Chapitre 22 - Qui es tu ?

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Stella

Trois semaines. Trois longues semaines sans un mot, sans une trace de lui. Chaque jour qui passe me laisse un peu plus vide, comme si son absence m'arrachait peu à peu tout ce que je suis. J'essaie de ne pas y penser, de ne pas laisser les questions me ronger. Où il est ? Qu'est-ce qu'il fait ? Pourquoi m'a-t-il laissée là, seule, après tout ce qu'il m'a montré, tout ce qu'il m'a confié ?

Je ne parle de rien à Lucia. Si je lui disais que Matteo vient souvent me voir, elle se ferait des idées. Elle se mettrait à croire que quelque chose pourrait naître entre nous. Pourtant, ce n'est pas le cas. Matteo est... gentil, peut-être trop. Il m'aide, me soutient, il a tout d'un bon ami. Alors, aujourd'hui, comme presque tous les jours, je l'attends dans le sous-sol pour l'entraînement. Il m'apprend à me battre. C'est devenu une nécessité, une obsession. Si je veux être assez forte, je dois savoir frapper, esquiver, endurer. Ce n'est plus une simple envie de me défendre, c'est plus profond. J'ai besoin de sentir que je contrôle quelque chose, que je ne suis pas seulement cette fille que Salvatore a laissée derrière.

Il arrive dans cette pièce, comme toujours, avec ce sourire patient. Il me bande les mains, me montre la position de garde. Je l'observe faire, avant de me positionner face à lui, mais mon esprit est ailleurs. C'est Salvatore que je vois. Son visage marqué, ses yeux sombres, sa douleur. Pourquoi m'a-t-il montré ses cicatrices pour ensuite disparaître ? Il m'a ouvert une porte vers son passé, vers le mien, et maintenant je me retrouve seule face à tout ça, et ça me ronge l'esprit.

— Stella, doucement, dit-il d'une voix calme, mais je n'écoute pas. Je continue, je frappe, encore et encore.

Mon souffle devient court, mon cœur bat dans mes tempes. Matteo arrête le combat, ses mains sur mes poignets pour m'immobiliser.

— Tu vas te blesser si tu continues comme ça, me dit-il, son ton doux mais ferme.

Je tombe au sol, déjà à bout de souffle. Mes mains tremblent, mon corps est en feu, mais ce n'est rien comparé à ce que je ressens à l'intérieur.

— Je ne suis pas assez forte, je murmure, la voix brisée. Pas assez musclée.

Matteo me regarde avec cette gentillesse habituelle qui m'irrite presque.

— Stella, tu es parfaite. La force, ça s'apprend avec le temps. On ne devient pas un combattant du jour au lendemain.

Je sens ses mains qui m'aident à me relever, mais mes jambes tremblent sous mon poids, je suis épuisée. Je ne suis pas assez forte. Je n'ai pas le temps de devenir plus forte. Chaque jour sans lui, sans savoir s'il est en vie est une torture.

Je commence à frapper. Un, deux, trois coups rapides qu'il bloque facilement, ses mouvements sont fluides, contrôlés. Mais je ne veux pas de contrôle, je veux de la brutalité, je veux sentir la rage dans mes coups, sentir que je deviens plus forte. Je frappe de plus en plus fort, mes poings s'écrasent contre ses avant-bras, mais c'est comme si je frappais un mur. Rien ne bouge. Il me demande si je veux arrêter, mais je secoue la tête.

— Non, ce n'est pas fini, dis-je en serrant les dents.

Je n'en ai jamais assez. Je veux ressentir cette douleur, cette fatigue, comme si cela pouvait combler ce vide en moi.

Je lui fais signe de reprendre alors il se remet en position, un peu hésitant. Il sait que je ne suis pas en état, mais il continue pour moi. Je recommence à frapper, avec tout ce que j'ai. Mes coups sont désordonnés, maladroits, mais je m'en fiche. Je veux juste frapper, libérer cette rage qui me ronge. Matteo bloque à nouveau, mais cette fois, je sens qu'il n'y met pas toute sa force. Il me protège encore, comme si j'étais fragile, comme si j'allais me briser. Et ça, ça me met hors de moi.

L'as de Pique ♠️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant