Chapitre 7 :

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Narratrice : Milla :

Si on m'avait dit que je préférerais travailler à la fac plutôt que de traîner ici... J'éloigne la douce voix de Billie Eilish de mes oreilles et range mes écouteurs dans mon sac. J'en ai plein la tête pour un mardi... :

« Freud et sa théorie de la sexualité infantile... Encore un tordu. ». :

« Ah Milla ! », m'accueille Sylvain dans l'immeuble. : « Dis-moi, tout va bien entre toi et Léandre ?

— Bien sûr. ».

Comment dire ? Ce débile a juste essayé de s'immiscer dans ma vie ? J'ai été aussi claire que possible. C'est de sa faute s'il prend la mouche pour si peu. :

« Hum... Essaie de discuter avec lui s'il te plaît.

— Il est juste fatigué. Son boulot lui...

— Non Milla. », me coupe-t-il. : « Il ne va pas bien du tout. Quand je l'ai croisé ce matin, il était limite amorphe. Il ne s'était pas rasé et il portait le même uniforme qu'hier.

— Et... alors ?

— Ce n'est jamais arrivé depuis qu'il habite ici. ». :

« J'ai manqué la partie où c'est mon problème... ».

Oh non... Je vois ce grand gaillard arriver à des kilomètres. :

« S'il te plaît Milla. Léandre est comme un fils pour moi.

— ... Ok. Je vais essayer. Mais je ne garantis rien.

— Merci. Merci beaucoup. ».

Ce vieux bonhomme... Je devrais être celle qui abaisse la tête pour le remercier. Sans lui, j'aurais perdu mes boyaux dans l'appartement. En parlant de lui... M'y voilà. Personne. Mince...

Ici, l'ambiance n'est pas la même sans ma petite sœur et son énergie inépuisable. Seul le chat donne vie à ces quatre murs... Quelques papouilles du bout des doigts suffisent. Il ronronne comme un moteur pour si peu...

J'attache mes cheveux et soupire à la prochaine interaction avec l'autre crétin à venir. Les volets sont ouverts et la pièce commune aérée. La fraîcheur automnale et le soleil couchant m'éclaircissent un peu la tête sur la situation. Pourquoi j'ai accepté ? :

« Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse de lui ? S'il s'énerve pour si peu, c'est son problème... ».

Une série de frappes énergétiques à la porte me détend en un clin d'œil. La personne derrière la séparation tient à rentrer, elle ne s'arrêtera pas avant son ouverture. Habitude oblige, je détache mes cheveux pour dissimuler ma lune et attrape une paire de ciseaux. Au cas où.

Lorsque j'ouvre, je découvre une fille au bas du visage dissimulé par une écharpe rouge bordeaux. Elle fronce les sourcils une fois que ses billes d'onyx se posent sur moi. Sa rapide inspection du regard ne les adoucit pas. :

« Vous êtes ?

— Milla. Et vous ?

— Il s'en est vraiment trouvé une autre... », murmure cette malpolie derrière son tissu. : « Fleur. Enchantée. ».

Même sa poignée de main n'a pas envie. Saleté. La petite peste s'invite dans l'appartement et vérifie les différentes pièces. Son aplomb me laisse sans voix. Je range mon arme à sa place quand elle revient au centre du salon, bras croisés. :

« Bon, il est où Léandre ?

— Je sais pas. Il travaille sur...

— Ce moins-que-rien... », m'interrompt-elle, main sur le front. : « Il a vu mon message en plus. ». :

BulanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant