Chapitre 1 :

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Enfin un peu d'air frais. À deux doigts de prétexter une urgence pour m'enfuir de cette soirée entre amis. Les gens qui font mine de s'aimer, d'oublier les antécédents en échange de quelques verres d'alcool... Non merci. Pas ma came.

Les néons du bar réfléchissent dans les flaques d'eau alimentées par l'éternelle bruine de la saison. L'automne... Déjà deux jours, hein ? :

« Bébou ? Tu viens ? On doit commencer le concours de boissons !

— J'arrive Liam. Arrête avec ce surnom.

— Et vu que je suis tombé dans ton escalier, tu me dois une tournée ! », ignore-t-il ma demande. :

« Pff... Tu pourrais retenir que je ne bois pas d'alcool. ».

Sa tête de benêt là... Mon ami d'enfance me partage son sourire de toujours avant de se ruer vers Sybille et Eliott. Je range ma cigarette électronique et dégrafe le bouton de mon manteau. Plus qu'à continuer de faire semblant et... :

« Hein ? ».

À minuit et demi... Une poubelle dégage sur la route. Le boucan de tous les diables n'attire personne. Personne à part moi. J'attrape mon parapluie et me dirige vers la source du raffut au bout de la rue. Rien de plus n'est discernable aux premiers abords, jusqu'à ce que les petits gémissements d'une enfant atteignent mes oreilles.

La poubelle est replacée pour éviter tout accident de voiture. Puis, j'accours sur place pour découvrir une seconde poubelle voler à mes pieds. Les pleurs viennent de là. J'active le flash de mon téléphone et... découvre une femme adossée à la boulangerie du quartier, sous la pluie, une main sur le ventre. :

« Monsieur ! Monsieur s'il vous plaît ! Elle a besoin d'aide !

— Chut... », la tire la femme. : « Ne parle pas... aux étrangers... Caro... ».

Un chat rencontre ma gorge lorsque je discerne le problème. La femme halète quand elle essaie de rassurer la gamine. La raison... Un couteau est planté dans son ventre.

Un léger rire m'interpelle dans ma panique intérieure. Une ombre projetée par la lune s'éloigne... Un homme avec un béret... Tch, j'aurais pu l'attraper si l'urgence ne frappait pas aussi fort. :

« Mer... Ok. J'appelle l'hôpital.

— Non ! », m'attrape-t-elle le bras avec force. : « Pas l'hôpital... Pitié. Pas l'hôpital.

— Madame. Vous êtes...

— Pas... l'hôpital... ».

Son bras ripe à cause du sang. Adieu mon manteau préféré, je peux le jeter à la poubelle. La gamine pleure de plus belle quand la femme ne réagit plus à mes appels. Son pouls est faible, mais présent. J'enveloppe ses épaules avec ma parka et la soulève dans mes bras. :

« Suis-moi. Je vous embarque toutes les deux. ».

Aucune contestation, la gamine me colle au train. Nous traversons la rue et atterrissons chez moi en moins d'une minute. Miracle, aucun témoin sur la route.

Je défonce la porte d'entrée de mon immeuble pour tomber nez à nez avec mon voisin du dessous. À savoir mon propriétaire. Le brave homme nous fixe tous un par un, son éternelle cigarette au coin du bec. La gamine s'accroche à ma jambe lorsqu'il croise les bras... :

« Je t'expliquerai demain, sans faute.

— Tu lui as fait ça ?

— Je l'ai trouvée et elle ne veut pas aller à l'hôpital... ».

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