L'as de Pique ♠️

Chapitre 7 - Adieu, tesoro...

Stella

— Mais tu es folle ou quoi ? Tu veux qu'ils t'exécutent ? essaie de me raisonner Lucia.

Elle est venue directement au manoir quand elle a reçu mon message disant « SOS ». J'avoue que j'ai un peu abusé, elle a dû vraiment paniquer. Mais je ne voulais pas qu'elle me pose des questions par message.

— Je veux juste récupérer le dossier de mon frère, il doit être dans les archives. C'est simple, on rentre, je récupère le dossier et on y va. Je serai rentrée au manoir avant son retour, je t'en supplie, je dois savoir ce qui est arrivé à mon frère.
— Putain ! Ok, mais si jamais on te pose des questions, je ne suis au courant de rien !
— Merci, merci infiniment, je la serre dans mes bras.

J'ai une facilité à me livrer à elle, à la toucher, à accepter son contact. Bizarrement, j'arrive à être tactile avec elle.

— Par contre, mon frère est sûrement au QG, ils avaient une réunion ce matin. On va faire attention.

J'acquiesce avant de monter dans sa voiture, un Classe G noir. Ils ont tous de belles voitures, et moi je n'ai même pas le code de la route. 
J'ai vraiment l'impression d'être une sauvage.

Une fois nos familles unies, tous les dossiers confidentiels ont été réunis au QG. Ainsi, les deux familles n'ont plus de secret. C'est très dangereux, mais aussi un vrai plus pour les affaires. 
Une fois devant l'immense immeuble, je suis Lucia, qui le connaît comme sa poche. De pas légers sur le sol, on se faufile dans les couloirs. Mon cœur bat à un rythme frénétique, mais je ne pense qu'à ma mission : voler le dossier qui peut tout révéler sur la mort et la vie de mon frère. 
Lucia me lance un sourire rassurant, même si elle a du mal à cacher la panique dans ses yeux. Les lumières tamisées qui éclairent à peine les couloirs nous rappellent que chaque porte qu'on franchit nous rapproche du danger. Une fois arrivées devant le bureau du capo, mon souffle se suspend. Lucia se baisse pour crocheter la serrure, ses doigts tremblant sous l'effet de l'adrénaline. Une fois la porte ouverte, on se précipite à l'intérieur. 
J'ouvre tiroir après tiroir, et la frustration se reflète dans mes gestes de plus en plus brusques. Mon cœur bat à tout rompre, les minutes semblent s'étirer à l'infini. Nous savons très bien que la moindre erreur pourrait coûter bien plus cher que ce que nous venons chercher. 
Puis, au moment où je commence à perdre espoir, le regard de Lucia tombe sur une pile de dossiers jetée négligemment dans un coin sombre du bureau.

— Ici ! me chuchote-t-elle.

Mes mains tremblent sous la pression, et lorsque je vois « Marco De Luca » écrit au feutre noir, mon cœur est arraché de ma poitrine. Je ne laisse pas mes émotions prendre le dessus et glisse le dossier dans mon sac. 
D'un geste, ma coéquipière me fait signe qu'il faut y aller. 
Je vais enfin connaître la vérité.

— Maintenant, pas un bruit, et on se dépêche, murmure Lucia.

Mais au moment où nous sortons du bureau, un bruit dans le couloir nous fige. 
Lucia me pousse en arrière avant de refermer la porte du bureau à clé, espérant que ce ne soit que de simples employés.

— C'est mon père, putain !

Qu'est-ce que je viens de faire ? 
Lucia m'envoie d'un coup sec dans le placard du fond, se collant à moi, et nos respirations se coupent. 
Les voix étouffées des hommes qui entrent dans le bureau amplifient notre peur. Salvatore. Je sens mon cœur battre tellement fort que j'ai peur qu'il me trahisse, l'angoisse monte à chaque bruit de tiroir qui s'ouvre, chaque pas qui résonne près de nous.

— Et tu n'as pas fait de compte rendu sur l'histoire avec Rico, qu'est-ce qui t'a pris, bambino, tu as touché à sa femme, putain !

Mes yeux s'écarquillent, et de ma main je retiens le son qui allait sortir de ma bouche.