Chapitre 3 - Ta violence pour échapper à la sienne

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Stella

— Fais-la descendre immédiatement !

Les cris de ma mère me sortent de mon sommeil.

— La prochaine fois que tu viens crier sous mon toit, je te coupe la langue moi-même, la menace Salvatore.

Sa voix raisonne comme un écho dans ma tête. Cette nuit j'ai vu sa part d'ombre, s'en souvient-il ?

— Tu me menaces bambino ?

Les hurlements de ma mère envahissent le bas étage, cette femme est incontrôlable.
Je prends le temps de me doucher, et de m'habiller avant de descendre dans le grand salon. Je découvre cette pièce avec beaucoup plus de luminosité que la veille au soir, et mon regard ne peut se détacher de toute cette sombre décoration. Et de lui, adossé contre la cheminé, habillé de ses vêtements les plus noirs.

— Tu es fière de toi ? Hurle ma mère, le regard tourné vers moi.
— Je...je ne comprends pas, est-ce ...

Je ne peux finir ma phrase tant la gifle de ma mère me surprend. J'ai l'habitude de sa violence, comme un tourbillon inévitable. Mais cette fois-ci je n'ai aucune idée de ce que j'ai fait pour provoquer en elle une telle colère.

— On ne t'a pas appris à sourire ? Sois reconnaissante pour ton mariage, personne d'autre n'aurais voulu de toi. Alors montre toi heureuse devant le monde entier, ou je te ferai payer de nous avoir encore déçu, scande-elle.

Mon corps se raidit, chaque mot hurlé est une flèche empoisonnée. Personne n'aurait voulu de moi. Je regarde une fois de plus la rage de ma mère s'abattre sur moi comme un orage, imprévisible et destructeur. Cette femme qui m'a toujours rejetée comme une chose inutile, dénuée de valeur.
Et malgré la peur qui m'étreint l'estomac, j'ose lui répondre d'une voix tremblante.

— Je fais de mon mieux. Je ne pouvais pas sourire devant toutes les caméras.

À peine ai-je terminé ma phrase que le visage de ma mère se déforme. Finalement, a t-elle déjà entendu ma voix ? Moi qui ai toujours encaissé sans rien dire.

— Des photos de toi en pleurs ont fuité, je veux que vous arrangiez ça, et vite. Sinon je te jure qu'on te laissera pourrir. Ne mets pas les affaires de ton père en danger, jamais.
— J'aurais préféré pourrir en enfer que de me marier de force !

Ses traits se durcissent, ses yeux se plissent de colère, et l'atmosphère déjà lourde devient suffocante. Ma réponse n'a fait qu'attiser le feu. Soudain, la gifle part comme un éclair. Un bruit sec résonne dans la pièce, étouffant tout le reste. Ma peau chauffe là où les doigts de ma mère m'ont frappée. Tandis qu'une vague de douleur et de honte monte en moi, mes larmes brûlent derrière mes paupières. Mais je les retiens, refusant de donner le pouvoir à ma mère de me briser.
Parce-que de toute façon, chaque prétexte a toujours été bon pour me frapper.
Un mélange de panique et de regret m'envahit, et mon souffle coupé est remplacé par un sanglot involontaire.
La réaction immédiate de Salvatore à mon gémissement me surprend. De sa main vaineuse, il attrape le cou de ma mère, plongeant son regard menaçant dans les iris paniqués de celle-ci.

— Ose juste la toucher à nouveau, et je t'emmène avec moi en enfer.

Sa voix rauque, inquiétante, crispe mon corps. Chacun de mes muscles est tendu comme une corde prête à rompre. Bien que mon cœur continue de battre à un rythme effréné, ses gestes protecteurs me laissent envahie par la certitude que je ne suis plus seule face à cette femme.
Mais, serait-il capable de s'en prendre à moi ?

— Tu viens de toucher à la femme de l'homme le plus craint de ce pays, Salvatore, raille t-elle alors que sa gorge s'écrase sous les doigts du Corbeau.

L'as de Pique ♠️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant