Chapitre 3 :

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« Donc c'est pour cette charmante demoiselle que tu nous as faussé compagnie.

— Je t'en veux presque plus. Non c'est vrai mec, je te comprends. ».

Les compliments attendent un peu avant de sortir par l'autre oreille. Durant leur passage, j'ai le droit à une menace silencieuse de la part de Milla. Méritée. Je n'ai pas réussi à les dégager à temps. Les deux crétins dessinent des soleils avec Caroline pendant que sa grande sœur m'assassine du regard. Ses éternuements aux poils de chat me lèguent quelques pauses... :

« Bon, vous êtes rentrés et vous avez fini votre café. Dehors. J'ai à faire.

— À faire ?

— Ils ont à faire, Caroline. », précise Liam, un doux sourire inscrit sur sa tête de benêt. :

« Tu n'as pas un job étudiant, toi ?

— ... Ah. Il est quelle heure ?

— T'es forcément en retard. », commente Eliott avec un soupir.

Voilà. Le mot magique. Mon ami d'enfance vole le dernier cookie de l'assiette et attrape son manteau au vol, avec Eliott sous le coude. Le pauvre ne lutte pas par habitude, c'est lui qui détient les clés de la voiture. :

« Ravi d'avoir fait ta connaissance Milla ! T'as une super colocataire Léandre ! ».

Enfin un peu de calme... Ah. Ok, je n'ai rien dit. Miss grimace croise les bras et attend quelque chose. Je préfère l'ignorer et vérifier mon frigo. :

« Bon, il faut que je fasse des courses.

— Tu crois vraiment qu'on va t'attendre ici ? Qu'est-ce qui me fait croire que tu vas pas chercher tes copains pour nous kidnapper ? ».

La méfiance a ses limites. J'en ai ma claque, à moi de jouer au roi du silence. L'ignorer me fera le plus grand bien. Une douche aussi, tiens. Le jet froid me réveille de cette léthargie du cerveau en manque de sommeil. Un peu de tranquillité... :

« Cette fille... Qu'est-ce qu'elle m'énerve. Pour qui elle se prend ? Un merci ? Non, je peux rêver. ». :

Ma rumination se poursuit en dehors de la cabine. J'enfile mon pantalon par-dessus mon sous-vêtement avec un soupir. J'ai l'impression d'être son esclave, quoi. Elle joue la princesse alors que... Pff... Va savoir d'où est-ce qu'elle vient. :

« Si elle croit que je vais jouer la carpette pour son joli minois, elle se carre le doigt dans l'œil jusqu'au... ». :

« Milla ! ».

Le cri de panique de Caroline me fait rater un battement. Je déboule dans le salon pour la découvrir... sur le sol. Ma moquette a accueilli sa chute. Nougat la renifle. Ridicule. :

« Léandre... Elle est tombée quand...

— Tu es bornée quand tu t'y mets, toi, non ?

— Ouais, c'est mon deuxième prénom. ».

D'accord. Qu'elle continue à jouer sa tête de cochon. Je lui passe par-dessus pour préparer ma liste de course. Quelques coups d'œil me permettent de savourer son incompréhension. Sa sœur n'arrive pas à la redresser, donc il ne tient qu'à moi de la laisser moisir sur ma moquette. Au contact du chat. Parfait. :

« Bon tu viens m'aider ou pas ?

— Tu vois Caroline ? Je vais t'apprendre un mot : responsabilité.

— C'est quoi ? », se gratte-t-elle la tempe, interpellée par mon refus. :

« Quand tu fais quelque chose, tu assumes. Ta sœur ici te montre l'exemple. Elle a décidé de bouger malgré l'aide que je tiens à lui apporter. Elle a encore mal et maintenant elle est bloquée par terre.

BulanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant