Chapitre 10 - 🎶She Doesn't Mind

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Le coup de mascara que j'inflige à mes cils signe la fin de ma préparation. Ma montre affiche vingt heures cinq, je suis sûre qu'il m'attend en bas dans la pièce principale. Et il faut se le dire, je fais exprès d'être légèrement en retard pour avoir le plaisir de descendre devant lui et ses gardes.
Ma robe pailletée, qui épouse mes courbes avec une élégance irréprochable, m'arrive à peine à mi-cuisse et ma queue de cheval haute dégage parfaitement ma nuque. Je ne sais pas où nous allons, mais je suis à Hollywood, alors autant en profiter.
Et lorsque je descends doucement les escaliers, Salvatore et ses gardes m'attendent. Celui-ci, l'air à la fois impassible et intense, tire lentement sur sa cigarette, la fumée formant des volutes éphémères autour de lui. Les hommes autour de lui, moins subtils, me regardent avec une sorte de fascination presque animale.
Les hommes sont tellement faibles.

— Tu n'avais pas plus court ? me lance Salvatore alors que je descends la dernière marche.
— Je peux encore enlever la robe s'il y a trop de tissu.

Alors qu'il se redresse brusquement, une lueur de colère dans ses yeux, il se dirige vers l'un des gardes, la mâchoire crispée.

— T'as un problème avec tes yeux ? dit-il d'un ton calme mais d'une froideur menaçante.

Il écrase sa cigarette dans le cendrier avec un geste brusque, et tous les gardes détournent le regard.
Les gens n'ont pas peur de Salvatore, ils ont peur du Corbeau.

Lorsque nous arrivons au club, mon cœur bat à toute allure. Salvatore et ses gardes m'entourent comme une forteresse vivante, chaque mouvement mesuré et chaque regard vigilant. Les lumières du club scintillent comme des étoiles déchues, et la musique bat au rythme effréné des basses. Je me laisse guider à travers la foule, mon regard se concentrant sur les murs bordés de miroirs et de néons.
Nous montons les escaliers en colimaçon, et je ressens la transition du tumulte de la piste de danse vers le sanctuaire plus calme du VIP. L'air change ici, il est plus frais, parfumé de l'arôme des bougies et du cuir des fauteuils. Les rideaux de velours nous enveloppent comme une étreinte protectrice, nous isolant du reste du monde.
Lorsque je vois Lucia, un sourire familier se dessine sur mon visage. Elle est là, entourée d'amis, et son regard s'éclaire en me reconnaissant. Je me dirige vers elle avec un mélange de soulagement et de gratitude, sentant la tension de la soirée s'apaiser un peu.

Salvatore reste en retrait, ses yeux scrutant le moindre mouvement autour de nous. Même dans cet espace exclusif, il ne laisse rien au hasard. Les gardes se positionnent discrètement autour de nous, leur présence rassurante mais invisible, créant une bulle de sécurité qui me permet de respirer un peu plus librement.
Alors que je vais pour rejoindre Lucia, Salvatore m'attrape par le bras avant de me susurrer à l'oreille.

— Je suis là pour les affaires, je t'ai emmenée pour la seule raison que la seule façon de m'assurer de ta protection est de t'avoir dans mon champ de vision. Alors ne t'éloigne pas, et surtout méfie-toi, tous ces gens sont là pour des raisons bien précises.

Je lui souris, montrant que j'ai bien compris ce qu'il m'a dit, et lorsqu'il me lâche le bras, je vais me blottir dans ceux de mon amie. Son accueil chaleureux est un baume sur mes nerfs.

— Viens, je vais te présenter !

Elle s'installe au milieu d'un groupe.

— Voici celle qui a conquis le cœur du Corbeau ! crie un des hommes avant de me serrer dans ses bras.
— Mattéo, lâche-la, elle n'est pas tactile, putain ! intervient Lucia.
— Mais elle est tellement belle, ce bâtard se met bien.

Mon corps se fige quand je les vois tous me reluquer comme un bout de viande. Et une femme, élancée, d'un regard menaçant, se lève avant de s'approcher de moi.

L'as de Pique ♠️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant