[Bardella et Attal] Plaisirs interdits (🔞🍋) - Tome 2

XVII. J'ai tout gâché

Il semble qu'il ait fallu tout cela pour réveiller Gabriel. Il émergea d'une torpeur de trois mois où il s'était perdu ; où son besoin de réussir, de prouver qu'il était capable, avait pris le dessus sur tout et l'avait englouti.

Les évènements de la veille avaient agi comme un électrochoc, et Gabriel se réveilla avec une phrase qui résonnait dans sa tête :

J'ai tout gâché, putain.

Des souvenirs de ces dernières années défilèrent ; les pièces du puzzle commencèrent à s'assembler.

Tout prit sens, et Gabriel mit fin au mensonge qu'il se faisait à lui même depuis des mois.

Il comprit qu'il ne pouvait être heureux loin de Jordan, et qu'il allait devoir se battre pour tenter de réparer ce qu'il avait détruit.

Il appela immédiatement Marine Le Pen.

-"Marine, expliquez moi ce qu'il se passe avec Jordan, s'il vous plaît"

-"Gabriel...
Vous savez que j'ai appris à vous apprécier. Toutefois, il est temps que Jordan et vous arrêtiez de faire les enfants. Ce n'est pas à moi de vous parler de lui. Le moment est venu de vous comporter en adulte, Gabriel, et d'affronter vos choix.
Je vous envoie son numéro par message, la suite vous appartient."

Gabriel ne protesta pas.
Après avoir reçu le numéro, il appela immédiatement Jordan.

Son appel restant sans réponse, il lui envoya un message.

"Nous avons besoin de parler, Jordan.
Gabriel"

Une heure plus tard, il reçut une réponse :

"18h, chez toi"

L'attente allait être longue.

En attendant, il contacta Constance et Yanis pour s'excuser de son départ précipité la veille, prétextant s'être senti mal. Il informa également de son absence pour la journée afin de se rétablir.

-"Gabriel, il est arrivé quelque chose, hier", annonça Yanis.

"Après ton départ, Damien a été agressé. Il a été retrouvé à demi conscient dans les toilettes, la mâchoire fracturée. Il a été transporté à l'hôpital, il doit subir une opération.
Il prétend ne se souvenir de rien"

Des flashs de son agression par Damien le frappèrent de plein fouet à l'évocation de son nom.

Ses doigts sur mon torse... Ses lèvres dans mon cou... Son regard furieux... Son odeur puante...

-"Gabriel ? Tu es là ?"

Son coeur s'était mis à battre comme la veille, une vague de chaleur l'engourdit. Il ouvrit la fenêtre pour reprendre ses esprits.

-"Oui, je suis là. Quel malheur pour Damien... Donnez-moi des nouvelles quand vous en avez"

-"Bien sûr. En attendant, repose toi bien, prends soin de toi. On gère avec Yanis les affaires courantes, ne t'inquiètes pas", le rassura Constance.

"Au fait Gabriel, tu es au courant ?"

-"Qu'y a t'il ?"

-"Jordan Bardella a annoncé sa candidature pour les présidentielles. Il est de retour. Tu ne l'as pas remarqué ? Il était pourtant là hier. Il en a fait l'annonce auprès des journalistes"

Gabriel resta silencieux. Ce nouveau coup de massue l'assomma de plein fouet.

Comme beaucoup de monde, Constance et Yanis respectaient le choix de Gabriel de ne pas parler de sa relation supposée avec Jordan. Pourtant, il se doutaient de la réalité de ce lien, et craignirent que cette nouvelle ne le déstabilise pendant cette période de campagne.

Fidèle à sa discrétion habituelle, il ne laissa rien paraître, malgré le feu intérieur qui brûlait en lui.

Après avoir raccroché, il se laissa lourdement tomber sur le canapé.

J'ai tout gâché, putain.

*

Il était dix-huit heures précises lorsque l'on sonna à sa porte.

Jordan était là.

-"Bonjour, Gabriel", dit-il de cette voix grave et douce qui l'avait toujours troublé.

-"Jordan... Bonjour... Entre...
Nous avons des choses à nous dire, tu ne crois pas ?"

-"Comment vas tu, Gabriel ? Tu as l'air d'avoir repris des forces depuis hier"

-"Je vais bien... Il ne s'est rien passé de grave... Je vais surmonter cela"

-"Rien de grave ?! Ce type était sur le point de te violer !", s'emporta Jordan.

Gabriel lui prit les mains pour l'apaiser, ce qui fonctionna à merveille puisque Jordan se tut immédiatement.

-"Écoute moi, Jordan, s'il te plaît... "

Jordan leva la tête vers Gabriel et osa enfin plonger les yeux dans les siens.

-"Je t'écoute"

-"Jordan, j'ai merdé. Je l'ai compris. Je n'aurais pas dû... te laisser
(t'abandonner, pensa t'il, transi de remords)
J'aurais dû rester auprès de toi, ma place est à tes côtés.
J'ai tout gâché, putain."

-"Tu as fait ce que tu avais à faire. Parfois, il faut vivre certaines choses, pour savoir ce que l'on veut vraiment. J'en sais quelque chose. Nous sommes pareils toi et moi."

-"Pourquoi m'as tu quitté, si c'est pour revenir sur le devant de la scène, aux bras d'une femme ? J'ai l'impression de ne plus te connaître, Jordan"

Le regard de Jordan s'assombrit. Gabriel fut certain de voir ses yeux se remplir de larmes, bien que rien n'en coula.

-"Je ne suis pas guéri, Gabriel"

-"Je ne comprends pas. Guéri de quoi ?"

- "De cette ombre qui me suit partout, Gabriel, depuis toujours. L'obscurité est tout autour de moi, tout le temps.
Tu étais ma lumière...
Je suis toujours cet enfant apeuré, je n'ai jamais cessé de l'être.
Je ne veux plus avoir peur, Gabriel !"

Sa lèvre inférieure tremblait. Son regard était si noir que Gabriel y vit la peur, la souffrance, et la colère.

J'ai tout gâché, putain.