Chapitre 8 - La danse de la Roulette

55 0 0
                                    



Son arme toujours posée sur ma tempe. Nos yeux sont restés accrochés, prisonniers l'un de l'autre, durant d'interminables minutes, avant qu'il ne se décide à parler le premier.

— Vingt-quatre balles, et six cartouches à blanc, tu as eu de la chance, Fiamma.

Il vient délicatement caresser mon visage avec le bout de son pistolet. Je me mords la lèvre inférieure pour ne laisser transparaître aucun signe de terreur. Je ne peux pas le laisser gagner ; il se nourrit de ma peur, et je vais l'en empêcher.

— Tu ne vas pas me laisser jouer seule quand même ? je murmure en me rapprochant de lui.

— Je vous en supplie, arrêtez, pas ce jeu. Salvatore ! Arrête !

— Tu es sûre de toi, Fiamma ? m'interroge-t-il.

Les cris de Lucia, qui essaie de nous arrêter, me brisent le cœur, mais je ne peux pas lui donner le pouvoir de me contrôler. Je n'accepte plus de les laisser me dominer tous autant qu'ils sont. Ses yeux essaient de me déstabiliser, il attend que je change d'avis, il s'attend à ce que je sois faible, comme je l'ai toujours été.

— Tu es sur le point de découvrir la vérité, Stella. Tu es sur le point d'avoir les réponses à tes questions. Ne le laisse pas t'emmener avec lui, je t'en supplie, ne joue pas à ces jeux idiots, proclame-t-elle.

— Entre la mort et la lâcheté, je choisis sans hésiter la mort, Lucia. La vérité finira par me tuer de toute façon, et tu le sais.

D'un geste rapide, Salvatore retire son arme de mon visage, son sourire s'élargit. Les tatouages de ses mains sont déformés par ses veines gonflées.

— On va jouer alors, deux fois chacun. Si on s'en sort tous les deux, on rentre et j'accepte de ne pas te punir pour ton insolence. Si l'un de nous tue l'autre, il ira simplement saluer le diable, s'agite-t-il.

Assis l'un en face de l'autre, les yeux dans les yeux, Salvatore met une cartouche dans le barillet de son revolver avant de le tourner de manière aléatoire. Je sens mon cœur battre de plus en plus vite lorsqu'il vient mettre l'arme sur ma tempe une nouvelle fois.
Mais cette fois-ci, je le sais, j'ai peu de chances de m'en sortir.

— N'aie pas peur, Tesoro, la roulette russe, c'est seulement un combat contre soi-même.

D'un coup sec, le bruit vide de la détonation laisse mon corps se détendre. Je n'ai pas peur de mourir. Parce que derrière ce mur entre la vie et la mort, il m'attend. Doucement, il vient poser l'arme sur la table basse qui nous sépare. Mes mains tremblantes viennent prendre le revolver et tourner le barillet à leur tour. Sous les yeux humides de Lucia, je suis incapable de reculer.
Je dois lui tirer dessus, et si je le tue, il m'emmènera en enfer avec lui.

— Tu peux toujours arrêter, Stella, me chuchote mon amie.

Délicatement, le souffle coupé, je braque l'arme sur sa tempe.

— Ce que tu n'as pas compris avec ce jeu, c'est que tu n'as pas affaire à la vie ou la mort, mais à la renaissance. La chute ou le sublime, je déclare, les iris plantés dans celles de Salvatore.

Mon doigt appuie rapidement sur la détente, et un sourire malicieux vient se poser sur son visage.

— Loupé, Fiamma.

Le bruit de ma respiration rapide envahit la pièce. J'entends Lucia expirer alors que je pose le revolver sur la table une nouvelle fois. Plus que deux tirs. Et peut-être que l'un d'eux me rendra libre. Plus rapidement que les autres fois, il prépare son arme et la pose cette fois-ci sur mon front. Face à moi, son regard sombre dans le feu de mes yeux, il s'impatiente.

L'as de Pique ♠️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant