L'as de Pique ♠️

Chapitre 15 - De mon coeur au tiens

Les chaînes qui tiennent mes poignées attachés m'abime la peau comme du verre. Le poids de mon corps me tire les bras de chaque côtés, dans cette cave qui a encore l'odeur du sang frais de mes derniers meurtres. Les cauchemars commencent a m'envahir sous mes paupières lourdes.
Tu peux t'endormir, tu es attaché, il ne lui arrivera rien.
Le contact de sa peau sur la mienne, toutes mes pensées me rappellent à quel point elle me hante. Mais ma folie me rappel le mal que je suis capable de lui faire.
Est-ce que je suis prêt à la sacrifier juste pour quelques baisers ?
Je sais que je m'endors quand la douleur de leur coups sur mon dos paraît réel. Douleur traumatique vous avez dit ?
Bien pire que ça, je sens encore la hache me tailler le dos alors que je n'étais qu'un enfant.

Et le pire dans tout ça, c'est que je ressens plus rien, enfin émotionnellement, je les ressens physiquement. Mais plus rien ne me brise, je suis comme un robot, un monstre, incapable d'aimer, de ressentir quoi que ce sois.
Seuls les images me hantent, me forçant à m'opposer à tout ce que je peux ressentir.
À elle.
Et lorsque je sens du sang couler le long de mon bras, le soulagement s'empare de moi.
Tant que tu souffres, c'est que tu es en vie, tout va bien.

Stella

Assise seule dans ma chambre, je sens encore la chaleur du son baiser sur mes lèvres, chaque détail gravé en moi avec une clarté douloureuse. Ses mains sur mon corps, sa langue caressant la mienne...
Je n'ai jamais connu l'amour, ou du moins, je ne l'ai jamais ressenti de cette manière. Pourtant, il y a quelque chose en lui, une attirance irrésistible qui m'anime et me fait vibrer à chaque instant ou il me regarde.

Je m'attendais à ce qu'il regrette ce baiser dès le moment où il s'est jeté sur moi. Comme toujours son impulsivité le domine. Mais je pensais surtout qu'après cet acte brusque, il se retirerait et ça laisserai place à une certaine normalité. Pourtant ce n'est pas le cas. Au contraire, son départ précipité a laissé un vide encore plus grand.
Mais je sais que tout ça est seulement le reflet d'une lutte interne, d'un combat entre ce qu'il doit être et ce qu'il ressent réellement.
Tout ça me fatigue déjà tellement...
Et dans un coin de ma tête, je cherche toujours ce fameux « Al Capone ». Apprendre la trahison de mon père me pousse encore plus à vouloir connaître l'assassin de mon frère. Il faut absolument que je trouve quelqu'un vers qui me renseigner.
Mais à qui faire confiance ...?

♾️

Le manoir est silencieux lorsque je franchis la porte, mon cœur battant encore la cadence irrégulière des événements récents. L'air frais me frappe au visage, chassant momentanément les pensées qui tourbillonnent dans ma tête. Salvatore est à quelques pas derrière moi, ses pas lourds résonnant sur les pavés du chemin. Je ne peux m'empêcher de sentir la distance entre nous, une distance qui semble s'être creusée encore plus profondément depuis... ce baiser. Je jette un coup d'œil en arrière, espérant capter son regard, une quelconque reconnaissance de ce qui s'est passé entre nous. Mais il évite mes yeux, le visage fermé, depuis ce moment il n'a pas dit un seul mot.

— Madame Moretti, me salue Federico.

Il nous attend avec la voiture. Le moteur tourne déjà, les phares illuminant les contours du jardin. J'imagine un instant que Salvatore va s'asseoir à mes côtés, qu'il va rompre ce silence lourd. Je me prépare à ce moment, espérant peut-être un mot, un geste de sa part.
Mais au lieu de ça, je le vois s'éloigner vers sa propre voiture de sport.

— J'ai un truc à faire, on se retrouve l'as bas Federico, s'exclame t-il.

Son dos est droit, ses mouvements précis, comme s'il exécutait une tâche sans la moindre émotion. Il ouvre la portière sans même un regard dans ma direction. Mon cœur se serre lorsque le bruit du moteur de sa voiture éclate dans la nuit, couvrant tous les autres sons. La voiture de Salvatore disparaît rapidement au bout de l'allée, et je me retrouve seule sous la lueur des étoiles, un poids lourd sur la poitrine.