XV. Furtif et éternel

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TW : Agression sexuelle.
Des passages de ce chapitre peuvent être éprouvants à lire.

*

Cet instant furtif dura une éternité. Ce fut une seconde qui implosa et s'étendit, sans début, ni fin ; juste une vibration, un écho circulant entre deux êtres et résonnant à l'infini.

Gabriel voulu s'avancer vers Jordan, quand Damien et Yanis lui barrèrent la route, l'arrachant à ce moment.

-"Allons rejoindre nos places", déclara Damien en le tirant par le bras.

Alors la réalité lui revint de plein fouet et un vacarme assourdissant lui martela brutalement le cerveau.

Pris dans un mouvement de foule qui l'éloigna encore d'avantage, il tourna une dernière fois la tête en direction de Jordan, et aperçut au loin un groupe de journalistes s'approcher de lui et accaparer son attention. Les deux hommes se regardèrent encore un instant, avant que leurs yeux ne se détachent l'un de l'autre, chacun happé par sa propre réalité.

Les flashs des photographes se mirent à crépiter autour de Jordan.

En s'éloignant dans la cohue, Gabriel eu le temps de remarquer une élégante jeune femme s'approcher de Jordan. Elle agrippa sa taille et prit la pose, blottie contre son torse, tandis qu'il enroulait ses bras autour de ses épaules.

Quoi ?

Un éclair de stupeur traversa Gabriel. Il ne comprenait tout simplement pas ce qui se déroulait sous ses yeux. Un vide immense emplit son coeur, qui lui donna le vertige.

Il titubat, et fut rattrapé in extremis par Damien, qui le prit par la taille et le ramena fermement contre lui, puis souffla à son oreille :

-"Alors Gabriel ? Tu as l'air tout perturbé, qu'est ce qu'il t'arrive ?"

Gabriel, encore étourdi, ne répondit pas mais fit un pas sur le côté pour se dégager. Libéré de l'étreinte, il épousseta sa veste et remis son col en place, comme pour ancrer ses gestes dans une réalité dans laquelle il devait absolument revenir.

-"Ne me touche plus !", marmonna t'il à l'intention de Damien.

Ils allèrent s'assoir, et le discours d'Emmanuel Macron commença presque immédiatement.

Parmi les spectateurs, Gabriel, troublé, chercha des yeux Jordan. Il ne tarda pas à le repérer, assis à la droite de Marine Le Pen. A son bras, accrochée comme si elle craignait qu'il ne lui échappe, la jeune femme souriait à pleines dents en se collant contre lui.

Suis-je vraiment là, en train de vivre ce moment ?

Les évènements s'étaient enchaînés si rapidement qu'ils lui paraissaient irréels.

Durant la cérémonie, Gabriel fut comme absent, ses pensées étant entièrement dirigées vers Jordan, et vers la scène incompréhensible à laquelle il assistait.

Quand les discours furent terminés, les représentants politiques Français et Allemands furent invités à se rendre dans un établissement privatif pour participer à un cocktail caritatif en présence des journalistes.

Dans la voiture qui les conduisait à la salle de réception, Gabriel parvint cette fois à éviter la proximité de Damien. Cela lui laissa la tranquillité d'esprit suffisante pour dérouler dans sa tête les images de ce qu'il venait de vivre, et commencer à les intégrer.

Mais pour digérer cela, il avait besoin de se retrouver seul.

Alors, à peine arrivé, il s'éclipsa aux toilettes. Une fois à l'abri des regards, il se regarda dans le miroir ; ses traits étaient tirés. Il se mouilla la nuque et tapota ses joues pour reprendre ses esprits. Ses mains tremblaient.

Il prit appui sur le lavabo pour prendre une profonde inspiration.

A ce moment, la porte des toilettes s'ouvrit en grinçant.

Gabriel sursauta et tourna la tête pour découvrir qui était entré.

Oh, non...

Damien était planté là, arborant un large sourire.

- "Tiens tiens, Gabriel...!", dit-il en penchant la tête d'un air satisfait.

Gabriel vit Damien verrouiller la porte, et s'avancer vers lui, d'une démarche assurée.

-" Enfin seuls...", dit-il, à quelques centimètres de son visage.

-"Arrête", demanda fermement Gabriel.

-" Hmm, Gabriel...", souffla Damien en faisant glisser lentement son index sur le torse de l'homme, de la base de son cou jusqu'à sa ceinture.

"Je ne vais pas m'arrêter, ça non...
Tu sais, Gabriel, je ne supporte vraiment plus que tu me résistes..."

Il le regardait fixement, d'un air menaçant.

-"Cesse ce petit jeu !", protesta Gabriel.

- "Il vaudrait vraiment mieux que tu te laisses faire, Gabriel... En plus, il paraît que tu aimes ça, baiser dans les toilettes... n'est-ce pas ? Nous allons passer un très bon moment, je te le promets..."

Il se mordit la lèvre, comme pour contenir une fureur incontrôlable sur le point d'exploser.

Les yeux de Gabriel se remplirent de larmes. Il sentait l'haleine nauséabonde de Damien sur son visage.

- "Arrête, Damien...", supplia t'il, le souffle court.

Il était incapable de bouger. Son corps tremblait tellement qu'il tenait à peine debout.

-"Je vais te faire tellement de bien que tu vas vite oublier ton petit amoureux...", murmura Damien à son oreille.

Soudain , il attrapa d'une main les poignets de Gabriel et les plaqua avec force contre le mur. Tout en embrassant son oreille, puis, son cou, il commença, de sa main restée libre, à déboutonner son pantalon.

-"Arrête !!", hurla cette fois Gabriel. Dans un ultime réflexe de survie, il tenta de se dégager du contact de l'homme.

C'est alors qu'un vacarme se fit entendre.

La porte des toilettes se fracassa en deux, et un homme apparu dans l'encadrement, palpant son épaule endolorie par le choc.

-"Il t'a dit d'arrêter !", asséna t'il.

Et, sans que Damien n'ait le temps de réagir, l'homme lui décocha un violent coup de poing dans la mâchoire, qui le fit vaciller. Il s'écroula au sol à demi conscient, un filet de sang coulant sur son menton.

Jordan s'approcha de Gabriel et l'aida à se relever.

-"On s'en va", dit-il en le prenant par la main.

[Bardella et Attal] Plaisirs interdits (🔞🍋) - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant