[Bardella et Attal] Plaisirs interdits (🔞🍋) - Tome 2

XIII. Un parcours semé d'embûches

Gabriel était comme figé, paralysé, incapable de réagir. Lorsque les lèvres de Damien effleurèrent les siennes, tous ses muscles se crispèrent, ses bras se raidirent le long de son corps. Son coeur et sa respiration s'accélérèrent.

Le parfum liquoreux de Damien pénétra dans ses narines, et lui déclencha immédiatement un haut-le-coeur, qui le ramena à lui.

- "Arrête, Damien", dit-il en le repoussant.

Mais Damien ne bougea pas.

Au contraire, il s'approcha davantage, au point que Gabriel se retrouva acculé contre la machine à café.

- "Gabriel... Je sais que tu en as envie autant que moi...", murmura Damien en empoignant ses épaules, sa bouche remuant doucement contre celle de son acolyte.

Gabriel sentit la langue de l'homme tenter de se frayer un passage entre ses lèvres.

Dans sa tête, la seule image qui lui vint en cet instant, fut le visage de Jordan. C'était le seul visage qu'il aurait voulu sentir près de lui avec une telle proximité, et c'est ce visage qui lui insuffla la force de se dégager de l'étreinte de Damien.

Il tourna la tête sur le côté et déclara avec fermeté :

-"Je t'ai dit d'arrêter. Je n'en ai pas envie !"

Son coeur battait la chamade, il tourna les talons, bouscula l'homme, et quitta les lieux d'un pas pressé.

Derrière lui, il entendit la voix de Damien :

- "Gabriel, attends !"

Sans se retourner, il se précipita dans l'ascenseur qui le conduisit jusqu'à sa chambre, où il se rendit immédiatement aux toilettes. Saisi d'incontrôlables hauts-le-coeur, il se mit soudain à y rendre impétueusement l'entièreté de son repas.

Essoufflé, sous le choc et les yeux gorgés de larmes, il trouva la force d'aller verrouiller la porte de sa chambre, comme pour empêcher un monstre de cauchemars de l'y rejoindre. Il se déshabilla et se jeta sous la douche, et frotta frénétiquement, pendant de longues minutes, toutes les parties de son corps qui avaient été en contact avec Damien.

Il finit par retourner dans sa chambre et se laissa tomber sur son lit, où il se recroquevilla en gémissant.

L'odeur écoeurante de Damien lui parut être encore présente dans ses narines, et il lui sembla continuer de percevoir la sensation râpeuse de sa langue sur ses lèvres.

A ce moment là et plus que tout, il aurait voulu sentir la chaleur de Jordan l'envelopper, afin de s'y reconstruire, de s'y réparer, après cette atteinte brutale de son intimité. Il aurait voulu que l'odeur de Jordan chasse celle de Damien ; il aurait voulu entendre sa voix le réconforter ; il aurait voulu s'abandonner dans ses bras protecteurs.

C'est en se réfugiant dans le souvenir de Jordan qu'il finit par plonger dans le sommeil, épuisé et grelottant.

*

Après une nuit agitée, une fois de plus, Gabriel dut chasser ses idées noires et se préparer à affronter une nouvelle journée.

Il avait rendez-vous dans le hall de l'hôtel avec ses collègues. Il s'y rendit très anxieux à l'idée de croiser à nouveau le regard de Damien.

Heureusement, Yanis était seul, Gabriel alla le saluer. Ils furent rejoint peu après par Constance ; et finalement, Damien fit son apparition, un grand sourire enjoué illuminant son visage.

Gabriel se raidit lorsqu'il le vit s'approcher de lui. Sans même lui adresser un regard, Damien déposa une bise sur sa joue en s'exclamant :

- "Bonjour Gabriel, bien dormi ?"

Gabriel bafouilla un "oui oui, très bien", auquel l'autre ne prêta même pas attention, trop occupé à saluer par de chaleureuses embrassades Yanis et Constance.

Un frisson de dégoût traversa l'échine de Gabriel. La nausée était toujours là.

Une longue route les attendait encore avant d'arriver dans une autre ville pour poursuivre leur campagne.

Dans la voiture, Gabriel se trouva assis à côté de Damien.

A peine installés, il sentit la cuisse de Damien se coller contre la sienne avec insistance. Plus il resserrait les jambes pour s'en éloigner, et plus il lui semblait que Damien écartait les siennes pour maintenir sa pression.

Gabriel tourna la tête vers l'extérieur et ouvrit la fenêtre pour chasser le frisson de dégoût qu'il sentait monter à nouveau en lui.

Il prit conscience en cet instant qu'un long parcours l'attendait. Un parcours semé d'embûches et de difficultés, mais un parcours qu'il devrait affronter à bras le corps. Ces épreuves, cette campagne, il les avait choisis.

Sa confiance en Damien était brisée, et désormais, il allait devoir s'en protéger, seul.

Il soupira, essayant d'occulter la sensation de la cuisse de son collègue au contact de la sienne.

Il ferma les yeux et se raccrocha à l'idée qu'un jour, il l'espérait au plus profond de lui, il reverrait Jordan.