XXXIII. Guet-apens

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Damien était de retour dans sa chambre après sa séance de rééducation.

Il se regardait dans le miroir, posant sa main sur sa mâchoire, l'air contrarié. Il souffrait toujours, et, par ailleurs, sa face restait légèrement déformée. Les médecins n'avaient pas pu lui garantir qu'il pourrait retrouver son visage d'autrefois.

Quel connard, pensa t'il, en se remémorant l'intervention de Jordan qui lui avait valu sa fracture maxillo-faciale.

J'étais à deux doigts de me la faire, cette petite salope...

Il laissa sa main glisser le long de son corps, jusqu'à son entrejambe, qu'il serra fermement à travers son pantalon.

J'aurais pû te la mettre bien salement, petite salope...

Un frisson d'excitation le parcourut, et, toujours face au miroir, sans quitter des yeux son visage tordu, ses doigts se faufilèrent à l'intérieur de son pantalon, jusqu'à atteindre le bout de son sexe, protubérance rougie par une tension malsaine.

Petite salope, Gabriel...
Petite salope !

Un filet de bave glissa de sa commissure. Il tirait maladroitement sur sa bite, comme s'il ne savait pas s'en servir.

Salope, salope, salope !

Soudain, il sursauta. Sa main quitta immédiatement son entrejambe, tandis qu'il se retournait en direction du bruit qui avait attiré son attention.

Face à la vision qui s'offrait à lui, il fronça les sourcils, une expression d'incompréhension assombrissant son visage.

- "Qu'est ce... Que... Qui êtes vous ?"

Devant ses yeux, se tenaient cinq gaillards. Cinq molosses tous beaucoup plus grands et costauds que lui. Cinq armoires à glace aux muscles saillants et tatoués. Leurs visages étaient de ceux qui ont vu, commis ou subi beaucoup d'horreurs. De multiples balafres se promenaient sur leurs peaux burinées. Deux des hommes étaient presque édentés. Ils souriaient tous, d'un sourire glaçant.

L'un d'eux pris la parole, et déclara, froidement :

-"On n'aime pas les violeurs"

-"Hein ?!"

Alors, les hommes s'écartèrent, et Damien fit la grimace lorsqu'il aperçut derrière eux Gabriel, ainsi qu'un autre homme, beaucoup moins costaud que les cinq autres, mais dont une cicatrice déchirait le sourcil et la pommette en un large trait interrompu seulement par son oeil gauche.

-"Gabriel ? C'est quoi, ce guet-apens ?"

Gabriel se tenait debout, fier, les mains dans les poches. Il avança vers Damien, d'une démarche assurée, le visage impassible.

-"Je crois que t'as compris, enfoiré"

Deux des hommes s'étaient déplacés et se tenaient désormais devant la porte de la chambre, rendant impossible toute sortie ou entrée.

Gabriel sortit une main de sa poche. Il brandit le dictaphone sous les yeux de Damien, et appuya sur le bouton en le regardant droit dans les yeux.

Leur conversation passée se fit entendre :

- "Tu m'as fait du rentre dedans pendant des semaines et je n'ai cessé de repousser tes avances, jusqu'au jour où ton amoureux et toi êtes venus m'agresser pour abuser de moi !"

-"Tu es complètement cinglé, Damien. Tu sais très bien que c'est faux"

-"Bien sûr que c'est faux, mais ça personne ne le sait, à part ton chéri et toi même ! Et je doute que tu n'aies envie que l'on remette sur le tapis votre petite relation, que vous avez eu tant de mal à faire oublier, quelques semaines à peine avant les élections !
Tu vas me laisser revenir dans ton équipe dès que ma convalescence sera terminée, ou je raconterai à tout le monde ce que vous m'avez fait dans les toilettes, ce jour là ; enfin, tu m'as compris"

-"T'es fini, Damien", reprit Gabriel, à la fin de la diffusion de l'enregistrement.

Il s'approcha au point de se retrouver à quelques centimètres du visage du prédateur.

-"J'ai envoyé une copie de ce fichier à tout ton entourage : ta mère, Anita ; ton frère, Samuel ; tes meilleurs amis, Samir et Jeanne ; et même ta voisine de palier, Madame Ramillard.
Tu vois ? On s'est bien renseignés... Ils sauront qui tu es vraiment."

Damien se décomposa. La terreur se dessina sur son visage à mesure qu'il réalisait l'ampleur de ce qui était en train de se passer, l'onde de choc qui se propageait pour annihiler sa vie d'avant.

Lucas fit un signe discret aux hommes de main. Trois d'entre eux avancèrent alors et s'approchèrent lentement, au plus près de Damien, le cernant de toutes parts.

L'un d'eux tenait un couteau, qu'il approcha de la gorge de l'homme.

-"Tu vas devoir tout quitter, Damien, et disparaître loin de nous. Mais sache qu'on gardera toujours un œil sur toi, où que tu ailles..."

L'homme de main fit lentement glisser la lame le long du corps de Damien, dont la respiration s'était tellement accélérée qu'elle était devenue bruyante. Il gémissait en pleurant.

Gabriel poursuivit :

"Et si tu t'avises de recommencer..."

Le couteau était maintenant contre son entrejambe, sur laquelle l'homme de main maintenait une pression avec la pointe de la lame.

"... On reviendra te voir, pour découper lentement les deux raisins secs qui te servent de couilles..."

La pression du couteau se fit plus forte, et soudain, le corps de Damien se mit à trembler, et une tâche sombre se diffusa lentement sur son pantalon. Une nauséabonde odeur d'urine se répandit dans la pièce.

-"Sale ordure...", murmura Gabriel, les dents serrées, en se dirigeant vers la sortie.

A son tour, Lucas s'approcha de Damien et expulsa dans sa direction un gros mollard glaireux, qui atterrit sur son nez.

Ce jour là, la peur changea de camp.

[Bardella et Attal] Plaisirs interdits (🔞🍋) - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant