I. Et si...

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"Si vous décidez de revenir dans l'équipe, vous serez toujours le bienvenu"

Les mots prononcés par Le Président, près de deux ans plus tôt, résonnaient encore dans sa tête.

Il est des poisons lents qui mettent très longtemps à agir.
Le doute peut partir d'un petit détail, juste un mot, le balbutiement d'une idée qui, lentement, s'immisce partout, envahit tout l'espace comme une mauvaise herbe, pour finir par ne plus pouvoir être ignoré.

Et si...?

Cela faisait de longues minutes que Gabriel Attal laissait couler l'eau sur son corps. Elle était fraîche et douce, débarrassant sa peau du sable et du sel.

Et si...
Je n'étais pas parti ?

- "Gabriel ? Ça va ?"

- "Oui, oui, tout va bien !"

- "Ok, ça fait un moment que tu es sous la douche, tu me laisses la place ? Ou je te rejoins...? Je suis plein de sable..."

Et si...
Je revenais ?

- "C'est bon j'ai terminé, la voie est libre", rétorqua Gabriel en fermant le robinet. Il croisa Jordan dans la salle de bain et passa près de lui sans le regarder.

Il se dirigea sur la terrasse, une serviette enroulée autour de sa taille. Il s'installa sur un transat et laissa son regard plonger dans le lointain, tandis que lui même plongeait dans ses souvenirs.

Il songeait au passé. Sa carrière politique et médiatique, les projets qu'il avait mené, les heures de travail passées à réfléchir, créer, entreprendre... Ses responsabilités de premier ministre...

Ainsi immergé dans ses souvenirs, un frisson électrique le parcourut, une sensation qui le galvanisa l'espace d'un instant, un mélange d'excitation et de trac, un fourmillement au fond de son ventre qui disparût aussi vite qu'il était arrivé.... Un frémissement qu'il n'avait pas ressenti depuis si longtemps...

Tous ces souvenirs paraissaient si lointains qu'ils lui semblaient provenir d'une autre vie.

Aujourd'hui, aux côtés de Jordan, il était totalement heureux. Un bonheur sans aspérités, un bonheur parfait, un bonheur...

Trop lisse ?

Dans quelques mois, il le savait, les Français éliraient un nouveau président de la république.

Une élection qui aurait lieu sans lui.

Et si...
Je m'étais présenté ?

Il était tellement perdu dans ses pensées qu'il n'entendit pas Jordan le rejoindre.

Celui-ci perçut très vite que Gabriel était loin, très loin de lui en cet instant. Malheureusement, c'était loin d'être la première fois.

Depuis un moment, Jordan l'observait, avec une impuissance qui le rendait fou, se détacher insidieusement. Et plus il essayait de le ramener vers lui, plus Gabriel s'éloignait.

Il n'en avait pas encore vraiment conscience, mais il savait déjà, au fond de lui, que tout allait bientôt changer.

Gabriel aussi, le savait.

Le doute est un poison qui tue à petit feu.

[Bardella et Attal] Plaisirs interdits (🔞🍋) - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant