Les Enfants du Soleil (tome 2)

25/ Peindre des murs en orange

Brother - Kodaline 

Raquel

Il était temps qu'elle fasse passer un petit interrogatoire. Jacuzzi ou non, elle aurait ses infos. Elle poussa la porte de la salle de musique du bâtiment 3, comme Sabrina lui avait indiqué. Il s'agissait d'une simple salle de cours où se trouvaient quelques instruments. Harry était assis face au piano, il tenait sa tête entre ses mains et elle ne pouvait pas distinguer son visage.

Elle avança vers lui, faisant volontairement claquer ses talons pour indiquer sa présence. Puis elle s'installa à côté.

- Harry, ça va ?

Elle comptait savoir ce qu'il avait, s'il possédait un pouvoir ou non. Plus tôt elle le saurait, plus tôt elle pourrait mener son enquête vers d'autres étudiants.

- Tu peux me laisser s'il te plait ?

Son visage était crispé, ses sourcils légèrement froncés et ses yeux plissés. Il avait l'air vraiment mal. Raquel ne savait pas vraiment comment elle allait prendre le problème. Visiblement, s'il avait un pouvoir, il savait très bien mentir et trouver des excuses. En même temps, elle se surprit à éprouver de la compassion pour lui. Il souffrait et elle venait l'embêter. C'est un mec de la capitale Raquel. C'est un collabo. Oui, mais Isaac aussi était un mec de la capitale. Il avait vraiment renversé toutes ses croyances.

- En fait... oublie ce que j'ai dit.

- Pardon ?

Elle ne s'attendait pas à ce qu'il parle à nouveau.

- Tu peux rester. Dis-moi, d'où tu viens ? Et pourquoi ne venir qu'en milieu d'année comme ça ? Surtout pour prévoir dès le début de sécher des cours.

Raquel prit un instant avant de répondre. Pourquoi tant de questions pour lesquelles il fallait mentir ?

- Car mes parents m'ont obligée. Puis j'ai eu la chance que des amis à moi emménagent en coloc. Donc c'est pour ça que je me retrouve ici. Encore des questions ?

Son histoire tenait debout et c'était le principal. Le moins de détails elle donnait, le moins elle risquait de se perdre dans ce qu'elle racontait. Elle n'avait pas la mémoire et le génie de certains de ses autres coéquipiers pour construire de fausses histoires et élaborer des plans. Elle crut qu'Harry se contenterait de ses paroles car il mit un moment à répondre, mais lorsqu'il reprit la parole, elle comprit qu'il était plus intelligent qu'il ne le laissait paraitre.

- Je ne te crois pas, lâcha-t-il en se levant et en s'avançant vers elle. Tu travailles avec la police n'est-ce pas ? Ou avec l'armée ? Qui t'a envoyée ? La mère de Sabrina ? Tu as fait exprès de te rapprocher de moi. Tu as même voulu m'emmener chez toi. Tu t'es bien foutue de moi. Tout ça pour me livrer à tes supérieurs.

Il fit encore quelques pas vers elle. Raquel resta immobile, sur ses gardes. Elle l'écoutait avec attention alors que son avis sur les « mecs de la capitale » chancelait une fois de plus. La vie n'était pas plus simple ici.

- Je suis parfaitement normal. Je suis juste une personne avec des maux de tête de temps à autre. Je n'ai aucun pouvoir ou je ne sais pas quoi. C'est clair ? Dis à tes supérieurs de me laisser tranquille.

Il sortit alors son portefeuille et lui tendit une liasse de billets.

- Tiens. C'est ça qu'ils t'ont promis en échange de moi ? Il t'en faut plus ? J'en ai autant que tu veux, mais laisse-moi.

Elle se leva, refusa l'argent, puis ferma la porte sous le regard inquiet d'Harry. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait, mais premièrement, ça ne changeait pas de d'habitude, et deuxièmement, elle ne savait pas comment faire autrement. Elle ne pouvait pas laisser Harry lui échapper des mains. Quelqu'un qui n'avait pas de pouvoir n'aurait pas essayé d'acheter son silence. Il serait allé passer des tests et aurait été innocenté.