52 C'est beau l'amour

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Le chemin du retour s'avère beaucoup plus rapide qu'à l'aller, nos camions y étant pour beaucoup.
Ça et là quelques rôdeurs isolés marquent la route, mais sans vraiment représenter un réel danger.

Nous apercevons les grilles de la prison avant la fin de l'après-midi. Cet endroit me trouble toujours autant : d'un côté, les murs et les miradors viennent heurter par leur paradoxe les plantations, les tables et les chaises  sous l'immense auvent en toile et tous les vivants qui tentent de reprendre une vie normale. De l'autre, les morts tentent désespérément de pénétrer à l'intérieur pour assouvir leur besoin de chair... Je n'arrive pas à savoir si c'est l'endroit rêvé ou bien un simple paradis factice. Ce dont je suis sûre, c'est que je ne pourrai baisser la garde qu'une fois les miens en sécurité.

Les portes s'ouvrent, actionnées par Michonne et Carl.
Toutes les personnes qui vaquaient à leur occupation se mettent à courir en notre direction.
Même les enfants gambadent presque gaiement. Les voir ainsi m'apporte un peu de réconfort. L'humanité parviendrait-elle à reprendre lentement ses droits ?

Lorsque Glenn descend du camion, Maggie se précipite vers lui. Ils s'enlacent aussitôt et... s'embrassent avec passion.

Mon corps s'allège d'un poids en les voyant si heureux.
Première promesse accomplie, me dis-je. Passons à la suivante.

A mon tour de descendre du camion et de me diriger vers Herschel, qui après avoir salué Daryl et Harvey, claudique en ma direction.

Lui aussi éprouve du soulagement : la reconnaissance de nous savoir sains et saufs se lit nettement sur son visage.

Les larmes me montent aux yeux.
Bon sang, Kate, reste forte, ce n'est pas le moment de craquer !

- Qu'y a-t-il, Kate ? Me demande-t-il.

- Ne vous inquiétez pas pour moi. Mais nous avons un blessé par balle. J'ai besoin de votre aide, Herschel. C'est un vieil homme.

Il se retourne aussitôt vers sa fille, restée à quelques mètres de là :
- Beth, prépare ce qu'il faut pour opérer. Que tout soit prêt d'ici 5 minutes.

Beth s'engouffe rapidement à l'intérieur, suivie de Carole qui me fait signe de la main. Je la salue en retour en lui souriant chaleureusement.

Les embrassades se poursuivent. Après Glenn et Maggie, ce sont Sam et... Henry qui viennent à ma rencontre.

Harvey accourt vers nous :
- Henry !? Comment se fait-il que vous... S'écrie-t-il.

- Surpris, hein ! Ne me regardez pas comme ça, on dirait que vous avez vu un mort-vivant !

- Oh, Henry... S'offusque Harvey.

Des gloussements se font entendre.

- Je vous expliquerai ; de nombreuses personnes de la colline sont ici maintenant. Nous avons pu rejoindre la prison nous aussi, ajoute notre vieil ami, en prenant avec tendresse la main de Sam, son petit-fils.

Pendant que Rick aide Daryl à décharger les armes, deux enfants s'approchent de moi, tout sourire.

- Tiens, c'est pour toi, dit le garçon en me tendant un dessin.

Je contemple l'œuvre d'art en souriant, mes yeux brillant davantage.

La plus jeune, une petite blondinette avec de jolies tâches de rousseur sur le visage, m'explique fièrement :
- Là, c'est toi et eux c'est les méchants. Tu vois, ils sont tous morts. Et là c'est moi, mon frère et papa maman.

Je revois parfaitement la scène : je m'étais précipitée à l'extérieur des murs pour sauver le garçonnet et j'avais été responsable d'un véritable carnage de cadavres.

Pourtant du dessin multicolore émane de l'espoir. Je ne sais pas si je suis un exemple ou un monstre mais leur geste me va droit au cœur.

Émue, pressant le dessin entre les mains, je me place à leur hauteur et les embrasse doucement. Des rires s'échappent des deux gamins, les miens s'ajoutant aux leurs comme une ribambelle de gloussements joyeux. Je n'avais pas ri ainsi depuis longtemps.

Rick et Daryl se retournent dans ma direction, la surprise se lisant sur leurs traits.

Je les rejoins en abordant à nouveau un air sérieux.
Rick me fixe longuement avant de prendre la parole :
- Tu as tenu ta promesse... Merci.

Je lui tends la main pour lui montrer que je n'avais pas pris cet engagement à la légère. Ma poignée de main est ferme mais franche.
- Merci de m'avoir fait confiance, Rick. Puis j'ajoute en fixant clairement Daryl :
- Je n'aurai jamais laissé quelqu'un mourir là-bas.

Fidèle à lui même, le motard ne laisse rien entrevoir de sa réaction, hochant simplement la tête en ma direction.

Mais à son regard, Rick comprend qu'il s'est passé quelque chose. L'air de rien, je continue :
- Rick, nous avons ramené quelques survivants...

- qui peuvent rester, complète-t-il.

Je comprends que c'est sa façon à lui de me remercier pour lui avoir ramené les siens.

- J'ai une seconde promesse à honorer, lui dis-je avant de pénétrer à l'intérieur du bloc pour rejoindre Herschel. Douglas doit vivre...

Carol m'accueille à bras ouverts. J'aime sa présence et la gentillesse dont elle fait preuve à chaque instant. Elle accepte sans hésiter de me conduire vers Herschel.

Durant le chemin, je ne peux m'empêcher de penser aux miens : si Harvey, Sam et Henry sont déjà ici avec moi, l'absence de David, Emily et de ma petite Sarah m'est insoutenable. Pourvu qu'il tiennent jusqu'à ce que je les retrouve et les ramène jusqu'ici...
Ça, c'est une promesse à laquelle que je ne renoncerai pas, quoiqu'il advienne.

Live Die Love - TOME 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant