Chapitre 4 :

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Narrateur : Léandre :

Vingt-deux heures... Quelle journée ! À deux doigts de m'insulter pour avoir oublié mon parapluie. Je rentre trempé à l'appartement pour découvrir que la petite somnole et... une nouvelle salade de sourcils froncés. Encore une. Pff, ça valait le coup de revenir vite.

Ah. Elles ont boulotté une omelette pour ce soir. J'imagine bien l'autre aigrie inspecter les œufs pour vérifier... Ouais, va savoir quoi. Pour vérifier. :

« Tout ça pour faire perdre du temps à sa petite sœur... Ridicule. ».

Bon, les plaintes seront exposées plus tard. Pour le moment, Je dépose le panier garni offert par Sylvain sur mon plan de travail et me sèche un coup. Cet homme à la main verte nous a offert de quoi nous régaler. Ses petites tomates fondent...:

« Bon, tu comptes me mater encore longtemps ?

— ...

— Ça fait deux jours que tu ne me hurles plus dessus. Je vais commencer à croire que tu ne me hais pas, à force.

— Réponds-moi sincèrement, Léandre. ».

Ah. Pas de gros porc ? Ok, mon attention est piquée. Deux jours suffisent alors... Je lâche mon bac plein à craquer de légumes et me concentre sur cette femme qui sert d'oreiller à sa sœur. Je note une certaine réticence. Ma cigarette électronique me permet de tuer le temps jusqu'à ce que son souffle soit pris. :

« Est-ce que tu as tué Justine Williams il y a trois ans ? ». :

« ... ».

La cigarette glisse de mes mains. Je la rattrape du pied et me détruit l'orteil pour ce sauvetage. Pour autant... Rien ne dépasse cette douleur lancinante à la poitrine. La constriction peut à elle seule m'entraîner dans une inconscience forcée... Je sens les gouttes de sueur perler le long de mon dos alors que... :

« Léandre. Réponds-moi. ».

C'est plus fort que moi. J'attrape ma chaise de bureau et me place devant Milla. Il est hors de question de laisser cette peur s'instaurer en elle pour une histoire où je suis une victime en tout point. :

« Tu peux m'insulter de tous les noms, mais je ne suis pas un tueur.

— ...

— Bon. Je te propose un marché. On a tous les deux des casseroles aux fesses. On se dit tout pour que ton passage se fasse dans les meilleurs conditions. ».

Son regard se dirige vers ses genoux, comme un signe de protection envers sa sœur. Elle acquiesce de la tête au moins... Je dois commencer, pour lever le voile du doute sur son visage. Des chocolats chauds sont préparés pour éloigner ces fourmis aux doigts. :

« Pour la faire simple, j'ai été impliqué dans cette histoire de suicide. J'y ai ma part de responsabilité. Mais en aucun cas je ne l'ai amenée à se tuer.

— Alors... Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Tu me crois ?

— J'attends d'avoir l'histoire complète. Pour savoir si je dois fuir avec Caro ou non. ».

Classique de sa part on va dire... En réalité, je la comprends. Un pseudo-meurtrier t'accueille chez lui alors que tu es en cavale... Ouais, on a vu mieux.

Je dépose les tasses brûlantes sur la table basse et prends quelques secondes pour me préparer mentalement. Ce passage de ma vie... Je ne pensais pas l'ouvrir à nouveau. Avant de me lancer, je découvre ses billes d'argent me fixer avec attention. Son inquiétude à mon égard me heurte limite plus que n'importe laquelle de ses insultes.

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