Chapitre 35 - Dans l'antre du diable

23 0 0
                                    

Salvatore

Je fixe la photo de ma mère sur le bureau, son visage flou me crève les yeux. Je peux presque entendre sa voix douce, mais je sais qu'elle n'a jamais pu me sauver de ce qui m'attendait. À la place, il y a lui, le psychopathe, qui guette comme un serpent prêt à frapper. Chaque fois que je regarde cette photo, je me rappelle pourquoi je dois rester sur mes gardes.

Demain, je dois foutre le camp à Los Angeles. Les affaires m'appellent, et je n'ai pas le choix. Mais l'idée de laisser Stella ici me donne envie de frapper un mur. Je sais que ce salaud est là, quelque part, attendant que je baisse ma garde. Si je lui montre une once de douceur pour Stella, il s'y engouffrera comme un prédateur affamé. Pas question de la mettre en danger. Pas question de lui faire ça.

Je me tourne vers la fenêtre, mais je n'en ai rien à foutre du paysage. La ville est pleine de vie, mais moi, je suis coincé ici, dans une putain de spirale d'angoisse. C'est simple : je vais au bureau à L.A., et Stella m'attendra, enfermée ici, loin des merdes qui pourraient nous toucher. Je dois garder mon masque de froideur. Si quelqu'un se rend compte à quel point je tiens à elle, il s'y engouffrera comme une hyène sur un cadavre.

Chaque fois que je croise son regard, je me dis que je suis un imbécile. Je ne peux pas l'emmener avec moi. Même si ça me tue. On va rencontrer des contacts, essayer de découvrir ce qui se passe avec Rick et ce gang de merde, L'As de Pique. Mais je préférerais qu'elle soit à mes côtés, que je puisse la protéger.

Je souffle un coup, la détermination qui me maintient en vie. Et je compose le numéro de Lucia, l'esprit tourbillonnant. Elle décroche au bout de quelques sonneries, et sa voix est à la fois joyeuse et curieuse.

— Alloooo !

Cette fille est inépuisable ça en devient usant.

— Écoutes, tu dois venir avec Rick. Vous allez rester deux jours avec Stella. La sécurité doit être renforcée, et je veux que tu gardes un œil sur elle, en permanence.

Elle marque une pause, le temps de digérer mes paroles, puis, la panique pointe dans sa voix :

— Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Un ricanement nerveux m'échappe.

— Asheron est de retour, petite sœur.

Le silence à l'autre bout de la ligne est lourd, comme si elle réalisait l'ampleur de la menace.

— C-c'est impossible...

Je me redresse, la tension dans ma voix palpable.

— Si, il réapparaît toujours pour prendre ce qui lui revient.

— Et cette fois-ci, qu'est-ce qui lui revient ?

Un rire amer franchit mes lèvres.

— Tout.

Je raccroche avant qu'elle n'ait le temps de rétorquer, la gravité de mes mots pesant sur moi. Mon esprit est en ébullition alors que je descends les escaliers. Je me rends compte que je n'ai pas le droit de laisser Stella seule, mais je sais que je dois garder mes distances. Si Asheron nous surveille, il n'hésitera pas à frapper où ça fait mal.

En bas, je la trouve assise sur le canapé, un bol de céréales à la main, le regard pensif. Un sourire malicieux se dessine sur mes lèvres. L'idée de la surprendre me fait frissonner d'anticipation. Je me glisse silencieusement derrière elle, attendant le moment parfait pour la faire sursauter.

— Boo !

Elle sursaute, son cri résonnant dans la pièce.

— AHHH !

L'as de Pique ♠️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant