Live Die Love - TOME 3

71 - Le grand pardon

La consternation a laissé place à la stupéfaction. Les mines sont graves, les larmes étouffées.

-Comment est-ce possible ? s'étonne Carol. -Tu as bien dit qu'il te comprenait ?

-Oui, j'en suis certaine, j'insiste. Le ton de ma voix est plus que ferme. Je ne peux pas m'étendre sur le sujet de nos baisers. Comment leur expliquer que Daryl m'a embrassée après que je le lui ai demandé ? Comment leur expliquer que nous avons fait l'amour alors qu'il était quasiment en train de muter ? A nouveau, mon estomac se réveille. J'ignore si mes nausées proviennent du dégout de ce que j'ai fait ou bien du vide laissé par celui qui manque à notre table.

Herschel, perplexe, s'approche vers moi pour me demander :

-As-tu eu un contact avec le sang de Daryl ?

Mes joues rosissent. Est-ce que les sécrétions intimes comptent ? Je n'ose pas lui poser la question.

-Euhhhh. Je fais mine de réfléchir.

-C'est peut-être il y a un moment, réfléchis Kate ! renchérit Rick.

-Pourtant Daryl n'a jamais été blessé en ta présence, ajoute Carol.

A cet instant, l'illumination se produit en moi. Ce peut-il que ...

-Attends, Carol ! Je sens tous les regards se tourner vers moi en une fraction de seconde. Je poursuis tout en réfléchissant intérieurement si ça pourrait expliquer la réaction de Daryl face à sa morsure.

-Quand nous avons fait sauter le pont, nous avons tous les deux été blessés. Et c'est moi qui ai soigné les blessures de son torse. Il est possible que les miennes aient été en contact avec son sang. Je ne vois que cette possibilité, j'ajoute gravement.

Et en effet, mes mains étaient écorchées au moment où j'ai touché son corps ce jour-là. J'étais tellement dans un état second quand j'ai effleuré son torse que je n'ai pas un seul instant porté mon attention sur mes propres blessures.

-C'est possible, en effet, conclut Herschel. Il faut que nous te prélevions un peu de sang, Kate, si tu es d'accord. Si cela s'avère exact, il est probable que nous tenions une sorte de vaccin ou au pire un remède contre la perte définitive des êtres qui nous sont chers lorsqu'ils sont mordus.

Je réponds immédiatement par l'affirmative. Si mon sang peut servir à quelque chose, alors enfin j'aurais trouvé un sens à mon immunité.

-Ce qui explique aussi qu'il y a de moins en moins de morts qui rôdent autour de la prison depuis plusieurs jours, note Rick, la mine froncée. Daryl semble avoir fait ce que tu lui as demandé, Kate.

-Ce n'est pas semble avoir fait, mais a fait, je lui rétorque. Je lui ai dit d'emmener tous les marcheurs le plus loin possible d'ici, il est très certainement à Atlanta, à l'heure qu'il est.

-Atlanta ? Pourquoi lui avoir demandé d'aller là-bas ? me demande Michonne.

-Parce qu'il y a le plus grand nombre de morts. J'ai l'impression que plus ils sont nombreux, plus le signal se propage. J'ignore si c'est une bonne chose, mais en imaginant que les morts soient un jour tous regroupés, nous pourrions encercler la ville et les laisser se décomposer tranquillement, pendant que nous, nous reconstruisons un monde nouveau.

Au moment où je prends conscience de la portée de mes paroles, je réprime un frisson, refusant d'imaginer Daryl en train de se putréfier lentement pour devenir une de ces choses immondes.

Un silence s'installe à nouveau.

La main d'Herschel posée sur mon épaule m'apporte le réconfort dont j'ai besoin.

Carol et lui me raccompagnent à la chambre, histoire d'être sûrs que pour une fois je n'en fasse pas qu'à ma tête.

En bonne petite malade, je les laisse me border puis sombre à nouveau dans un sommeil profond. De l'autre côté, j'espère y retrouver cet homme mi-mort mi-vivant qui a su m'apporter en une seule nuit tout le bonheur qu'une femme peut avoir au cours de sa vie.