Chapitre 8 :

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Narrateur : Léandre :

« Tu te rends compte ? Il m'a dit que c'était moi le problème ! Quel toupet ! », fulmine Sybille. :

« Vous étiez voués à l'échec ensemble, je te l'avais dit.

— ... Toi si tu veux pouvoir rentrer chez toi en entier, tu ferais bien de... ».

Leur commérage me fait sourire. Avec le temps, il serait temps que ces deux crétins comprennent qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Sybille n'arrive pas à garder une relation plus d'un mois et Eliott rêve de l'avoir comme compagne. Ouvrez les yeux.

N'empêche... Voir ces trois crétins me fait du bien. J'avais besoin de décompresser après ces jours compliqués. :

« T'es dans la lune, bébou. », me presse du coude Liam. : « Tu veux un p'tit bisou ?

— Tu veux mourir ?

— Arrête... », m'interrompt Elliott dans mon étranglement. : « Milla s'en charge déjà très bien, pas vrai ? ». :

Ma paille glisse de mes doigts à ce nom. Sybille interroge les deux ignares sur cette peste ; les voilà partis à nous inventer une vie. Mes grimaces suffisent à la convaincre, tout va bien. Je prends la décision de commander des verres au bar plutôt que de subir l'objet de leur imagination morbide. :

« Bien sûr que Caro est notre enfant... Pff... J'espère qu'elle va bien d'ailleurs. ».

Verres commandés, j'attends au comptoir et vérifie mon nouveau téléphone. Ok... Pas de nouvelles, bonne nouvelles. Cette petite sait déjà s'en sortir à son jeune âge. Je lui envoie tout de même un message pour la prévenir que je la rejoins bientôt. Sa sœur... n'est toujours pas rentrée. :

« ... ».

Si je n'étais pas en public, je me giflerais pour avoir ressenti un seul instant cette peine. Chacun ses priorités. Je m'assure un futur pendant que l'autre fait mumuse à gauche et à droite. Notre colocation s'arrête là de toute façon. On n'ira jamais plus loin. Point barre. :

« Excusez-moi... Est-ce que je peux... vous demander votre téléphone ?

— Vous allez bien madame ? ».

Tout de même... Je me demande comment Caroline vit la situation. On ne la ménage pas avec nos bêtises, la pauvre. Ces temps-ci, je n'ai pas eu le temps de m'occuper de la petite. Je m'en veux un peu. :

« Allez... Réponds... ».

Entre l'autre peste et notre affaire de tueur en série... Au moins, ce criminel est derrière les barreaux. Dire qu'il me visait... Mouais, l'habitude.

D'ailleurs, j'ai intérêt à profiter de la présence de Milla pour l'interroger. Notre situation m'importe peu. Dans l'état, une hypothèse a fleuri. Morbide et odieuse au possible. Pourtant possible en tout point. Je dois la confronter là-dessus. :

« Si jamais tu m'as fait un coup pareil... Hein ? ».

C'est mon téléphone qui vibre depuis tout à l'heure ? Quoi ? Milla m'appelle. Mince, j'ai raté le coche. Treize appels ?! :

« Non... J'ai tout gâché... Je voulais pas...

— Madame, vous voulez que j'appelle les secours ?

— Non pas les secours. Pas les secours... Tout va bien, je vous le promets. ».

Ce refus me frappe de plein fouet. Je tourne la tête pour découvrir une femme trempée de la tête aux pieds, en larmes, dépassée par... que sais-je. Elle rend le téléphone au barman, perplexe sur les intentions de cette femme. Elle s'assoit sur un tabouret pendant qu'il reprend son service. :

BulanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant