Chapitre 1 - Noces sous contrôle

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- Padre, il est hors de question que je me marie avec lui ! je crie dans le salon où les deux familles les plus puissantes de Sicile sont réunies.

Tous les yeux rivés sur moi, je me lève avant que l'homme qui me sert de père m'attrape fermement par le bras.

- Assieds-toi, tout de suite, m'ordonne-il.

Personne n'ose désobéir à mon père, il est l'homme le plus craint de ce pays, ce qui ne fait pas de lui un homme respectable. En tout cas pas à mes yeux.
Mon futur époux, Salvatore Moretti, me regarde depuis l'autre bout de la pièce, ses yeux plein de convoitise me scrutent avec une intensité qui me glace le sang. Allumant sa cinquième clope en seulement quelques minutes, cet homme se nourrit de ma peur, et je dois l'épouser, parce qu'il faut renforcer nos alliances.
Je ne sers qu'à étendre leur influence.

- La Famiglia De Santis a pris de plus en plus de contrôle ces dernières années, nos deux familles doivent s'unir, et le mariage de nostri figli est la meilleure chose pour que personne ne se doute de rien.

Mon père allume son cigare avant de reprendre.

- Nous feront passer ça comme un mariage d'amour, toute la presse sera présente. Alors Stella et Salvatore, on compte sur vous pour faire semblant le temps d'une journée. Vous partirez en nuit de noces à l'aube, et ce n'est pas discutable.

La boule à la gorge, je me retiens de pleurer, pendant que mon paternel finit par conclure.

- Un contrat sera établit, de protection de secrets et d'union des héritages. Antonio tu es d'accord ?
- C'est parfait Rico, allons dans ton bureau pour parler affaire maintenant.

Les deux hommes quittent la pièce, leur aura envahit toute la salle, ces deux hommes sont d'une prestance imposante, d'une assurance telle que chaque mouvement est mesuré et calculé. Mais nous savons tous très bien qu'ils ont plus de sang sur les mains que le monde entier réuni, rien ne peut les arrêter, ils sont prêts à tout pour plus de pouvoir.
À mon tour, je quitte la pièce, laissant mes larmes salées couler sur mes joues. À vingt-quatre ans il vient de condamner mon avenir au même titre que ma mère, et ça a toujours été ma pire crainte.
Au moment où je passe la porte, Salvatore, attrape mon bras, plus fermement qu'il ne le devrait, et le noir de ses yeux fixe le jaune des miens, captivés par la cicatrice qui traverse entièrement sa joue.

- Ne sois pas triste, on va s'amuser tous les deux, me dit-il de son sourire le plus arrogant.
- Ne t'avise plus jamais de poser tes sales pattes sur moi.
- Oh doucement, bientôt tu me supplieras de te toucher, Fiamma.

Aussi rapidement que possible, je me dégage de lui. Mes yeux écarquillés trahissent mon anxiété croissante. Chaque mot, chaque geste, chaque sourire envahissent mon espace personnel. Sa présence m'est insupportable. Il n'a que deux ans de plus que moi, mais il ne reflète que la terreur. Certains disent qu'il a un trouble de la personnalité, d'autres qu'il est juste de nature violente, et moi, tout ce que je sais, c'est qu'il se fait appeler Le Corbeau. C'est suffisant pour me faire faire fuir. Mais je suis obligée d'épouser cet homme, aux mains couvertes de sang. Et le simple fait d'y penser me donne envie de rendre mon déjeuner.
Heureusement je ne suis pas forcée de vivre avec lui. J'ai au moins ça pour me consoler.

♾️

Jour-J  Dans la matinée.

Les domestiques finissent de m'habiller. Elles sont mes seules confidentes, ma mère va seulement assister à mon mariage pour se réjouir de mon désespoir. Depuis toujours, elle avait été une source de douleur plutôt que de réconfort.
La robe sirène blanche m'empêche de respirer, aussi élégante que froide, j'essaie de cacher la peur et la résignation derrière un masque calme.
Tu n'as plus le choix, Stella. Alors brille.
Les mains tremblantes, j'effleure les perles et les dentelles de ma robe sans vraiment les sentir. Mon maquillage est parfait, dissimulant les traces de l'angoisse qui m'habite. Je mords ma lèvre pour retenir mes sanglots. Je sens mon cœur se briser quand je me regarde une dernière fois dans le miroir, le jour que tant de filles idéalisent est pour moi un cauchemar horrible.
Les voix lointaines des invités se font entendre, alors je me redresse, essayant de conserver une apparente dignité malgré le tourbillon intérieur qui menace d'exploser.

- Il n'aurait jamais toléré ce mariage, je confie à ma gouvernante.
- Votre frère aurait été très fière de vous, jolie Stella.

Je tapote mon visage pour essuyer la larme qui s'apprête à gâcher mon maquillage, je ne vais pas réussir, pas sans lui...

- Allons-y, il est l'heure, ordonne mon père, posant à peine le regard sur moi.

Aux bras de mon géniteur, chaque pas que je fais vers mon futur mari est une épreuve de plus à surmonter. Mon cœur bat fort, résonnant dans ma poitrine comme un tambour de guerre. Tandis que mes yeux cherchent désespérément une échappatoire dans la foule des invités.
Il ne viendra pas, il est mort.
Alors que je me rapproche de l'autel, Le Corbeau se tient là, imposant et distant, écrasant sa clope sous la semelle de sa chaussure. Ses traits sont marqués par une froideur, à l'opposé de la chaleur et du bonheur qu'on attendrait normalement en ce jour. Au bras de mon paternel, j'avance lentement, et chaque pas me rappelle mon sort scellé.

- Souris, tu es filmée, Fiamma, me chuchote Salvatore, alors que je viens m'installer face à lui.

Après des minutes à écouter le prêtre, le comble pour une famille de meurtrier, nous nous contentons de vœux déjà tout préparés.

- Vous pouvez embrasser la mariée, conclut le prêtre.

Mes mains légèrement tremblantes, mon cœur rate un battement tant le stress me paralyse.
Je n'ai jamais embrassé de garçon, et il le sait.
À son sourire sournois, je perçois un mélange de satisfaction et de plaisir malveillant qui se dévoile. Ses yeux brillent de plaisir, presque cruel, son sourire est marqué par une arrogance.

- Pardonne-moi, je sais que tu voulais mieux comme premier baiser, je vais faire de mon mieux, Fiamma.

Je n'ai pas le temps de répondre tant la surprise me prend. Le Corbeau a fait preuve de douceur, et lorsque nos lèvres se rencontrent, ce baiser formel, dénué de chaleur, éveille en moi des sensations inattendues. Ses mains viennent enfermer mon visage d'une délicatesse inconnue, ses lèvres se posent sur les miennes et ma peau est prise de frissons intenses.
Sa langue vient se glisser à l'intérieur de ma bouche, venant m'arracher un soupir de désir. Je me retire de lui, n'ayant jamais ressenti ça. On ne m'a jamais touchée ainsi, et mon corps plus que surpris m'empêche de dire quoi que ce soit.

- Dis-moi si tu en veux plus, finit-il par briser le silence.

Comme s'il pouvait sentir mon cœur battre sous ma poitrine, comme s'il pouvait voir ma respiration s'accélérer, comme s'il pouvait lire dans mes pensées.

- C'était pour les caméras, j'aurais pris plus de plaisir en embrassant mon chien, je lui lance.

La foule applaudissant finit par nous sortir de notre bulle. Mon père est aux anges, son plan fonctionne à merveille.
Désormais, je suis Stella Moretti De Luca. Ma vie vient de changer à tout jamais, je suis à présent condamnée, et pour célébrer ça, tout le monde boit, danse, ne s'imaginant pas une seule seconde ce que je peux ressentir.

- Le jet sera là dans quelques heures pour les Noces, alors vas te changer et montre ton bonheur aux gens. La seule raison pour laquelle tu as le droit de pleurer, c'est de joie, me menace mon père, le sourire aux lèvres.

Et moi, j'exécute, je vais passer une nuit dans la même pièce que le sociopathe avec lequel je viens de me marier, et je ne fermerai probablement pas l'œil de la nuit.
Et dire que plusieurs femmes rêvent d'une nuit avec lui, moi c'est mon cauchemar.

On commence doucement avec ce premier chapitre, j'espère que mon écriture vous plaît🔥
Alors vous voulez la suite ...?  Bientôt ...?😏😏😏 

L'as de Pique ♠️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant