Live Die Love - TOME 3

53 Pardon

Je m'installe dans le couloir, juste devant la pièce où Herschel est en train d'opérer Douglas.
Carol m'a rapporté de quoi boire et manger.

Elle s'assoie à côté de moi.

- Rick t'est reconnaissant, tu sais. Nous le sommes tous. Nous avons déjà perdu tellement de monde.

- Cela n'arrivera plus, Carol. Ce que vous avez bâti ici est extraordinaire.

- Mais encore fragile. Il nous faut protéger davantage la prison. Rick te parlera de ses projets.

- Ses projets ?

- Oui, je crois qu'il a besoin de ton aide. Mais je comprendrai que tu repartes.
As-tu déjà perdu quelqu'un de cher ? Me demande-t-elle plus doucement.

Si j'ai pu me confier à Glenn ainsi qu'à Harley, je peux faire également confiance à Carol.

Je lui réponds dans un souffle :
- Mes parents... Et ma fille... Elle aurait eu 8 ans cette année.

Carol prend ma main dans la sienne.

- Moi aussi j'ai perdu ma petite Sofia. C'était un ange, elle était douce et adorable, avant d'ajouter : et c'est ce qui l'a tuée.

Je ne peux pas lui raconter la façon dont cela s'est passé pour Schelley, mais je lui demande :
- Comment as-tu fait pour surmonter cela, Carol ? Tu sembles tellement...

- En paix ? Je ne le suis pas. J'en ai longtemps voulu au monde qui m'entoure. Mais plus maintenant. J'ai simplement accepté sa mort pour pouvoir continuer à vivre... Tu devrais en faire autant, Kate.

Elle serre à nouveau ma main avant de se relever.
- Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais où me trouver.

Je la remercie aussi chaleureusement que je le peux. Ses paroles dansent longtemps devant mes yeux.

Après plusieurs heures, Herschel ressort, les mains ensanglantées et la mine fatiguée.
- Je ne peux rien promettre, Kate, Douglas a perdu beaucoup de sang. Il n'y a plus qu'une chose à faire : attendre...

D'autres minutes s'écoulent, puis des heures, puis des jours.
Je veille dans le couloir ou bien je pars faire le guet en haut du bâtiment. L'une des portes mène directement sur le toit qui m'offre une vue idéale sur les alentours et surtout l'occasion de me retrouver seule sans avoir à me justifier perpétuellement auprès des autres.

Car lorsque je me trouve aux côtés de Douglas, je reçois souvent la visite de tous. Mais j'évite soigneusement Daryl. Ou bien lui m'évite, je ne sais pas.

Au petit matin du troisième jour, je passe devant l'une des pièces que je n'avais pas encore découverte. Plusieurs petits lits d'enfants s'y trouvent. Lorsque je pénètre à l'intérieur, je vois Beth avec un bébé dans les bras ; c'est sûrement la petite fille de Rick que je n'ai encore jamais vue.

Le tableau est magnifique : Beth berce tendrement le nourrisson en lui chantant une berceuse. Sa voix est aussi douce que son visage. Elle aussi ressemble à un ange.

Lorsqu'elle prend conscience de ma présence, Beth me sourit timidement puis vient vers moi, en me tendant le bébé.

- Elle s'appelle Judith.

Je prends la petite avec délicatesse puis la berce. Mon corps se souvient parfaitement des gestes qu'il a accomplis bien des années auparavant. Mes bras forment un havre de paix pendant que je contemple les petits traits de son visage. Je me force à chasser les souvenirs qui remontent à la surface de mon cœur pour ne conserver que l'image de Judith.

Devant sa jolie frimousse, je ne peux m'empêcher de lui adresser des petits mots enfantins qui font glousser Beth.

Quelque chose derrière moi semble attirer son attention. Lorsque je me retourne, je découvre Daryl contre la porte en train de me dévisager de la tête aux pieds.