Live Die Love - TOME 3

73 - La vie est un cadeau ?

Au petit matin, je réalise que j'ai dormi comme un bébé. Aussitôt je souris en me remémorant la nouvelle. J'attends ... l'enfant de Daryl ... Je porte son enfant. Au lieu de me sentir inquiète, je me sens ragaillardie. En forme. Et heureuse. Daryl vit encore à travers ce fœtus qui se fraie un chemin parmi la vie. Je ne doute à aucun moment de sa croissance. Si la vie nous a fait ce cadeau, c'est bien qu'il y a une raison. La probabilité pour que cela se produise en une nuit, avec un être 'mutant' et un sang muté, est plutôt mince. Au lieu d'en voir la malédiction, je décide de croire à cette bénédiction qui grandit en moi.

J'ouvre enfin la porte pour aller retrouver Herschel et m'excuser ... un peu.

Quand il me voit arriver, le soulagement marque ses traits.

-Kate ... Il ne finit pas sa phrase et c'est très bien ainsi. Je lui facilite la tâche.

-C'est quoi le programme, maintenant ?

-Il faudrait que je fasse d'autres analyses, pour m'assurer que le bébé va bien, tu comprends ?

Oh oui, je comprends. Je vois bien qu'il se demande si ce fœtus sera viable, ou même normal. Je lui propose alors un marché :

-Herschel, tu me connais, n'est-ce pas ? Je lui laisse le temps d'opiner avant de poursuivre : -voilà ce que je te propose : je te laisse faire les analyses que tu veux, histoire de t'assurer que tout va bien, et ensuite, je pars. Je reprends la route pour aller chercher Sarah. Que je la retrouve ou non, je te fais la promesse de revenir avant que le bébé n'arrive. Je veux que ce soit toi qui lui donnes naissance. D'accord ?

Il n'a pas trop le choix et le sait. C'est le mieux que je peux lui offrir. Mon temps est désormais compté pour retrouver David, Emily et leur fille. Je leur ai fait une promesse. Il est enfin l'heure d'aller jusqu'au bout, quoi que je découvre sur eux.

Me savoir enceinte me donne plus de force que jamais. Je me sens renaitre maintenant que je porte une vie nouvelle en moi. Et c'est bon. Une partie de l'homme que j'ai perdu vit en moi. La meilleure partie. Son humanité. Et ce sentiment m'offre la plus belle des récompenses : je ne parviens plus à me sentir perdue ou désespérée. L'espoir est là, dans le creux de mon ventre. Chacune de mes nausées me rappellent désormais qu'une petite vie est en train de se développer, à chaque fois que mon estomac se tord.

Cela fait bien longtemps que je n'avais pris un tel recul sur mon existence. Je me sens comme assagie, avec le regard d'un vieux sage sur le monde.

Herschel remarque mon calme inattendu. Il accepte de bon gré ma proposition, se résignant à subir mes foudres s'il tente toute négociation. Alors de bonne grâce, je lui tends mon bras :

-Prends tout ce qu'il te faut ... Mais laisse-m 'en quand même, tu ne voudrais pas affamer un bébé ... Mon œil goguenard en dit long sur la béatitude qui se lit sur mon visage.

Dans un soupir résigné, sa seringue perfore l'une de mes veines pour en recueillir le précieux liquide.