Narrateur : Léandre :
« Mais qu'est-ce que tu fais là ?! Tu n'es même pas inscrite à ce cours ! ».
Une petite toux me remet sur les rails. On ne doit pas montrer qu'il y a un problème. Ma question répondue par un, je cite : ''Si rien ne peut les pointer, c'est que les trois sont complices'', nous sauve la mise. La simplicité de sa réflexion satisfait la foule, je l'invite à se rasseoir en vitesse.
La suite de mon cours s'est déroulée sans accroc. Une petite pression m'a tout de même dérangé. Je devais tout donner pour éviter de donner à l'aigrie de service une raison de se moquer. Pas de cafouillage de langue ou de bide à mes petites blagounettes, tout va bien.
La fin atteinte, j'ai le droit à des applaudissements. De quoi me réchauffer le cœur... Le temps que je range mon matériel, je la vois partir avec ses deux amis. Dommage. J'aurais bien aimé lui tirer les oreilles pour son irrespect des règles de la fac. Je garde mes grimaces pour moi lors des questions prononcées par mes élèves. :
Quelle journée... Allez, plus qu'à retrouver madame dans les couloirs de la fac et rentrer pour manger un morceau. Je vois déjà les lasagnes dans mon assiette... Ah. Bon, trouvée.
Personne ne se parfume avec de l'hibiscus plus que madame. Une aigrie pareille qui sent si bon... Quelle ironie.
Bref, mon nez me guide jusqu'à une salle de répétition de danse. Ils organisent des stages dans cette fac ? Impressionnant. De la porte d'entrée... Wow. Les étudiants sont motivés pour se la donner à cette heure-là. Les professeurs ne les ménagent pas.
Enfin... Ce n'est pas le plus important. Avec ses copains, Milla observe les danseurs avec une ferveur inébranlable. Ses yeux pétillent et je suis prêt à parier qu'un sourire se cache derrière ce masque en tissu. Le mien grandit. La voir silencieuse pour une fois... Je devrais la loger devant des spectacles quand elle devient casse-bonbons. :
« Bon... Il est temps d'y aller quand même. ». :
« J'y vais Milla. On se voit mercredi du coup.
— Oui oui... ». :
« ... Hein ? ».
Qu'est-ce que... L'ami de Milla lui tape une bise avant de s'éloigner. S'il n'y avait que ça... Non, ce lourdaud sur pattes se retourne quand le regard de madame est tourné sur les danseuses. La nausée me prend à la sale luxure dansante dans ses iris quand ils se posent sur les formes de Milla. :
« Ils... se voient mercredi ? ».
Je me cache derrière la porte battante avec une sueur froide le long de ma colonne vertébrale. Pourquoi je réagis comme ça ? Milla est libre, nom de Dieu. Elle peut faire ce qu'elle veut... :
« Il était pas mal le détective. ».
Un groupe d'étudiants passe devant moi, trop occupés à jacter pour me remarquer dans ma crise d'angoisse. Cette constriction interne gagne en intensité quand je discerne le sujet de discussion. :
« T'as vu Milla quand elle est montée sur scène ?
— Oh mon gars... Qu'est-ce qu'elle est fraîche ! Même avec son masque...
— Tu crois que j'ai ma chance si je lui demande de...
— Aucune chance. Elle est à moi. ».
Le groupe s'éloigne. Moi... Je me liquéfie sur place. Mon esprit bizarre imagine le moindre de ces pervers en sa compagnie. Je retiens une régurgitation et éponge mon front quand on me tape sur l'épaule. :

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Bulan
RomanceDeux âmes en peine. Deux âmes perdues. Deux âmes rencontrées par hasard. Deux âmes opposées. Léandre et Milla ont toutes les raisons de se détester. Pourtant... Leurs aventures et leurs démons personnels les poussent à s'appuyer l'un sur l'autre...