XXVII. Un fantôme revenu du passé

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Gabriel dormait profondément lorsqu'il fut réveillé par une sensation désagréable, celle d'un vide à ses côtés.

Il tendit le bras machinalement, à la recherche de la présence aimée, mais ses doigts n'effleurèrent que les draps, et le froid de l'absence.

Il ouvrit un oeil et tourna la tête en direction de la place de l'homme.

- "Jordan ?"

L'esprit encore ensommeillé, il se redressa pour s'asseoir sur le bord du lit. Il se frotta les yeux et regarda l'horloge.

Quatre heures trente-cinq.

"Jordan ??"

Une angoisse diffuse s'empara de lui. Dans l'obscurité de son appartement, il se leva et sortit de la chambre.

Dans le salon, son regard se posa rapidement sur la silhouette immobile, aux épaules carrées, qui se tenait debout au milieu de la pièce, lui tournant le dos.

Gabriel s'approcha de l'homme et enroula ses bras autour de sa taille.

"Jordan... Qu'est ce que tu fais ?"

L'homme tourna la tête dans sa direction, son regard était sombre, ses yeux remplis de larmes.

-"Gabriel... Sers moi fort..."

Alors, il resserra son étreinte autour du corps de Jordan, glissant ses doigts sous son t-shirt pour entrer en contact avec sa peau.

-"Je suis là, Jordan"

-"Ne me lâche pas, s'il te plaît. Ne me laisse pas. Plus jamais..."

-"Plus jamais, Jordan... Je te le promets."

Les deux hommes restèrent ainsi un long moment. Les doigts de Jordan agrippaient les bras de Gabriel comme s'il avait peur de le voir s'en aller.

"Viens te coucher, pourquoi tu ne dors pas ?"

Peu à peu, Jordan sembla sortir de sa torpeur.

- "Toujours l'obscurité, Gabriel ; elle est partout, dans mes pensées, et dans mon cœur... Elle envahit tout, et la nuit, c'est encore pire..."

Gabriel fit face à Jordan et prit sa tête entre ses mains pour capter son regard. Ses yeux brillaient dans la pénombre.

-"Toi et moi, on va se battre pour chasser ces démons, Jordan. On va se battre ensemble, c'est compris ?"

Il prit la main de l'homme et l'entraîna jusqu'à la chambre.

-"Tu es épuisé, allonge toi"

Jordan prit place dans son lit, tandis que Gabriel s'allongea dans son dos et l'enveloppa de ses bras.

"On est en sécurité, les mauvais souvenirs ne sont plus la réalité ; la réalité maintenant, c'est nous..."

Il resserra ses bras autour de Jordan, qui tremblait.

-"Rendors-toi, je reste là..."

-"Ma lumière, Gabriel... Tu es ma lumière..."

Les paupières de Jordan se fermèrent, et, apaisé par la présence et les paroles de l'homme, il accepta enfin de se laisser aller au sommeil.

*

Quand le réveil sonna, les deux hommes n'avaient pas bougé de la position qui avait permis à Jordan de s'apaiser.

Immédiatement, il tourna la tête en direction de Gabriel et lui adressa un sourire.

-"Je t'avais dit que je restais là, tout près de toi...", dit Gabriel.

Il demanda :

"Ça va mieux ? Tu dois être épuisé..."

-"Ça va... Il fait jour maintenant... J'ai plein de choses à faire, ça va m'occuper l'esprit..."

-"Quel est votre programme pour la journée, Monsieur Bardella ?"

-"Si tout va bien je boucle les signatures aujourd'hui, et on célèbre ça ce soir, d'accord ?
On pourrait en profiter pour faire part à Emma de ta proposition de lui prêter ton appartement. Comme ça, nous aurons deux choses à fêter...
Et toi, tu vas faire quoi ?"

-"Je vais réfléchir à la façon de me débarrasser de Damien.
Ensuite, j'ai plusieurs dossiers sur lesquels plancher pour la campagne ; enfin, tu connais la chanson !"

-"Je la connais, oui..."

Jordan regarda Gabriel, les yeux pétillants.

"Ma lumière....", ajouta t'il en caressant sa joue.

*

Gabriel arriva au bureau peu avant neuf heures. Il fut très vite rejoint par Constance, qui, inquiète, guettait son arrivée.

-" Damien quitte l'hôpital aujourd'hui, il est transféré dans un centre de rééducation.
Que va t'on faire, Gabriel ? Je ne veux plus jamais avoir affaire à lui, il me fait peur !"

-"Puisqu'il ne veut pas partir de lui même, nous n'allons pas lui laisser le choix.
Qui l'a recruté ?"

Constance marqua un temps d'arrêt et fronça les sourcils.

-"Stéphane Séjourné...", dit-elle, l'air embêté.

Stéphane Séjourné...

Ce nom n'avait plus laissé d'empreinte dans l'esprit de Gabriel depuis fort longtemps, et il sonna comme un fantôme revenu du passé.

-"Je crois qu'il va falloir que j'aille lui parler...", soupira Gabriel, un voile de contrariété assombrissant son visage.

[Bardella et Attal] Plaisirs interdits (🔞🍋) - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant