41 A l'intérieur

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C'est l'été. Une légère brise effleure mes bras nus, le bruissement des feuilles se fait entendre derrière moi. Je suis allongée dans l'herbe, mon bras relevant légèrement ma tête : je pourrai les regarder durant des heures, le cœur rempli d'amour devant le bonheur qui s'offre à moi. Mon mari pousse doucement notre fille sur la balançoire.
Les rires de Schelley tintent dans le ciel, d'abord intenses puis semblent s'éloigner. Des éclats de voix viennent s'ajouter aux rires. Je n'en comprends pas le sens. Puis une porte claque au loin.

Mes yeux s'ouvrent. Les rires sont comme étouffés mais toujours audibles.

- Schelley ?

Je ne reconnais pas ma maison, ni la pièce dans laquelle je me trouve. J'ai l'impression d'avoir dormi durant des heures, mon corps est engourdi des pieds à la tête.

- Mes migraines ont dû recommencer, pensé-je, en essayant de me lever.

Mais prise de vertige, je me rallonge aussitôt.

Je mets quelques minutes pour me souvenir. Me souvenir de tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois.

La réalité m'atteint comme un boomerang sur sa cible. En pleine face. Ma poitrine se serre sous l'effet de la douleur. Schelley est morte. Mordue par mon père devenu un rôdeur.

Je suis restée seule longtemps avant de pouvoir me reconstruire et à nouveau reformer une famille. Ma famille. David, sa femme Emily, leur fille Sarah, Harvey, Henri et son petit-fils Sam.

Je me souviens être allée à leur recherche, après l'attaque des mercenaires. Puis l'accident. Et la rencontre avec plusieurs survivants.

- Qu'est-ce que je fais ici, bon sang ?

La pièce est grise, froide. Je suis allongée sur un lit étroit posé près d'une petite fenêtre agrémentée de barreaux. L'une des vitres est ouverte. A nouveau un léger souffle parcourt ma peau. Drôle d'endroit pour se reposer...

Les voix s'approchent. Les rires reculent. Pas question de rester là sans rien faire.

Je me lève péniblement. Veillant à rester contre le lit, je suis debout lorsque la porte s'ouvre.

Un vieil homme en béquille vient à ma rencontre.

- Vous devez rester couchée, me dit-il, vous risquez de tomber. Sa voix comme son regard respirent la bienveillance.

Ma survie non. Les sens en alerte, je parcours la pièce du regard à la recherche de toutes les options qui s'offrent à moi.

- Qu'avez-vous fait de mes armes ? Donnez-les moi.

- Nous allons vous les rendre, ne vous inquiétez pas. Mais avant, vous devez vous reposer.

S'approchant encore, il me tend la main pour me saluer :
- Je m'appelle Herschel. Vous n'en avez pas besoin pour le moment, vous êtes en lieu sûr.

Quelqu'un d'autre rentre dans la pièce, suivi de près par un individu armé. Le visage souriant de Glenn dénote devant la froideur du motard.

- Ah, ça y est, enfin, tu es réveillée. Tu dois avoir faim.

Herschel poursuit les présentations :
- Vous connaissez déjà Glenn, mon beau-fils et voici Daryl.

Mon regard ambré fixe pendant quelques secondes l'homme aux yeux azur. Je me retiens de battre des cils, malgré mes larmes naissantes. Ce sont les mêmes yeux que ma fille. Les siens étaient chauds et doux. Ceux qui m'observent en ce moment sont glacials, comme morts.

- Allez viens à la cuisine, ajoute Glenn,  je vais te présenter aux autres. Carol t'a préparé de quoi déjeuner.

- Mes armes ?!

- Tu vas les récupérer.

- N'importe quoi, souffle Daryl. On sait même pas qui elle est.

- Je t'ai déjà dit qu'elle s'appelle Kate, lui répond Glenn, et on peut lui faire confiance.

Au moment où je sors de la pièce, je regarde ce Daryl presqu'avec défi. Ses yeux me tueraient s'ils le pouvaient. Le message est clair : il se méfie de moi. Et moi aussi d'ailleurs.

Sous l'oeil désapprobateur d'Herschel, Daryl sort bruyamment, et prend la direction opposée.

J'entends le vieil homme soupirer puis marmonner :
- Tout ça ne me dit rien qui vaille...

Live Die Love - TOME 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant