Salvatore
Je n'aurais jamais dû lui montrer ça.
Le froid de l'aube me mord ma peau, pourtant, c'est cette brûlure à l'intérieur qui me ronge le plus. Mes pas résonnent sur le pavé humide, et je m'enfonce dans les rues désertes, loin d'elle, loin de cette maison où j'ai laissé une partie de moi-même. Une partie que j'aurais préféré garder cachée, enfouie sous des couches de silence et de non-dits. Je me suis toujours promis de ne jamais me dévoiler ainsi, mais elle... elle a cette manière de briser mes défenses, de lire en moi sans même le vouloir. Alors, la nuit dernière, dans un moment de faiblesse, je lui ai montré mes cicatrices. Celles que je n'avais jamais partagées avec personne.
Et maintenant, je ne sais pas quoi faire d'autres que fuir.
Pourtant, elle ne m'a pas regardé avec pitié, seulement avec cette douceur déconcertante qui me faisait trembler. Elle connait mes failles. Elle peut voir au-delà de ce masque que j'ai si soigneusement façonné. Donc, comme un réflexe, j'ai fui. Une habitude, peut-être.
Je me tiens devant la grande porte en bois noir de chez les Nonnes. Les motifs gravés sur le bois semblent absorber la lumière, comme pour garder les secrets enfouis à l'intérieur. Cachant le meilleur endroit pour me forger, me déconnecter de mon humanité.
Le seul moyen pour oublier ses yeux qui me hantent.J'écrase ma cigarette sous ma chaussure, regardant les dernières volutes de fumée s'élever dans l'air froid. Une brise glaciale traverse la rue déserte, mais je ne la ressens pas vraiment. Mon esprit est déjà à l'intérieur. J'ouvre la porte, et l'odeur familière m'envahit immédiatement. Un mélange de bois vieilli, d'encens et de sueur. Cette fragrance me ramène des années en arrière, quand mon père m'amenait ici après des entraînements éprouvants. Quand je faiblissais, quand mes genoux tremblaient et que mes poings ne tenaient plus fermement.
"Ça va te rendre plus fort", me disait-il en posant une main ferme sur mon épaule. "Ici, tu vas enfin connaître l'ombre de toi-même et pouvoir lui faire face."
Je n'avais pas compris à l'époque ce que cela signifiait vraiment, mais maintenant, chaque pas que je fais dans ce hall me rapproche un peu plus de cette vérité. Les murs sont ornés de portraits anciens, des visages austères qui semblent suivre mon avancée du regard. Le sol en pierre résonne sous mes pas, un écho qui emplit le silence pesant. Ici, les émotions n'ont pas leur place, la douleur est un outil et la peur une illusion.
Je me dirige vers la salle d'entraînement que je connais s'y bien. Je sens mon cœur battre plus fort, non pas d'appréhension, mais d'anticipation. C'est ici que je peux me libérer, que je peux affronter mes démons sans crainte de jugement. Loin d'elle loin de la vulnérabilité qu'elle fait naître en moi. En poussant la porte massive, je me retrouve face à l'arène circulaire, seulement éclairée par la lumières des bougies. Plusieurs silhouettes sont déjà présentes, silencieuses, concentrées. Je retire mon haut, dévoilant les cicatrices qui marquent ma peau, symboles de mes combats passés. Ici, je n'ai pas besoin de mots. Je n'ai pas besoin de prétendre. Je suis simplement moi, confrontant l'ombre de moi-même, comme mon père l'avait souhaité.
Alors que je me tiens là, dans l'arène, une silhouette familière s'approche lentement. Je la reconnais immédiatement. Nonna. Vêtue d'une longue robe noire qui épouse chaque mouvement de son corps. Ses cheveux gris tombent en vagues épaisses autour de son visage, adoucissant ses traits. Elle sourit, un sourire bien trop large, presque tendre. C'est elle qui m'a façonné, qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Celle qui a extirpé toute faiblesse de mon âme. Et pourtant, à chaque fois que je la vois, c'est comme un retour à cet état de vulnérabilité, à ce petit garçon que j'ai été.
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L'as de Pique ♠️
RomanceEt si tout ce que vous croyiez savoir n'était qu'une illusion ? Dans l'ombre des grandes familles, où les alliances sont scellées par le sang et la trahison, Salvatore et Stella se retrouvent pris au piège d'un mariage arrangé. Leur union est censée...