allure dans son torse à chaque fois qu'il touchait la peau froide de l'adolescente, ce n'était pas une sensation déplaisante, au contraire. Il désirait pouvoir faire plus malgré la rancœur qui l'habitait encore. Le trajet du robot s'acheva enfin dans une immense pièce sous-jacente du sous-sol.
"Nous serons bientôt prêt. C'est un bon début, mais il nous manque de quoi nous mettre au travail."
À la vue des multiples silhouettes robotiques, Calypso entrouvrit ses lèvres. Elle contemplait l'immensité qui s'offrait face à elle avant de s'asseoir sur une marche à l'écart. Les jumeaux conversaient avec l'intelligence artificielle tandis que Milena touchait quelques pièces, un peu plus loin. La brune ne put s'empêcher de porter son attention sur son amie, qui paraissait ailleurs. Elle la quitta des yeux un peu après, pour poser son regard sur Pietro. La faible lumière bleutée du lieu faisait ressortir la blancheur de ses mèches. Sa mâchoire paraissait contractée et la posture qu'il avait prise laissait comprendre à Calypso qu'il restait tout de même sur la défensive face au robot. Elle eut un maigre sourire en remarquant le tic qu'il n'avait jamais perdu : celui de s'aspirer l'intérieur de la joue pour empêcher un sourire de prendre place sur son visage. Bien que ce sourire fut un sourire forcé, quoiqu'un peu mélancolique à la mention de ses parents. Pietro restait beau, il l'était même plus encore qu'auparavant. Calypso se rendit alors compte qu'elle ne s'était jamais réellement attardée sur ces détails. Le Pietro qu'elle avait connu avait mûri.
"Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Pensait-elle avant de secouer sa tête dans l'espoir de faire taire ces pensées intrusives qui n'avaient pas lieu d'être.
- Nous aurons besoin de temps, intervint Wanda. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère.
- J'espère que nous y trouverons un accord." Conclut Ultron.
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Calypso Dolohov
Fanfiction[Fanfiction - Pietro Maximoff] Cette histoire se résume en un nom, son nom : Calypso Dolohov. Victime d'un passé tragique et privée de son enfance, Calypso s'était vue grandir bien plus vite qu'elle ne l'aurait dû et, en un bref instant, elle était...