Les Enfants du Soleil (tome 2)

21/ Derniers souvenirs de toi, partie 1

Centre Suarez, deux ans plus tôt...

Il était dix-huit heures. Les gardes faisaient leur roulement habituel, sans se douter que six rebelles avaient infiltré leur établissement. L'équipe de Barbara était déjà là, prête. L'équipe de Juan venait de se frayer un chemin à l'intérieur.

- Bonjour Docteur Suarez.

Le docteur tourna la tête et se figea face à son fils. Il avait grandi, malgré le tissu qui masquait la partie basse de son visage, elle reconnaissait son regard. Elle pensait à lui chaque jour et la première émotion qui la traversa fut simplement du soulagement : il allait bien.

- Ju...Juan ?

Elle se leva, lâchant Lila à ses côtés. La petite fille dormait.

- Ce n'est pas pour vous que je suis là Docteur, mais pour la petite. Donc soit vous dégagez, soit j'utilise la force. Et j'en ai pas très envie.

En effet, il voulait à tout prix éviter de se battre contre sa mère. En réalité, il avait même envie de se blottir dans ses bras. Il avait envie de lui dire qu'il avait perdu ses amis, qu'il était mal. Il avait envie qu'elle lui dise que tout allait s'arranger. Mais tout était plus compliqué que ça.

Ana regarda son fils, perdue, elle ne savait plus quoi faire ni comment réagir, ses yeux se posèrent sur la petite. Elle serait mieux avec Juan, elle le savait. Elle avait entendu les rumeurs comme quoi il sauvait des enfants de la ville pour les mettre en sécurité, elle ne savait où. Elle aurait aimé qu'il reste, mais elle savait que c'était fini, et qu'ils ne pourraient sans doute plus jamais partager la même pièce, la même maison, partager une discussion ou même se prendre dans les bras.

- Prend-là, mais pars, conclut-elle. Je ne veux pas te voir trainer ici.

Elle voulait le prendre dans ses bras et essayer de rattraper ses erreurs. Juan ne répondit rien et retira délicatement l'aiguille du bras de Lila avant de la prendre dans ses bras.

- C'est fini, murmura-t-il doucement sans vraiment savoir si elle était consciente. Je vais t'emmener dans un endroit tranquille. Plus personne ne t'embêtera.

Il se tourna alors vers sa mère. Il allait profiter des quelques secondes qu'il avait en face d'elle.

- Les hommes de papa m'ont attaqué. Ils ont soudoyé une de mes connaissances. Je l'ai fait parler et il a avoué que c'était bien papa qui les avait envoyés, dit-il le plus calmement qu'il put. Ils ont tué la moitié de mes amis. Des gens innocents ! Certains étaient encore des enfants ! S'il pense que je vais rentrer à la maison en pleurant il a tort. Je vais honorer leur sacrifice au combat.

Il vit alors sa mère baisser la tête. Elle avait l'air épuisée.

- Je sais, je sais Juan. Je suis désolée pour tes amis.

Elle soupira en levant légèrement la tête vers lui.

- Tu devrais aller la mettre en lieu sûr, ils ne vont pas tarder à arriver.

Il était plutôt surpris que sa mère coopère aussi bien. Ça lui mettait du baume au cœur, mais en même temps, ça le rendait triste de devoir la laisser avec le taré qui lui servait de père. Il se concentra alors pour que la pièce soit entièrement noire grâce à son pouvoir, sans pour autant toucher sa mère.

- Tu n'auras qu'à dire que je t'ai fait mal avec mon pouvoir. Je ne veux pas que tu aies d'ennuis. Merci maman, je t'aime, lâcha-t-il avant d'ouvrir la porte.

Il sentit son cœur se serrer lorsqu'elle chuchota :

- Moi aussi...

Dans le couloir, il y avait déjà des coups de feu de partout. Les tirs étaient assourdissants. Les autres n'avaient pas trainé, et les soldats ennemis tout comme ses compagnons, avaient pour certains la gâchette facile. Autant dire qu'il oublia vite sa mère pour se concentrer sur le combat. Au fond, Jake tuait un à un les gardes postés dans le couloir avec son pouvoir, tandis que Barbara rentrait dans les pièces pour sortir les jeunes enfants. C'était un bain de sang. La jeune fille cachait comme elle le pouvait les yeux des petits. Si ça avait le mérite d'être efficace, même Juan dû retenir un haut-le-cœur. La scène était atroce.