Live Die Love - TOME 3

64 - Un autre jour

Je suis toujours contre lui quand je me réveille. Les morts d'à-côté ne bougent pas. Des grommellements s'agitent contre mon oreille. Il n'y a plus aucune trace de chaleur dans le corps contre lequel je me trouve.

La douleur m'envahit. Je n'arrive plus à respirer. Je n'arrive même pas à pleurer tellement j'ai mal.

Daryl est parti. Pour de bon. Mon monde s'effondre. Et ma volonté avec. Plus rien n'a d'importance. Negan avait raison, je vais devenir bien docile. Pourquoi continuer de toute façon ? Tout est perdu d'avance. Il n'y a plus d'espoir. Tout le monde va mourir, autant que je parte le plus rapidement possible. Je n'ai plus aucune raison de me battre.

Je suis comme anesthésiée. Je me retrouve comme celle que j'ai été bien des mois en arrière, à la mort de Schelley. Schelley. Daryl. Tous ceux que j'aime partent. David. Emily. Sarah. Ils sont sûrement morts à l'heure qu'il est ...

Une pression sur ma main arrête mes lamentations. De nouveau, je sens les doigts de Daryl chercher à m'attraper. Non comme le ferait un marcheur mais plutôt comme quelqu'un dont les membres seraient endormis. Qu'est-ce que cela veut dire ?

Bien que je sois dévastée par la peine, je ne délire pas. Daryl est bien devenu l'un des leurs, les sons gutturaux qui s'échappent de sa gorge ne laissent aucun doute. Pourtant, ce sont des gestes bien différents que je ressens sur mon bras. Des gestes d'un être vivant qui tente de prendre une autre personne dans ses bras. Comment cela se peut-il ? Je cherche à me rapprocher de la porte pour tirer parti du ray de lumière. Il faut que je sache. Il faut que je vois son visage, son expression, ses yeux dont la couleur m'a littéralement rendu la vie. Le même bleu azur que ma fille. Morte elle aussi.

Ne recommence pas, Kate ! Ce n'est pas le moment de t'apitoyer, ni de flancher ! Ressaisis-toi ! Daryl est peut-être encore là, malgré sa transformation.

Je reviens doucement contre lui et caresse son visage.

-Daryl, c'est moi, Kate. Je suis là. Je suis là. Je suis toujours là.

Ma voix chevrote lorsque je prononce ces derniers mots. Sa tête tourne légèrement vers moi au son de ma voix. Mon cœur bondit d'espoir.

-Daryl, est-ce que tu es là ? Est-ce que tu me comprends ? J'ajoute lentement : bouge la tête si c'est oui.

Je n'ai d'abord qu'un souffle grave pour toute réponse. Puis un léger hochement de tête contre ma paume qui devient plus marqué au bout de plusieurs secondes.

Je pose mes deux mains contre ses joues et embrasse délicatement l'homme de ma vie, un homme mort pour une femme en survie. Je pose mes lèvres sur les siennes puis me décale. Je cherche une réaction de sa part. Un son plus aigu sort de sa bouche, comme une supplication. Je prends cela pour un encouragement et recommence.

Je suis en train d'embrasser un mort-vivant et j'aime ça. Quel tableau verrait une personne extérieure à tout cela ? Cette pensée bien loin de m'arrêter réchauffe mes ardeurs et mes baisers reprennent de plus belle.

Tout à coup, une idée germe dans ma tête. Si Daryl est capable de réagir à mes baisers, que peut-il faire d'autre ? Je veux dire, peut-il raisonner et interagir avec son environnement ?

Il faut que j'en ai le cœur net. Bien malgré moi, je me libère de son étreinte et me lève.

-Daryl, il faut que l'on parte. Est-ce que tu peux te mettre debout ?

Avec étonnement, je sens son corps se lever, s'approcher du mien, marquer un temps d'arrêt et se diriger lentement vers la porte. Des sons incompréhensibles sortent de sa bouche.

Je le rejoins et ne peux m'empêcher de lui prendre la main. Je découvre que je ne suis pas la seule à avoir bougé. De nombreux mouvements se font entendre derrière moi, s'approchant de plus en plus de là où nous nous trouvons. Je n'en reviens pas. Les morts nous entourent. Ils semblent attendre quelque chose tout en se balançant légèrement.

Se pourrait-il que Daryl ...

Je n'ai pas le temps de réfléchir davantage. Des bruits de pas s'approchent en direction du cachot. Puis un garde ouvre la porte, la surprise qui se lit sur son visage le paralyse plusieurs secondes. Il n'en faut pas plus, les morts lui sautent à la gorge et le déchiquètent violemment en quelques coups de dent. Ce triste spectacle me ramène à la réalité, la nuit dernière m'ayant presque fait oublier le monde dans lequel nous vivons.

Kate, tout n'est pas fini ! Loin de là !