Live Die Love - TOME 3

81 - Epilogue

Dans le centre de recherche d'Atlanta, la satisfaction se lit sur le visage du Professeur Stephen Henry. La base souterraine, méticuleusement préservée par les forces armées durant la pandémie, bat son train. Un groupe en blouse blanche rejoint la pièce dans laquelle le chercheur vient de passer 8 ans. Chacune des allées du centre est gardée par des soldats solidement armés, ceux-là même responsables de la capture de dizaines de milliers de morts, entassés dans les niveaux inférieurs de la base depuis de longs mois. Entreposés selon leur état de décrépitude, les plus vaillants ont été parqués dans les sous-sols les plus proches des salles de recherche en vue de faciliter la prochaine phase d'expérimentation générale.

-Ainsi, vous avez trouvé, mon cher, lui demande le Docteur Barclay, un des plus vieux confrères du Professeur. -J'ai hâte que vous me montriez ça ... ajoute-t-il rapidement, sa voix masquant difficilement son impatience.

Le Pr Henry conduit fièrement le groupe dans l'une des salles attenantes, au centre duquel se trouve un lit. Sur celui-ci gît une fine silhouette. Le mort solidement attaché depuis plusieurs heures tente toujours de s'extraire de ses liens.

-Celui-ci n'a pas été facile à trouver. Il présente un état général plutôt satisfaisant, c'est pourquoi je l'ai choisi pour être le premier cobaye de ma combinaison inversive K-VR.

Le visage émacié du mort passe de l'un à l'autre des scientifiques lorsque ceux-ci se placent tout autour de lui. Leur regard avide fixe la seringue que leur présente le professeur et dans laquelle se trouve le précieux liquide.

-Nous ne ferons pas la même erreur que le Professeur Keyne, mes amis, croyez-moi ! déclare-t-il avec emportement. Tous les essais réalisés prouvent la tolérance parfaite des organismes receveurs. Aujourd'hui est un grand Jour ! Il est temps de tester notre remède sur ce spécimen humain.

Une vague d'admiration emplit la pièce ...

Le professeur poursuit encore, les yeux luisant de réussite : -Bientôt la mort n'existera plus telle que nous la connaissons. Ceux qui ont été touchés par le virus pourront reprendre une vie normale, ou tout au moins, en partie, pour les moins affectés ... Mais nous tous, nous connaitrons enfin l'immortalité !

Ses bras se lèvent en croix, comme pour invoquer la vie puis redescendent lentement. D'un geste théâtral, ses doigts tapotent le verre avant d'actionner le système d'injection pour en chasser l'air puis se dirigent vers le bras du mort.

L'étrange liquide pénètre lentement dans la peau diaphane.

Un lourd silence s'abat dans la base.

D'abord, rien ne se produit. Puis, au bout de quelques minutes, le mort se met à hurler sauvagement, en contractant son corps dans tous les sens.

Pris de panique, les scientifiques reculent. Seul le Professeur, immobile, patiente. Aucun geste ne vient trahir la tension qu'il ressent, hormis ses mâchoires légèrement serrées.

Lorsque les spasmes de la carcasse cessent enfin, le silence se fait à nouveau sentir.

Le mort rouvre les yeux. Ce n'est plus un regard gris éteint qui fixe le plafond. Mais celui ... d'un bleu azur.