X. L'implacable réalité

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- "Bonsoir Monsieur Attal, c'est Damien"

Une immense déception envahit Gabriel lorsqu'il réalisa que son interlocuteur n'était pas Jordan.

- "Ah, hum... Damien, bonsoir. Il se passe quelque chose ?"

- " Non, je voulais simplement vous féliciter pour votre conférence de presse ce matin. Vous êtes un excellent orateur, vous étiez très impressionnant. Je suis honoré de travailler à vos côtés pour cette campagne "

Gabriel l'écoutait d'une oreille distraite. Dans ses pensées, Jordan occupait toute la place.

- "Merci Damien. Vous êtes un soutien important. On se voit demain avec Yanis et Constance, pour préparer la visite des régions. Au fait Damien..."

- "Oui, Monsieur Attal ?"

- "Vous pouvez m'appeler Gabriel, et si vous êtes d'accord, nous pouvons peut-être nous tutoyer ?"

Gabriel perçut la voix de Damien s'imprégner d'un large sourire.

- "Avec grand plaisir, Monsieur Att... Hum, Gabriel.
Je voulais vous... Te demander... Est ce que tu as dîné ce soir ?"

- "Non, pas encore... A vrai dire je n'ai pas très faim..."

- "Est ce que tu voudrais qu'on se retrouve quelque part, pour manger un bout...? Ce serait l'occasion de trinquer à l'officialisation du démarrage de ta campagne !"

Gabriel fut surpris d'une telle proposition, au point qu'il ne sût pas comment formuler sa réponse sans manquer de tact. Il n'avait absolument pas envie de sortir, et encore moins de fêter quoi que ce soit.

- "Merci pour ta proposition. Une prochaine fois peut être ? J'ai encore du travail et... On se voit demain, d'accord ?"

Le sourire de Damien se mua en déception.

- "Entendu, je comprends, à demain"

Gabriel raccrocha rapidement, sans même dire aurevoir. Il était impatient de ne plus avoir à faire semblant que tout allait bien, alors que son coeur était emplit d'une angoisse qui grandissait à chaque instant.

Il reprit son téléphone, et composa un autre numéro.

- "Bonjour Marine, c'est Gabriel Attal"

- "Gabriel, comment allez vous ? Comment va Jordan ? Je n'arrive pas à le joindre"

- "J'espérais justement que vous auriez de ses nouvelles. Il ne répond plus à mes appels depuis deux jours"

-"Non hélas... Comment a t'il pris l'annonce de votre candidature ?"

-"Marine, je suis inquiet. Je sens que quelque chose ne va pas, il ne va pas bien. Je ne sais plus quoi faire. Il n'a rien laissé paraître, mais peut être que mon départ a été plus difficile à supporter pour lui que je ne le pensais"

-" Mince, vous m'inquietez. Je vais voir ce que je peux faire. On se tient au courant, d'accord ?"

Une fois cet échange terminé, Gabriel se sentit une nouvelle fois seul, terriblement seul. Il aurait donné cher pour que Jordan soit près de lui, comme autrefois. Il aurait voulu lui raconter sa journée, se blottir dans ses bras, entendre son rire et finir la soirée dans l'intensité d'un moment intime partagé...

Pourtant, à l'autre bout de la terre, il était non seulement sans Jordan, mais il ne pouvait partager son inquiétude avec personne du fait du secret qui entourait sa relation.

Ai-je fait le bon choix ?

Cette question continuait de tourner dans sa tête depuis son départ, encore, et encore.

Alors que ses yeux s'imprégnaient de larmes, son téléphone sonna à nouveau. Ce n'est pas un appel qu'il reçut, mais un long message :

"Gabriel,

C’est avec une immense tristesse que je t’écris ce message. Depuis ton départ, chaque jour a été un combat pour moi. L’endroit qui était autrefois notre refuge est devenu un lieu de solitude et de douleur sans toi à mes côtés.

Je comprends ton besoin de retourner en France et de relancer ta carrière politique. Ta passion pour la politique est une partie intégrante de qui tu es, et je ne pourrais jamais te demander de renoncer à cela. Cependant, ton absence a créé un vide insupportable dans ma vie.

J’ai essayé de m’adapter, de trouver un sens à cette nouvelle réalité, mais la vérité est que je ne peux plus continuer ainsi.

C’est pourquoi, avec le cœur lourd, je dois te dire adieu. Je ne peux plus vivre dans l’ombre de ce que nous avions. J’espère que tu comprendras ma décision et que tu trouveras le bonheur et le succès que tu mérites en France.

Je te souhaite tout le meilleur, et je garderai toujours en moi les souvenirs de notre amour et de notre temps passé ensemble.

Avec tout mon amour,

Jordan."

A la lecture de ce message, le coeur de Gabriel manqua un battement. Ce fut comme une explosion de désespoir qui prit naissance dans son ventre. Ses mains se mirent à trembler, sa gorge se noua, son esprit s'embruma. L'espace d'un instant, il eut l'impression d'être dans un cauchemar, et pourtant, il savait que c'était l'implacable réalité.

Il se laissa tomber sur son canapé, son téléphone lui échappa des mains.

Dans la solitude de son appartement, sa vue se brouilla, sa mâchoire se crispa, et un flot de larmes brûlantes jaillit de ses yeux embrumés.

[Bardella et Attal] Plaisirs interdits (🔞🍋) - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant