[Bardella et Attal] Plaisirs interdits (🔞🍋) - Tome 2

XX. Tu le mérites

- "Salut", répondit Jordan.

Emma le dévisagea de la tête au pied, l'oeil circonspect. Elle remarqua immédiatement que quelque chose n'allait pas.

- "Ça va Jordan ? Tu as une sale tête"

Jordan retira son manteau et ses chaussures, et s'approcha d'Emma. Il s'assit à côté d'elle sur le canapé.

- "Bof...", dit-il la voix tremblante, pour répondre à sa question.

Il se laissa basculer et posa sa tête sur ses genoux. Les doigts d'Emma vinrent se poser dans ses cheveux, qu'elle caressa doucement. Il poussa un profond soupir et essuya la larme qui avait roulé sur sa joue, avant de fermer les yeux et de s'abandonner à la caresse apaisante de la jeune femme.

*

Après sa rencontre avec Emma chez Marine Le Pen, Jordan avait traversé une période de trouble. Il avait été tellement frappé par sa finesse d'esprit, son éloquence, qu'il avait très vite ressenti pour elle une grande admiration. Ils s'étaient tout de suite très bien entendu, et Emma était une jeune femme pétillante et dotée d'humour ; sa légèreté était tout ce qu'il fallait à Jordan pour réapprendre à rire.

Les deux jeunes gens avaient passé beaucoup de temps ensemble ; Emma était par ailleurs une excellente conseillère, et, très rapidement, son approbation était devenue indispensable pour les décisions importantes.

Alors que Jordan avait commencé, discrètement, à se déplacer en province pour recueillir les signatures indispensables à sa candidature (il avait prévu de l'annoncer officiellement aux journalistes quelques jours plus tard, lors de la cérémonie de commémoration de l'amitié et de la coopération entre la France et l'Allemagne), Emma ne le quittait plus d'une semelle.

Le trouble était apparu réellement un soir, où, lors d'un déplacement, Emma était venue toquer à la porte de sa chambre d'hôtel, vêtue d'une simple serviette, les cheveux mouillés tombant sur sa nuque, de la mousse coulant sur ses épaules dénudées.

- "Jordan, je suis embêtée, j'ai une coupure d'eau dans ma chambre ! J'ai prévenu la réception mais en attendant... Je peux emprunter ta douche ?"

Jordan l'avait laissée entrer sans un mot, mais il s'était rendu compte qu'il la regardait passer devant lui avec une certaine insistance. Il avait été ébloui par sa beauté, ses formes généreuses et le grain de sa peau, sur lesquels son regard s'était attardé.

Après son départ, le doute s'était immiscé au point qu'il finisse par se demander si il n'était pas plus sensible au charme des femmes qu'il ne le croyait.

Dans les jours qui suivirent, il s'était surpris à s'imaginer avoir une relation plus que professionnelle avec Emma. En outre, dans ses rêveries, cette situation aurait été une solution à beaucoup de ses problèmes. Il avait calculé, retourné la scène dans tous les sens, arrivant à la conclusion qu'une relation publique avec une telle jeune femme pourrait mettre fin de façon définitive aux rumeurs sur sa sexualité, et lui permettrait de se consacrer pleinement à sa campagne sans être parasité par ce sentiment de honte qui ne le quittait plus depuis l'affaire Bompiez.

Quand il avait osé parlé de son attirance pour Emma à Marine Le Pen, il avait été très décontenancé par sa réaction.

Marine s'était mise à rire aux éclats.

-"Je savais que ça allait coller, vous deux !", avait-elle dit en riant.

Puis elle avait ajouté, plus sérieuse :

"Par contre, Jordan, tu fais fausse route... Parle-lui-en, tu verras ce qu'elle a à te dire"

Le lendemain, tandis qu'ils déjeunaient, Jordan avait pris son courage à deux mains et avait amorcé une conversation sérieuse avec Emma.

-"Emma, je dois te dire quelque chose..."

Elle avait levé les yeux sur lui, les sourcils froncés.

-"Qu'est ce qu'il se passe, Jordan ?"

- "Tu me plais beaucoup, Emma. Beaucoup."

Elle l'avait regardé d'un air grave, puis lui avait pris la main. En le regardant dans les yeux, elle lui avait répondu :

-"Es-tu vraiment attiré par moi... ou par ce que je représente ?"

-"Non, je... Je suis..."

Jordan s'etait interrompu lui même. La question posée par Emma l'avait laissé stupéfait, abasourdi. Il avait réalisé qu'en effet, la réponse n'était pas si évidente.

-"Jordan...", reprit Emma.
"Tu n'as donc pas compris...?"

Une seconde s'écoula, suspendue dans le temps, pendant laquelle Jordan s'etait préparé à entendre quelque chose qui pourrait tout changer.

-"Jordan ! J'aime les femmes !"

Et elle avait ajouté, d'une voix douce :

"Et toi, mon Jordan, tu aimes les garçons, n'est-ce pas...?"

*

La tête de Jordan toujours sur ses genoux, ses mains jouant avec ses cheveux, Emma demanda :

-"C'est Gabriel, c'est ça ?"

-"Oui... Je ne sais plus où j'en suis, Emma... Je n'arrive plus à aimer..."

Et ses larmes coulèrent sur les genoux de la jeune femme qui serra tendrement sa tête entre ses mains, avant de se pencher vers lui pour déposer un baiser sur son front.

-"On n'a qu'une vie Jordan... Autorise toi à ne pas passer à côté du bonheur, tu le mérites."

Sans un mot, Jordan se retourna pour faire face au ventre d'Emma, contre lequel il enfouit son visage. Il répéta ses mots dans sa tête plusieurs fois, comme pour se convaincre de leur véracité.

Je le mérite...

Les deux amis restèrent un long moment dans cette position, dans un silence apaisé, avant que Jordan ne finisse par s'endormir.